Cet article date de plus de quatre ans.

Pékin 2020: La seule femme médaillée olympique d'Iran, Kimia Alizadeh, fait défection et critique le régime

La taekwondiste Kimia Alizadeh, seule femme médaillée olympique d'Iran, a annoncé samedi avoir quitté définitivement son pays, n'en pouvant plus de l'"hypocrisie" d'un système qui, selon elle, utilise ses sportives à des fins politiques et ne fait que les "humilier". "Je commence par bonjour, au-revoir, ou condoléances ?", a écrit la championne sur son compte Instagram, au moment où le pays est sous le choc de la catastrophe aérienne du Boeing 737 d'Ukraine International Airlines -abattu mercredi à Téhéran par un tir de missile- dans laquelle ont péri 176 personnes, en majorité iraniennes et canadiennes.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2min
 

La sportive déroule une charge au vitriol contre les autorités de la République islamique. "Je fais partie des millions de femmes opprimées en Iran avec qui ils jouent depuis des années", dit Kimia Alizadeh. "J'ai porté tout ce qu'ils m'ont dit de porter", ajoute celle qui a décroché le bronze aux JO de Rio en 2016, en faisant allusion au voile islamique, obligatoire pour toutes les femmes dans l'espace public en Iran, et notamment dans le sport.

"J'ai répété tout ce qu'ils m'ont ordonné de dire" et eux, ils "ont mis mes médailles au crédit du respect du voile obligatoire", poursuit-elle, "aucune de nous n'a d'importance pour eux". "Chaque fois qu'ils jugeaient bon, ils me confisquaient. Ils ont mis mes médailles sur le voile obligatoire et l'ont attribué à leur gestion et à leur tact. Je m'en fichais. Aucun de nous ne se soucie d'eux, nous sommes des outils. Seules ces médailles métalliques sont importantes à acheter et à exploiter politiquement au prix qu'elles ont elles-mêmes fixé". Critiquant l'"hypocrisie", le "mensonge", l'"injustice" et la "flatterie" qui règnent selon elle au sein du système politique iranien, elle assure ne rien vouloir "d'autre au monde que le taekwondo, la sécurité et une vie heureuse et saine". "Personne ne m'a invitée en Europe", écrit-elle encore, sans dire où elle se trouve. Jeudi, la nouvelle de la disparition de la jeune femme de 21 ans avait mis le pays en émoi.

Voir le post sur Instagram

Un coup d'éclat à l'encontre du régime

Le député Abdolkarim Hosseinzadeh avait demandé des comptes aux "responsables incompétents qui font fuir le capital humain", alors que l'agence semi-officielle Isna titrait: "Choc pour le taekwondo iranien. Kimia Alizadeh a émigré aux Pays-Bas". L'agence soupçonne la sportive de vouloir défendre les couleurs d'un autre pays que la République islamique aux JO 2020 de Tokyo. Sans rien dire de ses projets, la médaillée olympique assure à son "cher peuple iranien" qu'elle reste "une enfant de l'Iran où" qu'elle soit.

Le taekwondo est une des disciplines reines du sport iranien. L'absence d'Alizadeh sous les couleurs de l'Iran à Tokyo porterait un rude coup à la République islamique, déjà menacée de voir ses judokas privés de compétition à cause du refus de la fédération nationale de les autoriser à rencontrer des concurrents israéliens.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.