Le VII de France de Hong-Kong à Rio en passant par Paris, l'année de tous les espoirs
Le ciel est gris. Les engins s'affairent sur le terrain attenant, dont ils transforment la pelouse naturelle mais pas de qualité, en un terrain mixte (synthétique naturel). C'est dans cette ambiance de va-et-vient que l'équipe de France de rugby à VII s'entraîne, sur le terrain d'honneur qu'occupe généralement le XV de France. Dans une tenue totalement similaire à celle du XV, les joueurs s'adonnent à une séance de plus de 1h30. "Il y a une épidémie de grippe", signale Frédéric Pomarel, l'entraîneur.
Quatre joueurs sur le flanc, dont la pépite découverte par le grande public lors du Tournoi des 6 Nations, Virimi Vakatawa. "Il est revenu avec la banane, mais grippé", enchaînera quelques minutes après le technicien, lors d'un point-presse. "Il a aligné cinq fois 80 minutes, dont de toute façon on avait prévu une reprise progressive pour lui." Resté bien au chaud, l'ailier d'origine fidjienne ne fait donc pas partie du groupe de neuf joueurs qui participe à la séance. En revanche, si les médecins le déclarent aptes, il sera bien là pour s'envoler vers Hong-Kong, où le circuit mondial fait étape la semaine prochaine.
L'individu en première ligne
En attendant, les Bleus enchaînent les exercices en dynamique, en explosivité. Des pompes enchaînées avec un saut, des roulades à terre et retour sur pieds en permutant avec le joueur d'à côté, puis enchaînement du tout avec des montées défensives coordonnées, tout se fait en suivant la voix de Pomarel. "Restez toujours face à l'adversaire, même quand vous permutez", lance-t-il à ses hommes. "Regardez vos partenaires avec votre vision périphérique, pas centrale", ajoute-t-il à un autre moment. Un souci du détail pour un sport qui fait la part belle aux duels et à l'initiative individuelle. "On est beaucoup plus responsabilisé qu'au XV", souligne Pierre-Gilles Lakafia, frère aîné du joueur du Stade Français Raphaël Lakafia. Comme tous ses coéquipiers, à 29 ans, il est également passé par le XV (Grenoble, Albi, Toulouse, Castres) avant de venir au VII. Comme lors des matches, les temps morts sont rares. Après des séries de duels où la position des mains du plaqueur (sur le haut du corps) sont épiées, cela se finit avec une opposition à quatre contre quatre, où chaque action qui se termine renvoie les deux équipes sur la ligne des 22m, pour revenir aussitôt sur celle des 40m et relancer le jeu.
L'équipe de France travaille dur. Les échéances sont nombreuses. Le circuit mondial les emmène la semaine prochaine à Hong-Kong (8-10 avril), dans le plus gros tournoi, là où les joueurs sont des stars, là où le public est le plus nombreux, l'ambiance la plus festive pas seulement dans le stade mais aussi autour. "C'est la Mecque du rugby à VII" souligne Julien Candelon, l'ancien de l'USAP qui a soulevé le Bouclier de Brennus aux côtés de Dan Carter en 2009, avant de passer au VII. La semaine suivante, ce sera Singapour, avant de revenir en France pour une première historique, avec une étape disputée à Paris, à Jean-Bouin (13-15 mai). Un moment important pour le Seven tricolore, à l'aube des mois les plus importants de sa jeune histoire. Tous savent que seuls les résultats donneront à leur discipline une ouverture plus importante vers le grand public. Cette étape parisienne, puis les Jeux Olympiques à Rio, voilà une rampe de lancement idéale.
A l'INSEP pour entrer dans la famille olympique
Le staff ne laisse rien au hasard. "On fait cinq fois le tour de la terre dans l'année", souligne Frédéric Pomarel, l'entraîneur. C'est pour cela que le VII de France ira en Corse en stage avant le Brésil. "On va se mettre un peu plus dans la chaleur, en se sortant de notre cadre habituel. Et les Corses sont super contents de nous recevoir", explique-t-il. Juste avant, les Bleus auront fait un petit séjour à l'INSEP, dans la "Mecque" du sport olympique français. "C'est pour marquer mentalement cette entrée dans un cycle particulier, et aussi pour marquer notre entrée dans la famille olympique", glisse le technicien. Ce n'est qu'à l'issue du tournoi d'Exeter que le groupe pour les Jeux sera annoncé. C'est dans ce tournoi, comptant pour le circuit européen, que les Français avaient validé leur ticket pour Rio. Un symbole quinze jours avant le départ pour le Brésil. "On veut partir tôt pour régler le décalage horaire, mais aussi prendre la mesure du village olympique, prendre la mesure de l'émotion de l'événement. Il ne faut pas découvrir ça au dernier moment", assure Pomarel.
Après des résultats en demi-teinte à Wellington (13e), Sydney (15e), Las Vegas (10e) et Vancouver (10e), les Français veulent reprendre confiance. "Plus tôt on va inverser cette mauvaise spirale qui nous amène à être dans le 3e ou 4e chapeau dans les tournois, plus vite on pourra se remettre dans le bon sens de la marche pour réussir notre tournoi à Paris qui est notre objectif. On est les ambassadeurs d'une discipline qui essaye doucement de grandir en France. Cela passe par une réussite de notre première à Paris", rappelle Julien Candelon. Ensuite, Rio s'imposera dans toutes les têtes.
Vidéo: Gros plan sur Terry Bouhraoua et le Seven
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