Paris 2024 - Petites histoires des Jeux : Magic Johnson n'aurait pas dû énerver Michael Jordan

À quelques mois du début des Jeux olympiques, Franceinfo: sport vous plonge dans les petites histoires qui font la grande histoire des Jeux. Voici comment, avant le début des JO à Barcelone en 1992, Michael Jordan a pris le pouvoir au sein de la mythique Dream Team.
Article rédigé par Julien Lamotte, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Michael Jordan et Magic Johnson lors d'une conférence de presse aux Jeux olympiques de Barcelone, le 25 juillet 1992. (KARL MATHIS / AFP)

C'est l'un des matchs de basket les plus incroyables jamais disputés. Mais aucun spectateur ne l'a vu. Il a même été très longtemps tenu secret avant que certaines langues ne se délient. Et la plus célèbre d'entre toutes, celle qui était toujours sortie quand son propriétaire jouait, est au centre de ces révélations. Ou comment, Michael Jordan, le winner ultime, a asservi la plus formidable équipe de tous les temps. 

Dans la chaleur de Monte-Carlo, son camp retranché, l'équipe américaine prépare ses Jeux olympiques à Barcelone. Pour la première fois de l'histoire, Team USA a réuni les meilleurs joueurs NBA, au lieu des universitaires habituels, et il ne fait aucun doute que cette constellation d'étoiles va tout écraser sur son passage. C'est effectivement ce qu'il va se passer et la nouvellement baptisée "Dream Team" remportera l'or quelques semaines plus tard, tout en déclenchant une folie médiatique sans précédent. Dans les coulisses, pourtant, d'autres enjeux olympiques se sont tramés...

Le réveil de la bête

Comme l'a avoué Magic Johnson dans une interview à la télévision américaine quelques années plus tard, "il y avait beaucoup de guerres d'ego lors des entraînements. C'était incroyable de voir Charles Barkley défier son pote Karl Malone, ou David Robinson se frotter à Patrick Ewing". L'ancien meneur des Los Angeles Lakers, qui a pris sa retraite NBA l'année précédente après l'annonce de sa séropositivité mais qui est revenu pour ces JO, se souvient : "Pendant trois jours, les deux équipes constituées par Chuck Daly [l'entraîneur américain] finissent à égalité. Il avait séparé l’Est et l’Ouest, avec Barkley, Jordan, Bird, Pippen et Ewing d’un côté, Robinson, Malone, Mullin, Stockton et moi de l’autre. On jouait tous les jours, mais à chaque fois : égalité". Et puis vient le quatrième jour. 

L'équipe guidée par Magic mène 12-2. Le moment choisi par le Laker pour chambrer Michael Jordan. "Je lui ai dit que s'il ne passait pas en mode 'Air Jordan', on allait l'exploser". Mauvaise idée. Le regard de la star des Chicago Bulls devient noir. La langue sort encore plus. Jordan prend la balle et plante un trois points. Il fixe Magic sans un sourire.

"Quand vous voyez ce regard, donnez-lui la putain de balle et dégagez de son chemin."

Scottie Pippen, membre de la Dream Team

La suite est le récit d'un homme qui prend le contrôle d'une pléiade de superstars aux orgueils pourtant surdimensionnés. Aux premières loges, Magic assiste, comme les autres, au récital. "C’est dans ce match que Jordan a mis le plus beau panier que j’aie vu. Il part sur sa droite et décolle. David Robinson décolle. Puis il se dit 'OK je vais rester là assis en l’air, parce que je sais que Robinson va retomber'. David Robinson atterrit, et lui fait un 360°, avec la langue qui tourne, et dunke".

Au final, l'équipe de l'Est l'emporte 40-36, Jordan inscrivant 17 points alors que pas un autre joueur n'a dépassé 7 unités au cours d'un match qui restera comme l'un des plus compétitifs de l'histoire. Le soir, au bar de l'hôtel, "MJ" retrouve Magic Johnson et Larry Bird, autre légende vieillissante de l'équipe. Cigare au bec, il s'approche d'eux, pose ses immenses paluches sur leurs épaules et dit : "Guys, there's a new sheriff in town" ["Les gars il y a un nouveau shérif dans la ville"]. La flamme venait définitivement de changer de mains. 

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