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Débordé de toutes parts, le CIO a perdu la main sur les Jeux

Le navire olympique prend l’eau. Pendant que son capitaine Thomas Bach continue de jouer comme s’il était à la tête de l’orchestre du Titanic, plusieurs passagers en direction de Tokyo ont jeté les premiers canots à la mer.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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  (FABRICE COFFRINI / AFP)

Premier de cordée, le Canada a ouvert une énorme brèche dans la frêle coque olympique. Dans un communiqué commun diffusé dimanche soir, le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien (CPC) ont "pris la décision difficile de ne pas envoyer d’équipes" aux Jeux et en demandent le report. Une torpille appuyée par la commissions des athlètes, les organisations sportives nationales et le gouvernement du Canada. Le pays à la feuille d’érable, 4e nation la plus médaillée de l’histoire (1092 médailles), est un poids lourds de l’olympisme. Cette décision pourrait avoir un effet boule de neige sur les autres comités olympiques nationaux à l’image de certaines mairies en France qui décrètent des couvre-feux pour pallier des mesures de confinement trop fébriles.

Canada and Coe

Lundi matin, l’Australie a stoppé les machines par la voix du vice-président du Comité olympique australien (AOC) Ian Chesterman. "Il est clair que les Jeux ne peuvent se tenir en juillet", a déclaré Chesterman, par ailleurs chef de mission pour les JO de Tokyo. Sans indiquer qu’aucun Australien ne participera aux Jeux, le conseil d'administration de l'AOC a estimé qu'une délégation australienne "ne pouvait être constituée compte tenu des circonstances changeantes en Australie et à l’étranger", et que les athlètes devaient par conséquent partir du principe que les JO auront lieu à l'été 2021. Sans en arriver là, la Pologne s’est elle engouffrée officiellement dans la voie du changement de date puisque ses athlètes sont désormais "limités dans leur options d’entraînement."

En attendant la position des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France, les trois autres géants de l’olympisme, les Fédérations internationales sont montées au créneau. Ce report, Sebastian Coe, boss de l’athlétisme mondial, l’appelle de tous ses voeux comme il l’a écrit à Thomas Bach dans une lettre publiée dimanche. Le président de l’IAAF se fait le porte-parole de ses membres "unanimes" et justifie sa position en évoquant les problèmes "d’équité sportive" et "la santé des athlètes". Dans une autre lettre, Coe a fait des émules, le président de la FFA André Giraud tient le même discours. "Nos meilleurs athlètes, depuis quatre ans, courent, sautent, lancent et marchent en pensant aux J.O. de Tokyo. Mais la raison doit l’emporter. Au vu de la situation actuelle, je ne peux pas imaginer qu’ils puissent débuter le 24 juillet prochain, comme cela était prévu", écrit-il avant de demander à Denis Masseglia, président du CNOSF, de porter la demande de report de l'athlétisme tricolore à Thomas Bach. 

Devant une telle déferlante, le CIO peut-il tenir encore très longtemps le délai de quatre semaines qu’il s‘est fixé comme date limite pour décider de l’avenir des Jeux de Tokyo (24 juillet - 9 août) ? Face aux défections multiples, Thomas Bach ne pourra bientôt plus compter que sur la Chine, seule voix discordante affichée, pour tenir sa position. Même le Premier ministre japonais Shinzo Abe a reconnu pour la première fois que le report "pourrait devenir inévitable". Sans les athlètes du monde entier, il le sera bien avant que le CIO ne se décide.

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