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Marie-Amélie Le Fur : "Il y a ce moment où on va chanter les paroles 'Aux armes, citoyens', là, on s’élève, on décolle même…"

Tous les samedis de l'été, des champions du sport français viennent dévoiler leur vision de la "Marseillaise" à travers leur parcours, leurs carrières, leurs souvenirs et anecdotes.

Article rédigé par franceinfo - Yann Bouchery
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La triple championne paralympique Marie-Amélie Le Fur célèbre sa victoire et sa médaille d'or aux 400m des JO paralympiques de Rio de Janeiro, au Brésil le 12 septembre 2016. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

L'athlète handisport Marie-Amélie Le Fur, triple championne paralympique (médaille d'or sur 100m à Londres en 2012, sur 400m et au saut en longueur à Rio en 2016), quatre fois championne du monde, est la première invitée de cette nouvelle série de l'été, Ma Marseillaise, sur ce qu'ont ressenti et vécu les grands athlètes en écoutant résonner l'hymne national, lors de leurs compétitions. Marie-Amélie Le Fur occupe depuis 2018, le poste de présidente du Comité paralympique et sportif français. 

Marie-Amélie Le Fur est née le 26 septembre 1988, à Vendôme dans le Loir-et-Cher, elle a découvert l’athlétisme à 6 ans. Son rapport à la Marseillaise est né à l’école, où elle se souvient avoir eu besoin de comprendre ce que l’hymne national représentait au niveau historique. Elle a entendu la première Marseillaise en son honneur, alors qu’elle était encore valide. Son ambition était de devenir pompier professionnel, elle s’est donc engagée, et est devenu championne de France dans cette catégorie. Lors de différentes cérémonies, elle a aussi été amenée à entendre l’hymne national, elle estime que c'est aussi finalement dans ce cadre autour de l'engagement, de la volonté de devenir pompier, de servir, et de servir la nation, que la Marseillaise a constitué une représentation très particulière pour elle.

Accident de scooter et amputation à l'âge de 15 ans

En 2004,elle est victime d’un accident de scooter, à l’issue duquel elle doit être amputée de la jambe gauche sous le genou, trois jours plus tard. Sa vocation de devenir pompier se trouve anéantie, c’est donc dans le sport paralympique qu’elle ira chercher sa réussite. "La Marseillaise" l’a accompagnée à de nombreuses reprises, elle et ses compatriotes de l’équipe de France. Elle se souvient parfaitement de la cérémonie en l’honneur de son amie, Mandy François Elie. En 2012, la Martiniquaise devient championne paralympique du 100m aux Jeux olympiques de Londres, Marie-Amélie Le Fur va alors vivre en direct un bouleversement intérieur qui va la pousser à se transcender et à aller chercher, elle aussi, quelques instants plus tard, une médaille d’or.  

Sur un plan plus personnel lorsque c’est elle qui l’a fait résonner, la Marseillaise la plus aboutie reste pour elle le titre pour le saut en longueur à Rio, en 2016. Et c'est une Marseillaise qui est très particulière. Elle arrive dans un contexte très défavorable, puisqu’elle se blesse quelques semaines avant les Jeux. Pourtant sur sa première épreuve, elle bat le record du monde, gagne le titre paralympique, la médaille lui est remise par le secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, tout son groupe de supporters est dans les tribunes, et chante la Marseillaise donc, il y a vraiment ce partage, à la fois avec la nation française, avec l'équipe de France et avec sa famille, qui reste dans sa mémoire comme un moment inoubliable.  

La triple championne paralympique Marie-Amélie Le Fur dispute et remporte la médaille d'or des 400m des JO paralympiques de Rio de Janeiro, au Brési, le 12 septembre 2016. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Accomplissement, épanouissement, réussite collective

Cela représente un bonheur immense, un bonheur de l'accomplissement individuel, d'épanouissement individuel, mais aussi d'une réussite vraiment collective. Et c'est aussi là que La Marseillaise est importante, selon elle, parce que quand elle retentit, c'est vraiment tout un groupe, qui est mis en lumière, celui qui a contribué à la réussite de l’athlète. Et puis il y a les sensations que seul, lui ou elle, peut ressentir. Marie-Amélie évoque ainsi ses émotions.  

"Physiquement, c’est un mélange entre une forme de grande légèreté, on se sent libéré d’un poids et on est sur un nuage,c’est vraiment un moment de flot extraordinaire. On est envahi par une émotion immense qui nous porte, qui nous transporte, qui nous envahit."

Marie-Amélie Le Fur

à franceinfo

"Et encore une fois, au-delà des paroles, poursuit la championne paralympique, la mélodie de La Marseillaise fait que ce flux d’énergie qui nous envahit n’est pas constant au moment de la Marseillaise. Et quand il y a ce sursaut, quand tu as ce moment où on va chanter les paroles “Aux armes, citoyens”, là, on s’élève, on décolle même. On part totalement ailleurs, et je crois que c’est le moment que j’aime le plus, c’est le moment où je vais regarder le public, où je vais regarder ma famille, mes proches, l’équipe de France, parce que c’est le moment d’apothéose de la Marseillaise." 

Ses yeux brillent encore à la seule évocation de cette expérience unique, et on imagine ce que cela pourra donner à domicile, en 2024, pour ceux et celles qui seront sur la plus haute marche du podium.  

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