C’est le plus grand athlète paralympique espagnol, le plus médaillé. Sebastian Rodriguez, surnommé Chano, n’a plus l’usage de ses jambes. Il nage à la seule force de ses bras et il le fait particulièrement bien puisqu’au cours de sa carrière, il a récolté 16 médailles olympiques, dont huit en or, tout ça étalé sur six olympiades, Sydney en 2000, Athènes en 2004, Pékin en 2008, Londres en 2012, Rio en 2016 et Tokyo en 2021. Des noms qu’il s’est même fait tatouer sur le bras et auquel il ajouterait bien Paris l’an prochain, en 2024.Mais le sujet, c’est l’âge qu’a Sebastian Rodriguez. Parce que c’est ce qui fait à la fois son statut exceptionnel, légendaire, et son grand problème. Il a 66 ans, ce qui est remarquable pour un athlète mais qui est au-dessus de l’âge limite décrété par sa fédération pour participer à une compétition internationale.Sa première sélection remonte à 1998, il avait 41 ans et déjà une longue vie derrière lui. Une vie bien loin des bassins de natation. Né à Cadix en 1957, Rodriguez a grandi dans l’Espagne de Franco, il a vu le rétablissement de la monarchie et, devenu adulte il a décidé de militer avec les anarchistes. Militer au point d’intégrer à la fin des années 1970 le Grapo, le Groupe de résistance antifasciste, et de se retrouver impliqué dans la mort d’un homme d’affaire en 1984. Arrêté en 1985, il a ensuite été condamné à 84 ans de prison pour complicité d’assassinat. Le rapport avec la natation, c’est qu’au bout de quelques années en cellule, il a entamé une grève de la faim, une grève intense qui a duré plus de 400 jours, et au bout de laquelle il a perdu l’usage de ses jambes.Et c’est le handisport qui lui offert une nouvelle vie, une nouvelle chance quand il est sorti de prison en 1994. Avec la natation dans laquelle il s’est lancé à fond, au point de se qualifier pour les JO de Sydney six ans plus tard, de décrocher ses cinq premières médailles, et ainsi de suite.Aujourd’hui, il est le deuxième athlète espagnol le plus médaillé, il est arrivé sixième au championnat du monde en 2022 et voudrait faire de Paris son dernier défi mais le président du comité paralympique espagnol dit au journal El Pais que "personne ne peut ignorer que Chano a 66 ans". De quoi poser la question : qu’est ce qui fait un champion ? Est-ce l’âge ou la performance, le règlement ou la ténacité ?