Paris 2024 : "La dernière fois que j'ai pris autant de rejets, c'était au collège"... Thierry Henry amer face aux contraintes pour composer sa liste pour les JO

Soumis au bon vouloir des clubs de libérer leurs joueurs pour le tournoi olympique de football, le sélectionneur a dévoilé une pré-liste de 25 joueurs qui, de son propre aveu, est amenée à connaître encore des bouleversements.
Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
  (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

C'est un Thierry Henry fataliste et un brin fatigué qui s'est présenté en conférence de presse, lundi 3 juin, pour dévoiler sa pré-liste de 25 joueurs pour le tournoi olympique de football de Paris 2024. Le sélectionneur a pris beaucoup de pincettes, prévenant l'auditoire que la liste qu'il s'apprêtait à dévoiler était "la moins virtuelle" possible. L'accord de certains clubs pour libérer leurs joueurs est encore attendu.

Ces derniers ont des intérêts à défendre sachant que le tournoi olympique perturbera considérablement la préparation de leur prochaine saison. De plus, ils ne sont techniquement pas obligés de se plier au bon vouloir de l'équipe de France dans la mesure où les Jeux olympiques ne sont pas une date inscrite au calendrier de la Fifa. C'est pourquoi Thierry Henry n'a cessé de répéter que cette pré-liste était amenée à changer, peut-être même considérablement, d'ici le 3 juillet, date butoir pour envoyer les noms des 18 joueurs qui représenteront la France cet été.

Faut-il comprendre que les joueurs qui ne sont pas présents dans cette pré-liste, dont Kylian Mbappé, n'ont aucune chance de participer aux JO, ou des discussions sont-elles encore possibles ?

Thierry Henry : Pour Kylian, les gens que j'ai eus ont été très directs (...). Je ne tire de trait sur personne. Tout peut se passer jusqu'au 3 juillet. C'est un peu dur, mais on doit être dans la réalité du moment. Il faut quand même donner une liste pour que les joueurs, les clubs, et moi-même puissent se préparer. Tu ne fermes la porte à personne. Des discussions ? Il n'y a pas de discussions. Tu viens, tu demandes, on te dit oui ou non, et tu repars. Les joueurs que vous ne voyez pas dans cette liste, c'est que les clubs ont dit non. Pour l'instant, je n'ai pas encore pris de refus de clubs français, mais la dernière fois que j'ai pris autant de rejets, c'était au collège. 

Êtes-vous déçu et surpris par le comportement des clubs étrangers ?

Non, je ne suis pas déçu, ni surpris. Les clubs sont dans leur droit. Mon discours n'a pas changé depuis que je parle des JO. On savait parfaitement qu'on allait attendre des réponses, en espérant que... Je m'y attendais, malheureusement. On parle beaucoup de Kylian (Mbappé), de Rayan (Cherki) aujourd'hui, mais ça ne vous dérange pas qu'il n'y ait pas Malo Gusto ou Benoît Badiashile ? Chelsea m'a juste laissé Lesley Ugochukwu... Vous rigolez, mais c'est la vérité. Les clubs ont le pouvoir. Cela peut paraître assez froid, mais c'est exactement comme ça que ça se passe. Je comprends la difficulté de libérer un joueur s'il fait l'Euro, mais je me suis dit que c'était pratiquement sûr que certains seraient là.

En France, comment se passent les échanges avec les clubs ?

On a rencontré en visioconférence tous les présidents de Ligue 1 et Ligue 2 le 15 décembre. On leur a présenté notre projet pour les Jeux olympiques. Il y avait alors un petit problème, les fameuses trois semaines de vacances [rabotées par la durée initiale du stage de préparation pour les Jeux]. On a retiré une semaine. Cela a été l'une des premières contraintes. On a discuté pendant deux heures et nous n'avons pas reçu d'autres demandes. Des clubs comprenaient notre situation. Ce n'est qu'ensuite que j'ai vu [dans la presse, que certains clubs n'étaient pas d'accord pour libérer leurs joueurs]. À l’époque, il n'y avait aucun problème.

La mission de constituer cette liste est-elle plus difficile que vous ne l'imaginiez à votre arrivée ?

Je savais que ce serait difficile. Je suis bien placé pour en parler, j'ai aussi joué en sélections de jeunes. On parle de moi, de la liste, de dates hors Fifa, mais normalement l'équipe de France ne se refuse pas. Le focus est souvent sur les A, les U23 et les Jeux, mais il faut savoir que c'est dur à tous les niveaux. Quand vous voyez que mon collègue Landry Chauvin (sélectionneur de l'équipe nationale U20) a dû prendre 33 noms pour le Mondial l'année dernière... A nous aussi, de savoir nous protéger. 

Vous avez donné l'identité de deux joueurs de plus de 23 ans, en attendez-vous un troisième et quel serait son profil ?

Il y aura trois joueurs de plus de 23 ans, mais je ne pouvais pas vous en dire plus aujourd'hui. Ce n'est pas évident de se retrouver dans une situation où tu dois demander à des clubs étrangers s'ils sont d'accord. Ils sont en droit de ne pas les libérer car ce n'est pas une date Fifa. On essaie de trouver des moyens et croyez-moi ce n'est pas facile... Je ne sais pas si vous avez déjà été voir quelqu'un, et ne pas pouvoir argumenter. 

Le mercato estival est une contrainte de plus pour vous...

Je vais être le plus honnête possible. J'ai essayé de parler aux joueurs pour savoir où éventuellement ils iraient la saison prochaine. Beaucoup peuvent changer de club, comment faites-vous pour vous organiser, surtout s'ils vont à l'étranger ? C'est un vrai débat. C'est pour ça que je dis que cette pré-liste est la moins virtuelle. Tu parles à qui, s'il n'y a pas de club (si le joueur est sous contrat avec un club qu'il va quitter cet été) ? C'est juste impossible de se faire une idée. D'ailleurs, est-ce que les joueurs eux-mêmes sont forcément au courant ? Je me suis retrouvé avec certains qui ont deux ou trois clubs sur la table. J'attends de voir. En général, je me réveille le matin et je regarde si un truc n'a pas changé. Peut-être, d'ailleurs, que ça va bouger dans 45 minutes...

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