Paralympiques 2024 : médecin militaire, pianiste et militante LGBT+... Qui est la première médaillée tricolore Marie Patouillet ?

La paracycliste de 36 ans a décroché l'argent en contre-la-montre sur piste, jeudi 29 août.
Article rédigé par Adrien Hémard Dohain - au vélodrome national
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Marie Patouillet lors du J-100 des Jeux paralympiques de Paris au Grand Palais éphémère, le 17 avril 2024. (AFP)

Cette fois, Marie Patouillet n'a pas illuminé le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines d'un arc-en-ciel capillaire. Trois ans après avoir remporté trois médailles mondiales au vélodrome national, coiffée d'une teinture en soutien à la communauté LGBT+, la paracycliste a brillé autrement sur cette piste qu'elle connaît par cœur en accrochant l'argent paralympique en contre-la-montre sur piste.

Un nouveau jour de gloire pour celle qui collectionne les médailles depuis ses débuts en paracyclisme, en 2019, deux ans après avoir découvert le vélo. Car c'est en 2017 que la vice-championne paralympique sur piste s'est pris de passion pour la petite Reine en participant à l'étape du Tour (course amateur organisée en parallèle du Tour de France), après 9h23 d'effort.

De l'armée au cyclisme sur piste

Née avec une malformation au pied et à la cheville gauche, Marie Patouillet a ainsi attendu ses 28 ans pour se mettre au paracyclisme, tant sur piste que sur route. Entraînée par Grégory Baugé (neuf fois champion du monde sur piste), qu'elle a chaudement remercié à l'arrivée, la Française a alors grillé les étapes en collectionnant rapidement les médailles internationales.

Double médaillée de bronze à Tokyo (poursuite individuelle sur piste et course sur route C5), Marie Patouillet est devenue l'une des références internationales de la discipline en quelques saisons : quadruple vice-championne du monde du contre-la-montre sur piste, championne du monde du scratch et de l'omnium (2024) ou encore championne du monde sur route en 2022.

Ce statut de gloire paralympique n'était pourtant pas le rêve de cette pianiste et photographe amateur, dont l'existence a toujours été rythmée par la médecine. Entrée à 18 ans à Santé navale de Bordeaux, puis devenue médecin militaire et capitaine de l'armée française après dix ans sous les drapeaux, Marie Patouillet est revenue à la vie civile après l'aggravation de sa pathologie.

Une athlète engagée

Devenue médecin généraliste, la pensionnaire de l'Insep a alors mis sa carrière entre parenthèses en vue des Jeux de Paris. Membre de l'Armée des champions depuis 2020, cette passionnée de Lego a ainsi pu se préparer méthodiquement aux Jeux en ne se consacrant qu'à sa discipline.

"Il était hors de question de faire les jeux de Paris sans être la plus performante possible, l’objectif est rempli. Maintenant, il faut passer à autre chose, ça va être une autre course avec ce public, c’est incroyable", savourait la Francilienne à l'issue des qualifications, terminées à la troisième place provisoire.

"Je suis hyper contente et fière d’ouvrir le bal, j’appréhendais tout ce public parce qu’on n’est pas habitué en para, mais c’est incroyable."

Marie Patouillet

à franceinfo: sport

Devenue égérie Dior en amont de ces Jeux, porteuse de la flamme sur le tapis rouge de Cannes et élue sportive de l'année par le magazine Têtu en 2023, Marie Patouillet a pourtant pris peu à peu l'habitude d'être dans la lumière. Un nouveau statut dont se sert l'athlète, notamment pour défendre les droits des minorités.

"Il faut prendre la parole, rendre visibles le plus possible les athlètes de la communauté LGBT+, la diversité qui existe. Ce qui est triste, c’est qu'on voit qu’il y a un grand nombre d’athlètes qui sont out dans leur vie personnelle, mais qui ne le sont pas dans leur sport", expliquait-elle à Causette, en octobre 2023.

Un militantisme que la Française, qui n'a jamais caché son homosexualité, mène par les gestes, plus que par la parole, pour éviter "l'hystérisation du débat et l'exclusion" et "garder un certain calme".

"On va mettre en avant l’inclusion du handicap – ce qui est vrai –, mais on va en oublier de parler du racisme, du sexisme, de l’homophobie."

Marie Patouillet

à Causette

"C’est pour ça que c’est important pour moi de prendre la parole, en tant qu’athlète paralympique, sur une autre forme de discrimination que celle du handicap", ajoutait celle qui est désormais parée d'argent olympique, avant de viser un métal encore plus beau ces prochains jours sur piste et sur route.

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