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Badminton : "En Indonésie, nous sommes des stars", raconte le joueur de double mixte Thom Gicquel

La paire française de double mixte Thom Gicquel - Delphine Delrue est en Indonésie pour le dernier tournoi de la saison World Tour, qui commence mardi. Un voyage dans un autre monde, où le badminton est roi.

Article rédigé par franceinfo: sport, Simon Bardet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Thom Gicquel et Delphine Delrue, ici en Finlande le 19 février 2021, disputent un tournoi important en Indonésie, à partir du 16 novembre. (KIMMO BRANDT / COMPIC)

"Désolé Messieurs, vous ne pouvez pas passer." Même à Paris, dans l’antre de Coubertin lors des Yonex Internationaux de France de badminton, il faut parfois faire appel à la Fédération française pour passer un contrôle de sécurité pour Thom Gicquel, qui compose avec Delphine Delrue la 11e paire mondiale de double mixte. Un petit contretemps qui ne risque pas d’arriver en Indonésie, où le duo va jouer à partir du mardi 16 novembre et où les badistes sont élevés au rang de stars. 

franceinfo:sport : Thom, quel va être le programme en Indonésie avec Delphine (Delrue) ?

Thom Gicquel : Nous avons deux semaines de compétition minimum, à Bali. Et peut-être une troisième, si nous nous qualifions pour les World Tour Finals, qui réunissent les huit premiers du classement mondial. L'aéroport de Bali est fermé. Du coup, nous sommes arrivés à Jakarta, où on a pris un vol réservé aux badistes qui font la compétition.
À Bali, c'est une bulle, mais une bulle particulière où on a droit à une vie assez stylée. Nous sommes dans un hôtel cinq étoiles, il y a plein d'activités, on peut faire des randonnées, du jet ski, plein de trucs... Des petites vacances pour les badistes.

Les badistes sont à ce point chouchoutés en Indonésie ?

Oui, c'est un autre monde. En Indonésie, on a des passe-droits un peu différents parce que c'est le pays du badminton. Là-bas, on est connus, nous sommes des stars – pas non plus les plus grandes stars, qui restent les Indonésiens. Mais on nous reconnaît. Donc quand tu fais du badminton en Indonésie, c'est un peu la vie d'artiste.

"Battre les Indonésiens chez eux, le souvenir le plus fort de ma carrière"

Quels souvenirs gardez-vous de vos premières expériences en Indonésie ?

Des souvenirs de dingue. La salle Istora, à Jakarta, est la plus mythique dans le monde du badminton. Tout le monde la connaît et tout le monde veut y jouer au moins une fois. Tu sais que ça va être salle comble dès la première minute, et que ça va crier pendant les points. Dès que tu smashes, il y a 5 000 personnes qui vont faire « Yaaaaa ! » en même temps. Ça va être une ambiance de fou !
Il y a deux ans, on a battu les Indonésiens en Indonésie (en quarts de finale). C'est le souvenir le plus fort de ma carrière, l'ambiance était indescriptible. À la fin, ils t'applaudissent, parce qu'ils voient du beau badminton. Ils savent ce que c'est en Indonésie, parce qu'ils y jouent souvent. Ce n'est pas comme en France. Ça fait plaisir de voir des gens qui aiment autant ce sport. 

L’ambiance est au rendez-vous même lors des tournois juniors ?

Oui, on avait fait les championnats du monde à Yogyakarta, en Indonésie, en 2017. On devait marcher 10 minutes pour aller sur le lieu de compétition, et les policiers s'arrêtaient, nous klaxonnaient, et disaient "Allez la France" parce qu'on avait des sacs de badminton. Tous les scooters nous klaxonnaient. Les joueurs sont des stars en Indonésie, tout le monde veut prendre des photos avec eux. En juniors, ce sont déjà des stars planétaires. C'est un peu particulier quand tu arrives là-bas pour la première fois, tu te dis : "C'est bizarre, c'est quoi ce sport ?" En fait, c'est ton sport, et le rêve, c'est d'amener ça en France un jour.

Le statut est bien différent ici…

Quand je suis à Coubertin, on me reconnaît et on prend des photos, mais c'est vrai qu'en dehors, pas du tout. C'est normal, parce qu'il n'y a pas eu les résultats qui vont avec et que le badminton n'est pas assez connu, mais quand on va gagner les Internationaux de France dans quelques années, on connaîtra ça, j'espère !

"On rêve d’une médaille à Paris en 2024"

Quel sera votre objectif en Indonésie ?

Le but, c'est de se qualifier dans les huit premiers mondiaux à la Race pour disputer les Finals. Je ne me suis jamais mis beaucoup d'objectifs, je veux gagner un maximum de matchs. Nous n’avons jamais gagné contre les deux premiers duos mondiaux, mais toutes les autres paires, on les a déjà battues.
Il n'y a pas de limites, c'est pour ça qu'on bat des records à notre âge. Le but, c'est de gagner un maximum de matchs, de gagner un tournoi. On est au 11e rang mondial, ce n'est pas forcément notre niveau encore, mais on veut déjà jouer des quarts, des demies, des finales. On l'a déjà fait l'année dernière.

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Vous finirez par les Mondiaux à Huelva (Espagne), en décembre.

Les championnats du monde, c'est quelque chose de grand, comme à chaque fois. On s'est fixé un objectif, on aimerait bien faire un quart de finale. On avait été éliminé en huitièmes, il y a deux ans. 

Tout cela fait-il partie du chemin vers Paris 2024 ?

Pour les Jeux de Paris 2024, il n’y a pas de paire qualifiée d'office en double mixte. Avant d’aller à Tokyo, je crois que ça faisait plus de 15 ans qu'il n’y avait pas eu de paire mixte française qualifiée aux JO (Victoria Wright et Svetoslav Stoyanov étaient les derniers à représenter la France en 2004). En France, c'est rare d'avoir une paire dans le Top 20 mondial. En simple, c'est plus facile parce qu'il faut être Top 80, et on en a beaucoup. Mais en double, c'est plus compliqué parce qu'on n’a pas trop la culture du double.
Se qualifier à Tokyo, c'était super. Mais là, l'objectif n'est pas de se qualifier, c'est de faire un résultat à Paris. Nous sommes à la 11e place mondiale. On se dit que dans trois ans, on aura progressé dans le classement. Il y a des paires qui vont se faire plus vieilles, et le but, c'est de faire un bon résultat à Paris. On rêve d'une médaille, même si ce n'est pas forcément notre niveau actuel. Mais on a déjà fait des demies sur les plus grands tournois du monde. On ne sera pas les favoris, on le sait, mais ça reste quand même un rêve, on se dit que tout est possible.

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