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Jeux olympiques : le sport de haut niveau français entame sa mue avec les Jeux de Paris en ligne de mire

A moins de quatre ans des Jeux olympiques de Paris, le sport de haut niveau français entame sa mue, avec un plan dévoilé mercredi. Le but ? S'inspirer du modèle anglais, qui avait fonctionné en 2012, en ciblant mieux les athlètes pour obtenir plus de médailles
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (FRANCK FIFE / AFP)

Le sport olympique anglais est en pleine forme. 3e au classement des médailles, chez eux, à Londres en 2012, les Britanniques ont encore brillé à Rio en prenant la deuxième place du classement des médailles derrière les Etats-Unis. Un modèle dont la France voudrait s'inspirer. Mais, cette recette fonctionnera-t-elle comme elle a marché pour les Anglais ? C'est en tout cas l'objectif affiché.

Car la France, 5e aux JO de 1996, qui n'a jamais fait mieux aux JO d'été et a fini 7e meilleure nation à Londres (2012) et à Rio (2016), veut passer un cap. L'Agence nationale du sport (ANS), désormais bras armé du ministère, a été créée en ce sens en 2019, et se dote ainsi d'une feuille de route bien précise. Le manager de la haute performance au sein de l'ANS, l'ancien entraîneur à succès du handball français Claude Onesta, a pris 18 mois pour étudier, avec ses équipes, ce qui se faisait en dehors des frontières et comprendre ce qui pouvait être amélioré en France pour glaner plus de médailles aux Jeux olympiques, été comme hiver.

Mieux cibler, mieux financer

L'exemple le plus frappant est venu d'outre-Manche. Avec un budget quasi-identique aux Français, autour de 100 millions d'euros par an, les Anglais sont passés de la 36e place aux JO en 1996 à la 2e à Rio 20 ans plus tard. Le constat d'une absence de lien entre les moyens financiers déployés et les performances des athlètes français a aussi nourri un document de 96 pages intitulé "Ambition bleue""Jusqu'à maintenant on a donné à tout le monde. Or la performance n'invite pas tout le monde", a assumé Claude Onesta mercredi lors de la présentation de son projet. Mieux cibler les athlètes médaillables, mieux les financer pour éviter une déperdition dommageable dans la gestion du sport de haut niveau depuis des années, voilà la substantifique moelle de cette réforme.

 

Création d'un cercle de haute performance, quid des autres ?

Concrètement, une des principales innovations tient dans la création d'un cercle de haute performance (CHP). Une sorte de club VIP où seront admis les meilleurs sportifs, en fonction de leurs résultats et de leur potentiel, et au sein duquel la gestion de leur carrière et de leur environnement sera suivie à la loupe. Un club, qui pourrait concerner "environ 400 sportifs", selon Claude Onesta, où le ticket d'entrée n'est pas définitif puisque les sportifs qui verront leurs résultats baisser pourront ainsi se voir rétrograder. Ce nouveau système génère quelques interrogations. "Je comprends bien l'idée d'aider les 'top niveau' qui jouent les médailles, mais ceux qui sont entre la détection et le haut niveau ? Qu'est ce qui se passe pour eux ? C'est tout ce cheminement qui me questionne", s'interroge par exemple le président de la fédération de lutte, Alain Bertholom. "Seul le temps nous dira si c'est bien."

Sur ce point, Claude Onesta assure que "les autres sportifs de haut niveau continueront à bénéficier des aides habituelles". "Ce n'est pas parce que vous n'êtes pas dans le club que vous n'êtes rien", a-t-il insisté mercredi. La réforme s'accompagne de cette préoccupation: celle de ne pas précariser le reste des athlètes. Le plan doit être présenté jeudi aux directeurs techniques nationaux. Certains sports non-olympiques ne cachent pas leurs inquiétudes. "On n'est pas aux JO 2024. Du coup, on est dans le brouillard", explique par exemple le président de la fédération de karaté Francis Didier, dont la discipline ne sera pas représentée à Paris. "En fonction des résultats, on va ajuster les robinets. Forcément, ça nous impacte de ne pas être à Paris en 2024", ajoute-t-il.

Les Britanniques ne font pas dans la dentelle, eux qui renouvellent ou suppriment l'accompagnement d'une fédération "en fonction de ses résultats et de son adaptation à la concurrence internationale", peut-on lire dans "Ambition bleue". Le volley anglais, par exemple, qui n'a pas su suivre la cadence internationale, n'a bénéficié d'aucune subvention depuis 2016. Ce ne sera pas le cas pour le modèle français.

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