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JO 2018 - Trois runs qui ont sacré Perrine Laffont, et fait chavirer ses proches

Seulement 19 ans et voilà Perrine Laffont propulsée tout en haut de l'Olympe. Quatre ans après sa première participation à des JO, la jeune Ariégeoise a cette fois-ci répondu aux attentes. Solide lors des trois runs de la finale de ski de bosses, "Pépette" n'a jamais flanché mentalement sous le regard émerveillé de tout son clan, famille et amis proches. Trois runs bien différents les uns des autres, tant pour la première médaillée d'or tricolore de ces Jeux de PyeongChang, que pour son fan club familial, sous haute tension pendant plus de deux heures. Et nous n'avons rien raté.
Article rédigé par Quentin Ramelet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
La Française Perrine Laffont, championne olympique de ski de bosses, a partagé son bonheur avec tous ses proches dont sa grand-mère, très émue. (LOIC VENANCE / AFP)

Souvent, dans le sport, et particulièrement dans une épreuve olympique, tout se joue en quelques secondes. En cette soirée glaciale et enneigée, ici au Bokwang Park de PyeongChang, le temps a paru beaucoup plus long qu'à l'accoutumée. Du moins, pour tout ce clan fier et dévoué, venu de France au terme d'un périple de galériens. Mais au final, tous ont oublié leurs petits malheurs du moment et notamment leurs valises qui se baladent quelque part sur la planète. Tous ont vu la lumière jaillir et récompenser des années de labeur et de sacrifices. Tous, au terme de trois runs maîtrisés, ont vu Perrine Laffont devenir la vraie bosse.

1er run - 21h38 : "6e temps ? C'est mieux comme ça !"

"Assez nerveuse et particulièrement mal à l'aise", Perrine n'avale pas les bosses comme elle sait le faire si bien. Mais fort heureusement, ses qualités étant supérieures à la moyenne, la skieuse des Monts d'Olmes valide sans sourciller les qualifications pour les "demi-finales". En revanche, quelques dizaines de mètres plus loin, et surtout plus bas, l'ambiance et l'atmosphère sont bien différentes. Les regards sont lourds, la tension est palpable lorsque l'on s'arrête délicatement dans les yeux de Dominique, la maman, Jean-Jacques ou encore le grand-père, incapable de s'exprimer avant le passage de sa petite-fille. Tous attendent, la boule au ventre, la note finale. Soulagement ! Perrine Laffont passe sans embûche avec le 6e temps au cumulé. "Le 6e temps ? C'est beaucoup mieux comme ça pour elle", nous confie alors sa mère qui poursuit : "elle aura moins de pression pour la suite et l'essentiel étant la qualification." Tout est dit.

2e run - 21h57 : Le mental avale la fatigue

Exténuée, comme les onze autres concurrentes, Perrine Laffont s'élance en septième position. On la sent beaucoup plus maîtresse de ses mouvements, le ski est plus fluide, les sauts passent sans problème. Bref, les lumières sont toutes au vert et le score affiche en effet un troisième temps cumulé, synonyme alors de première véritable finale olympique pour l'Ariégesoise. Si sa joie est mesurée, tout en bas, personne, de ses proches, ne l'a oublié. "Allez Pépette, le prochain run, c'est pour toi, c'est ta course, celle de tes rêves !" s'exclame Fred, son ancien coach et resté très proche de la famille. Dominique, elle, est tout simplement introuvable. La mamie est restée en tribune, dans sa bulle alors que, Jean-Jacques, le papa, doit répondre à toutes les questions des médias. Disponible et insolent de gentillesse, il ne cesse de répéter que "l'adrénaline monte et qu'il fait chaud." Sauf qu'à ce moment précis, la neige s'abat encore plus fort et la température ressentie affiche les -19°. Oui, rien que ça.

3e run - 22h23 : Le sacre de tout un clan

L'heure du grand dénouement. Elles nous l'avaient confié toutes les deux, mère et fille : "cette course, cette médaille d'or au bout, c'est le rêve ultime de toute une vie." Perrine, que l'on distingue à peine à travers la brume enneigée, tout en haut de ce mur de bosse, s'élance pour ce qui est tout simplement LE run de sa vie. Celui qui va la changer. Celui qui changera à jamais la skieuse mais aussi la personne. 250 mètres plus loin, elle exulte lorsque son score lui permet de prendre la tête de la compétition. Il reste deux concurrentes et la voilà déjà sur un podium olympique. Quatre minutes plus tard, quand la Canadienne chute, le froid laisse place à l'embrasement de tout un clan qui hurle, chante et danse à l'unisson. Tous s'enlacent, s'arrêtent pour embrasser l'inconnu coréen qui passe ou le journaliste du coin. Bref, le temps s'est littéralement arrêté. Perrine Laffont est championne olympique. Les minutes qui suivent sont lunaires. Entre le coach, Ludo, qui descend rapidement, en pleurs, pour féliciter sa "Pépette" ou encore la grand-mère, arrivée de sa tribune, les yeux tout rouges, et qui sort tout naturellement devant les caméras du monde entier : "c'est le plus beau jour de ma vie !" Tout ressemble à un véritable conte de fées. C'en est d'ailleurs un pour elle, mais aussi Dominique, Jean-Jaques, les grands-parents, l'ancien coach, ou encore sa meilleure amie.

Si Perrine a découpé toute seule les bosses ce dimanche soir, elle a surtout fait chavirer le cœur de tous ses proches. 

De notre envoyé spécial à PyeongChang.

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