Handball aux JO de Paris : "Si on en est arrivé là, c'est grâce à lui"… Comment Olivier Krumbholz a transformé les Bleues pour rester au sommet

Le sélectionneur de l'équipe de France va diriger son 537e match à la tête des Bleues, en finale des JO, samedi. Alors qu'il avait annoncé son départ après les JO, il pourrait prolonger le plaisir jusqu'en fin d'année.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Olivier Krumbholz enlacé par Estelle Nze Minko et Coralie Lassource après la victoire des Bleues en demi-finales du tournoi olympique contre la Suède, le 8 août 2024 à Villeneuve-d'Ascq (Nord). (THOMAS COEX / AFP)

La victoire en prolongation contre la Suède en demi-finales ? "En termes de scénario, c'est la plus extraordinaire de ma carrière". Pourtant, à 66 ans et 536 matchs à la tête de l'équipe de France féminine de handball, Olivier Krumbholz en a connu, des succès obtenus sur le fil. Il est celui qui a mené l'équipe de France féminine vers son premier titre mondial (2003), européen (2018) et olympique (2021). 

Il était déjà à leur tête le 12 décembre 1999, quand les Bleues atteignaient la finale du Mondial, sa première au niveau international et un acte fondateur pour le handball féminin français. L'ex-coach des juniors était là depuis un an, déjà connu en coulisses pour son intransigeance avec ses joueuses.

"L'un des plus grands crus du sport français"

"Il était dur, il ne nous laissait pas faire grand-chose sur et en dehors du terrain. Il n'a pas été cool, mais si on en est arrivé là, avec autant de médailles, c'est grâce à lui", assure Valérie Nicolas, gardienne des Bleues de 1995 à 2008 et consultante pour France Télévisions. Cléopâtre Darleux, qui a pris sa succession dans la cage, abonde : "A l'époque, on avait peur de lui". Difficile alors de croire qu'il s'agit de l'homme que l'on aperçoit aujourd'hui, parfois souriant et détendu au milieu de ses joueuses, dans leurs publications sur les réseaux sociaux.

"Olivier Krumbholz, c'est un vin qui, au départ, est piquant, fort en gueule et fort en travail. Pratiquement trente ans après, c'est devenu un des grands crus du sport français, peut-être le plus grand vin qui existe." La métaphore est signée Philippe Bana, le président de la Fédération française de handball, qui savoure le travail accompli par le sélectionneur. "Ces titres enchaînés à partir des années 2010 [un titre olympique, trois mondiaux et un européen au total] et ont fait que le hand français marche désormais sur ses deux jambes, sa jambe masculine et sa jambe féminine".

"Dans un milieu qui n’était pas professionnel, il a exigé, il a réglementé et il a professionnalisé. Son exigence et sa rigueur ont façonné le monde autour de lui. Oui, il a changé la façon d’être du handball féminin et de ses joueuses."

Philippe Bana, président de la Fédération française de handball

à franceinfo: sport

Educateur avant d'être entraîneur, Olivier Krumbholz a su se transformer pour durer, notamment après son retour à la tête des Bleues en 2016. Il avait été limogé trois ans plus tôt en raison du manque de résultats lors des JO de Londres (5e) et de l'Euro 2012 (9e). Le temps d'une remise en question et l'occasion d'adoucir son caractère volcanique pour reprendre en main l'équipe, qui n'a rien gagné sous le mandat d'Alain Portes. "J'essaye de manier avec intelligence l'autorité et la bienveillance. Beaucoup de bienveillance, mais un peu d'autorité quand il faut remettre les filles au travail avec plus de sérieux", expliquait-il lors du tour préliminaire du tournoi olympique de Paris.

Il sait désormais laisser plus de place à ses joueuses. "Il y a une part d'autogestion. Je sais maintenant m'effacer, leur laisser construire certaines stratégies. Il ne faut pas oublier que c'est elles qui jouent, l'important est de garder une mission de conseil", ajoute-t-il.

Pas peur des choix forts

"Il évolue à la même allure que le hand d'aujourd'hui. Ce n'est plus le même hand, c'est beaucoup plus offensif et rapide. Les joueuses sont plus talentueuses, tout en étant plus fortes physiquement. Et dans les prises de décision, il est plus collaboratif qu'avant", observait Grâce Zaadi, l'une des Bleues les plus capées depuis ses débuts en 2013, rencontrée en avril par franceinfo: sport.

Olivier Krumbholz félicite ses joueuses après leur victoire en quarts de finale du tournoi olympique, contre l'Allemagne, le 6 août 2024 à Villeneuve-d'Ascq (Nord). (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Quelques semaines plus tard, la demi-centre, qui a tout gagné avec les Bleues, était convoquée en tant que remplaçante pour les Jeux olympiques, avant de réintégrer l'équipe à la faveur de la blessure de Léna Grandveau. Pour elle, comme pour Béatrice Edwige ou Allison Pineau, Olivier Krumbholz ne fait pas dans les sentiments. "Il pense que l'équipe est supérieure à la somme des individualités, explique Philippe Bana. Il ne va pas hésiter à mettre des gamines de 18-20 ans en finale d'un championnat du monde, comme il l'a fait avec Léna Grandveau [20 ans] en décembre" lors du Mondial remporté face aux Norvégiennes, que la France retrouve samedi.

Plus précoce encore, Pauletta Foppa a débuté à 17 ans, en décembre 2018. "Je ne sais pas ce qu'il a vu en moi, parce je ne jouais pas beaucoup [rires]. Il a forcément l'œil, parce que depuis, j'ai accompli beaucoup de choses grâce à lui", souriait la pivot avant le tournoi olympique.

Une passation envisageable en fin d'année

Discret lors des entraînements, même si rien ne lui échappe, le sélectionneur délègue aussi de plus en plus à son staff, dont son adjoint Sébastien Gardillou, architecte du projet de jeu offensif de l'équipe de France. Le natif de Périgueux (Dordogne) serait d'ailleurs en bonne position pour lui succéder, alors qu'Olivier Krumbholz avait annoncé dès 2022 qu'il arrêterait après les JO de Paris. Mais, ces dernières semaines, le sélectionneur entretient le flou et ne répond plus par l'affirmative quand on lui demande si ce tournoi olympique est bien son dernier.

"Ce n'est pas le débat, on verra avec la Fédération ce qui est le mieux pour cette équipe", affirmait-il fin juillet. Il serait envisageable qu'il ne reste pas loin du groupe pour l'Euro en fin d'année, comme une sorte de passation de pouvoir. "On a gardé une carte dans notre manche. Il lui reste une année avant sa retraite définitive, donc on va le garder en bon vin pour expliquer aux convives comment ça marche", déclarait Philippe Bana en avril.

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