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JO 2024 : six dates pour comprendre la crise qui secoue le Comité olympique français et qui a conduit à la démission de Brigitte Henriques

A un peu plus de 400 jours des Jeux olympiques et paralypiques de Paris, le CNOSF va devoir nommer un nouveau président après le départ de Brigitte Henriques ce jeudi.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
La présidente du CNOSF Brigitte Henriques en compagnie de son avocat Arash Derambarsh lors d'une conférence de presse, le 4 avril 2023. (AFP)

La crise a peut-être cette fois pris fin. A moins d'un an et demi de l'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques 2024 à Paris, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) est empêtré dans un conflit interne interminable. La présidente, Brigitte Henriques, qui avait succédé à Denis Masseglia en juin 2021, a annoncé, jeudi 25 mai, sa démission, après des mois de vive tension. L'ancienne footballeuse se disait victime d'une "insistante campagne de déstabilisation" menée selon elle par son prédécesseur et son ancien secrétaire général, Didier Séminet, dont elle s'est séparée en septembre 2022. Accompagnée de son avocat, Brigitte Henriques avait souhaité, mardi 4 avril, que "cela s'arrête".

Cela a finalement été le cas jeudi, avec sa démission, au cours d'une assemblée générale exceptionnelle. Retour en six dates sur la crise qui secoue l'instance olympique et sa désormais ex-présidente.

12 septembre 2022 : Brigitte Henriques débarque son ex-bras droit et porte plainte 

Après des mois de relations conflictuelles, Brigitte Henriques décide, le 12 septembre 2022, de se séparer de Didier Séminet, son secrétaire général. Jamais dans l'histoire du CNOSF un président ne s'était séparé de son secrétaire général. Un divorce à l'origine d'une guerre des clans.

Une semaine plus tard, elle dépose plainte contre son ex-bras droit pour "violence psychologique". L'ex vice-présidente de la Fédération française de football (FFF), entre 2017 et 2021, y détaille plusieurs rencontres et échanges étalés sur plusieurs mois avec son secrétaire général qui l'ont "choquée", évoquant une fois un comportement "menaçant", et assure vivre assez "mal" la situation.

Didier Séminet réplique le 8 novembre en déposant plainte à son tour contre Brigitte Henriques pour "dénonciation calomnieuse" et "abus de confiance".

Une situation inédite au sein de l'instance du sport français, et qui secoue toute l'institution. "Il y a 25 ans que je suis au CNOSF, je n'ai jamais vu ça. Il y a toujours eu des difficultés entre les présidents et leur secrétaire général, mais ils ont toujours fait en sorte de s'entendre", a regretté Guy Drut, membre du CIO, auprès de l'AFP, après avoir écrit à la présidente en septembre.

28 septembre 2022 : le présidente du CNOSF porte plainte pour diffamation

Brigitte Henriques annonce, mercredi 28 septembre, porter plainte pour diffamation après la parution d'un article sur un site danois, Josimar, l'accusant d'avoir soutenu un cadre fédéral condamné pour harcèlement moral et sexuel, lorsqu'elle était vice-présidente de la FFF.

Dans cet article, signé d'un journaliste français, Brigitte Henriques est mise en cause sur la base d'un courrier d'octobre 2018 dans lequel elle vante les qualités professionnelles de Jacky Fortépaule, ancien président de la Ligue du Centre de football entre 2017 et 2018. Elle évoque notamment "un directeur engagé et passionné" sachant "mettre ses compétences à la disposition des différentes commissions fédérales" et qui s'est "beaucoup investi".

Brigitte Henriques assure dans le communiqué annonçant sa plainte qu'il en sera "désormais ainsi quand des propos ou écrits sont diffamatoires et/ou portent atteinte à mon honneur et à ma considération." Un autre cas similaire d'une ancienne entraîneure à Clairefontaine lui est également reproché.

