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Lendemains de déception pour la lutte française

Trois jours après la fin du dernier Tournoi de qualification olympique d'Istanbul, où aucun français n'a gagné son ticket pour Rio, les lutteurs tricolores ouvraient leurs portes à la presse ce mercredi matin. Dans une ambiance un peu lourde, forcément, mais avec déjà l'ambition de se relancer en vue des championnats du monde, qui auront lieu à Paris en 2017.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Ils étaient neuf inscrits au TQO turc. Pas un n'a gagné son billet pour le Brésil. Ils ne seront donc que deux Français, Cynthia Vescan et Zelimkhan Khadjiev, l'été prochain, très loin des 6-7 qualifiés visés par la Fédération. "Plus qu'un échec, je parlerais d'une déception", précise Michel Lafon, le Directeur technique national (DTN). "Je veux garder le côté positif, car nous avons deux sélectionnés qui représentent deux belles chances de médailles. A Atlanta, on avait deux sélectionnés et on a eu un vice-champion olympique, ce qui laisse comme souvenir une réussite pour la lutte."

Et le DTN rappelle que "plusieurs ont échoué aux portes de la sélection. Il y du potentiel. La déception vient, bien sûr, de la greco-romaine, et c'est dû essentiellement à la malchance avec une équipe vieillissante qui a toujours été performante et a régulièrement ramené des médailles pendant quinze ans. La lutte à très haut niveau est très contraignante. Aujourd'hui, la nouvelle génération n'était pas assez prête, mais il ne faut pas oublier que cette génération actuelle reste des grands champions." Dans la salle de l'Insep, l'échauffement se fait en silence. Peu à peu, les langues se délient en même temps que les corps. Petit à petit, après une longue période de travail et de stress, la déception s'évacue.

La gréco-romaine sous le choc

Reste le gros point noir: pour la première fois, aucun représentant tricolore de la lutte greco-romaine ne participera au tournoi olympique. Un énorme coup, notamment Christophe Guénot, l'entraîneur de la gréco-romaine qui était médaillé de bronze à Pékin en 2008. "L'ambiance n'est pas terrible", constate-t-il. "Il y a beaucoup de déception, de la tristesse, en particulier pour Mélonin Noumonvi qui était champion du monde il y a deux ans." Et d'énumérer les obstacles que les Bleus n'ont pas réussis à franchir: "On a eu beaucoup de soucis cette année, avec l'arrêt de carrière de mon frère Steeve (champion olympique à Pékin), Tarik Belmadani, 3e aux Jeux Européens, qui s'est fait opérer de la hanche, Mélonin qui a eu une phlébite deux mois avant les TQO, ce qui l'a empêché de s'entraîner comme on voulait, Artak Margaryan, qui passe à un combat de la qualification en perdant contre le champion du monde 2015 de la catégorie supérieure."

Bref, rien n'a tourné rond en cette année olympique, et le champion du monde 2014 ne participera pas à ses quatrièmes JO. "Toute l'année, on a eu l'impression d'être suivi par un chat noir", ajoute le technicien qui prend aussi pour lui cet échec: "J'ai commencé avec les cadets, une avec les juniors, et cela fait deux ans que je suis avec les seniors. C'est aussi un échec pour moi. On se doit d'être présent aux Jeux pour la médiatisation, pour que notre discipline soit encore plus reconnue. On va tout faire pour que dans quatre ans on ne vive pas la même chose. Il y a du travail."

Rebondir vers le Mondial-2017 en France

Et qu'en 2017, la lutte tricolore soit conquérante pour ce Mondial en France. "Il faut qu'on rebondisse, qu'on pense à l'année prochaine avec Paris-2017. Il y a des jeunes qu'il faut préparer. Cet été, pas de vacances, on va partir en stage, à l'étranger. Il faut rebooster les troupes. Cette semaine, c'est un peu difficile", souligne Christophe Guénot. "L'équipe greco-romaine n'est pas finie", assure Michel Lafon. "Elle a connu une passe difficile cette année, mais certains auront la volonté de montrer qu'ils sont toujours là en 2017. Le Mondial est un objectif prioritaire de la Fédération. Et il y a des jeunes qui poussent. Il faut assumer cette période de déception, faire une analyse de ce qui s'est passé. On est dans une période de transition, où on n'a peut-être pas été suffisamment attentif avec la relève, et c'est ce qui peut expliquer cette situation."

A Rio, ils ne seront que deux. Chez les filles, Cynthia Vescan (-75kg), 24 ans, qui participera à ses deuxièmes JO, et Zelimkhan Khadjiev, 21 ans, premier champion du monde juniors français en 2014, tout près du podium des Mondiaux 2015 de Las Vegas (5e). Ils représentent le présent mais aussi l'avenir de la lutte tricolore. Les deux Niçois ont un objectif commun: ramener l'or, huit ans après le premier de l'histoire décroché par Steeve Guénot.

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