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Jeux Olympiques: De Londres à Rio, le long parcours d’Astrid Guyart

A 33 ans, Astrid Guyart va disputer ses deuxièmes Jeux Olympiques en tant que titulaire au Brésil. Remplaçante à Pékin, au pied du podium par équipes à Londres, elle a gagné son ticket pour Rio lors de l’ultime épreuve qualificative, à La Havane, la mi-mars.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

A Londres, en 2012, Astrid Guyart avait été emportée par la lame de fond. L’équipe de France d’escrime avait fini avec un zéro pointé. Aucune médaille, pour un sport qui en a ramené 115 à la France dans l’histoire des Jeux, c’est difficile. Dans la zone mixte du Center ExCel de Londres, les escrimeurs tricolores affichaient leur dépit. C’était alors la crise, collective, mais aussi individuelle.

La fleuretiste française avait alors 29 ans, sa 10e place en individuelle et la 4e en équipe avaient été dures à digérer. « J’ai mis peut-être trois mois à le digérer », se souvient-elle aujourd’hui. « Pour y parvenir, j’ai dû monter le Machu Picchu, que je fasse un rallye dans le désert et que j’assiste à un tir d’Ariane 5 en Guyane. Quand j’avais fait tout ça, je m’étais suffisamment lavée la tête et le corps, je m’étais suffisamment purifiée pour pouvoir repartir. Ca a été dur. » Elle compare cette désillusion à « un 10 tonnes qu’on avait pris dans la tête ».

La frustration de Lond​res

Pour elle et ses coéquipières, l’absence de médaille était d’autant plus décevante qu’elles étaient « sur une superbe dynamique. On avait fait plusieurs podiums par équipes et en individuels avant Londres. Le fait de faire 4e a été une vraie déception par rapport à cette progression. Il y avait de la frustration. » Parmi les explications, elle avance le fait que « le niveau qu’on venait d’acquérir n’était pas suffisamment stabilisé, et que le trop-plein d’émotion des JO nous a rendues fébriles. »

Après trois mois à hésiter, elle a fini par reprendre son arme, à l’issue de ce voyage professionnel (Ndlr : elle est ingénieure chez Airbus Defence and Space) en Guyane. Elle y a rencontré des escrimeurs guyanais. « J’étais alors en mal d’escrime à ce moment-là. Ils m’ont accueilli à l’avion avec plein de dessins, cela m’a rappelé pourquoi je faisais ça. C’est ça qui m’a fait continuer », estime-t-elle.

Astrid Guyart, sœur cadette de Brice, double champion olympique de fleuret, s’est relancée pour quatre années. Et surtout pour onze derniers mois de tension, en quête d’une nouvelle sélection olympique. « On a fait 11 mois de qualification. C’était long On a commencé en avril dernier. Et quand on n’est pas professionnel, 11 mois c’est long. Tous les mois, il faut être en zone de performance », explique-t-elle. « C’était assez anxiogène, et quand cela dure sur 11 mois, je peux vous assurer que lorsque ça se termine, avec une bonne nouvelle, vous êtes sacrément contente. »

Un match référence à La ​Havane

D’autant plus que l’escrimeuse tricolore a conquis son sésame lors de la dernière étape qualificative, à La Havane, en s’offrant, au passage, la championne olympique en titre, l’Italienne Elisa Di Francesca (15-10). « En fait la qualification olympique, je l’ai obtenue au cours de la journée, pas forcément en battant la championne olympique. C’est surtout un match –référence qui va me servir pour préparer les Jeux Olympiques cet été. Il faut aborder les Jeux en ayant quelques gros matches comme ça. C’est encore mieux pour la confiance et pour valider une certaine progression. »

Une victoire, une qualification, des JO à disputer avec un match-référence, tout cela offre à Astrid Guyart une nouvelle expérience. « Ces 11 mois de qualification m’ont obligé d’aller chercher certaines ressources en moi, pour continuer à progresser malgré le fait que j’ai 33 ans. » Après onze mois à se répéter « deux mots pendant toute cette période : patience et confiance », elle se trouve dans la dernière ligne droite. Rio est au bout de ses doigts, avec un statut d’outsider qui lui convient.

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