Deux semaines plus tard, le 12 octobre, elle annonce se mettre en retrait, épuisée par des mois de conflit. Elle est remplacée par un quatuor de dirigeants (Michel Callot, Astrid Guyart, Jean-Pierre Siutat et Sébastien Poirier). 

15 décembre 2022 : sommée de rembourser 4 000 euros de frais

Pour son premier conseil d'administration depuis sa mise en retrait, qui aura duré deux mois, la présidente du CNOSF est sommée de rembourser près de 4 000 euros de frais à la suite d'"erreurs" relevées dans un audit. Le montant se répartit entre des notes de taxis, des erreurs de double facturation, ou de dépenses dont les justificatifs étaient manquants, selon le document consulté par l'AFP.

"Ce sont des frais qui ont été engagés parfois sans vraiment savoir s'il incombait au CNOSF de les régler, et nous avons à chaque fois tranché en défaveur de la présidente pour qu'il n'y ait aucun problème", a justifié Michel Callot, le trésorier de l'instance. "Pour moi, ce ne sont pas des erreurs mais des abus", a jugé Didier Séminet, avec qui la présidente est en conflit. "Cela démontre la mise en place d'un système, même sur des petites sommes", juge-t-il.

Brigitte Henriques lors du Grand oral sport des candidats à l'élection présidentielle au CNOSF, le 17 mars 2022. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP via AFP)

28 mars 2023 : le CNOSF demande un audit au CIO

Mardi 28 mars, Brigitte Henriques annonce avoir demandé au Comité international olympique (CIO) de réaliser un audit pour tenter de "mettre un terme" à la cabale dont elle s'estime victime depuis des mois, alors que l'instance fêtait son cinquantenaire. Les célébrations, en présence de la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Amélie Oudéa-Castéra et du patron du comité d'organisation des JO de Paris Tony Estanguet, n'ont pas eu l'effet d'unité escompté.

L'ancien président Denis Masseglia, ainsi que Guy Drut et trois autres anciens administrateurs, ont refusé de participer aux festivités. "Les témoins que nous sommes n'ayant pas été appelés à témoigner en amont, ne seront pas les témoins d'une opération qui relève bien davantage de la communication que de l'histoire dans laquelle ils furent acteurs", ont-ils écrit dans un courrier adressé aux présidents de fédérations que l'AFP a pu consulter.

31 mars 2023 : deux enquêtes ouvertes et un courrier 

Le 31 mars, le parquet de Paris décide d'ouvrir une enquête après les plaintes croisées de Brigitte Henriques et de son ancien secrétaire général Didier Séminet, selon une information de franceinfo. Quelques jours plus tard, un courrier, envoyé par son prédécesseur, Denis Masseglia, au trésorier et à la secrétaire générale du CNOSF, ébranle à nouveau l'instance.

Selon la présidente, ce courrier a trait à l'une des affaires pour laquelle elle avait porté plainte à la suite de la parution de l'article en septembre 2021 l'accusant d'avoir soutenu un cadre de la FFF condamné pour harcèlement moral et sexuel.

25 mai 2023 : la stupeur, Brigitte Henriques annonce son départ

Ce jeudi matin devait être celui d'un vote de confiance inédit, annoncé la veille dans L'Equipe, bien que non prévu dans les règlements du CNOSF. L'assemblée générale convoquée exceptionnellement a finalement été celle de la démission de Brigitte Henriques, à la surprise générale. Elle qui avait refusé quelques jours plus tôt l'appel au départ fait par Denis Masseglia a finalement décidé de passer la main. Le dernier rebondissement d'une série qui devrait dorénavant se porter dans le cadre de la justice et plus au cœur de l'instance du sport olympique tricolore ?

Un nouveau dirigeant doit désormais être nommé dans les trois mois à venir. L'ancienne fleurettiste Astrid Guyard tiendra les rênes d'ici à cette nomination. Le (ou la) prochain(e) président(e) aura pour principales missions de retrouver sérénité et unité, alors que Paris 2024 approche à grands pas.

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