Paris 2024 : Rudy Gobert et Victor Wembanyama, une force de dissuasion qui fait saliver le basket français

Jamais associées en équipe de France, les tours défensives devraient former une raquette inédite lors des Jeux olympiques de Paris 2024.
Article rédigé par Mickaël Caron
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Victor Wembanyama et Rudy Gobert lors d'un match entre les San Antonio Spurs et les Minnesota Timberwolves, le 27 janvier 2024. (SUZANNE CORDEIRO / AFP)

Un répit. Le premier adversaire de l'équipe de France lors du tournoi olympique ne sera connu qu'à l'issue d'un tournoi en Lettonie, du 2 au 7 juillet. Cela évitera aux intérieurs du pays qualifié de faire des cauchemars trop tôt en pensant à ce qui les attend. Rien de moins que la paire défensive la plus dissuasive de la meilleure ligue du monde, la NBA.

Rudy Gobert a été désigné, mercredi 8 mai, meilleur défenseur de la saison pour la quatrième fois. Au nombre de récompenses, le pivot de 31 ans rejoint deux terreurs des raquettes, Dikembe Mutombo et Ben Wallace. Le Picard a été un élément clé de la défense des Minnesota Timberwolves, l'équipe qui a concédé le plus faible nombre de points en moyenne à ses adversaires en saison régulière.

"Rudy a été le moteur de notre culture défensive, appuie Chris Finch, entraîneur de la franchise de Minneapolis. Sa récompense est un témoignage de son impact, de sa présence et de ce qu'il a insufflé à l'équipe sur l'importance de la défense et sur la façon dont elle peut être formidable quand nous la mettons en œuvre."

Rudy Gobert a devancé Victor Wembanyama, un accessit inédit pour un débutant. De son côté, le numéro un de la draft 2023 a été élu, mardi 7 mai, "rookie de l'année" à l'unanimité au terme d'un premier exercice très impressionnant avec les San Antonio Spurs.

"On l'a déjà, notre Embiid"

La saison de Wemby est terminée, celle de Gobert s'étire en playoffs. Avec lui, les Timberwolves peuvent rêver d'atteindre la finale NBA. Jadis parmi les cancres de la ligue nord-américaine, ils se sont qualifiés aisément pour les demi-finales de la conférence Ouest, où ils mènent 2-1 contre les Denvers Nuggets, champions en titre.

Chris Finch a tiré le meilleur de l'association entre Rudy Gobert et son autre phare, l'Américain Karl-Anthony Towns (21,8 points, 8,3 rebonds). "Lors du camp d'entraînement, nous avons dit dès le premier jour que nous voulions être la meilleure défense de la ligue", se souvient Gobert. Cette double menace intérieure doit forcément donner des idées à Vincent Collet, le sélectionneur de l'équipe de France, avant le début de la préparation olympique.

Aux Bleus de profiter, aux JO, de la force de dissuasion que devraient représenter Gobert et Wembanyama, 2,16 mètres et 2,24 mètres. La Lituanie et la Serbie ont chacune un big man, respectivement Domantas Sabonis et Nikola Jokic, triple MVP de la NBA. Les Etats-Unis devraient présenter trois gros clients mais ils seront dominés en taille : Bam Adebayo (2,06 mètres) - troisième au classement de meilleur défenseur -, Anthony Davis (2,08 mètres) et Joël Embiid (2,13 mètres).

Ce dernier est redoutable en attaque, moins en défense. Né au Cameroun, il a choisi de porter le maillot américain, alors que la France l'a longuement courtisé. "J’étais assez heureux qu'Embiid ne vienne pas, assure le journaliste français Olivier Pheulpin, installé à San Antonio depuis les années glorieuses de Tony Parker. [Avec Wembanyama], on l’a déjà, notre Embiid."

"Il est possible de les associer"

Les statistiques défensives vont dans ce sens : Wemby a bouclé sa première saison éblouissante au sommet du classement des contreurs (3,6 par match) et au dixième rang des rebondeurs (10,6). Dans ces deux catégories, Gobert pointe en deuxième et sixième positions (12,9 rebonds, 2,1 contres).

On n'imagine pas un duo plus dissuasif. "On aura peu de temps pour la préparation, mais notre alchimie va progresser au fil des matchs", veut croire Rudy Gobert, dans un entretien au Monde, alors que les deux internationaux n'ont encore jamais évolué ensemble en bleu.

"Personne n'aura une raquette défensive similaire, ils peuvent être complémentaires, assure l'ancien sélectionneur de l'équipe de France, Alain Weisz, à franceinfo: sport. Le problème, c'est que les adversaires les écarteront pour éviter qu'ils soient ensemble au rebond. Cela demande une adaptation de la part du coach".

Offensivement, l'association des tours jumelles aurait peut-être moins de sens. D'abord, en raison de leur adresse relative - 66% pour Gobert, 46,5% pour Wembanyama à deux points pendant la saison régulière en NBA. "Il est possible de les associer car Wemby a joué au poste 4 jusqu'en février, rappelle Alain Weisz, qui l'avait fait venir chez les Metropolitains 92 la saison passée. Mais il aura plus de mal à scorer avec les règles de la Fiba [Fédération internationale], qui diffèrent légèrement de celles en NBA. Il faudrait donc adopter un jeu très précis pour leur permettre de peser ensemble sur les défenses adverses." Nul doute que le staff tricolore l'envisage déjà.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.