Euro 2021 : en famille ou entre collègues, les concours de pronostics jouent la gagne, et parfois "c'est maman qui est en tête"
Même si vous n'avez rien suivi du football cette saison, c'est le moment de briller en enfilant votre costume de "Paul le Poulpe".
"C'est pas très costaud la Hongrie, si ?" A l'Ehpad Saint-François, à Saint-Martin-des-Champs (Finistère), Marie-Ange est pour le moment troisième du concours de pronostics organisé pour l'Euro de football, et elle compte bien le rester après la deuxième rencontre des Bleus à Budapest, samedi 19 juin. La résidente de 73 ans, née à la même époque qu'Alain Giresse, a réfléchi, réfléchi… puis fait son choix : "J'ai mis victoire de la France, 3-0." Mais attention à l'excès de confiance ! Sa copine Yvonne, 87 ans, qui "ne regarde que les premières mi-temps des matchs" parce qu'après elle s'endort, revient foooort derrière.
Dans cet établissement pour personnes âgées, c'est l'animatrice Nathalie Vignard qui s'occupe de mettre à jour le classement et de l'afficher dans l'entrée. C'est que madame dispose maintenant d'un joli palmarès en la matière : "On avait déjà fait ça pour l'Euro 2012, l'Euro 2016 et la Coupe du monde 2018, raconte-t-elle. Il y a 19 participants cette année, c'est un mélange de résidents et de membres du personnel de l'Ehpad. Les cuisiniers, les soignants…"
"Bidouilles à l'ancienne" sur Excel
Chez les Armand, on pronostique en famille, et c'est Augustin l'ambianceur. "On est une dizaine en tout, on joue entre beaux-frères, belles-sœurs, parents, frères et sœurs, détaille ce responsable informatique chez Auchan. Chacun avait jusqu'à 20h59, vendredi 11 juin, pour m'envoyer par mail le vainqueur et le finaliste. Je leur avais aussi demandé la minute du premier but de la finale, ça peut servir en cas d'égalité."
"Attention, c'est sérieux. Pour ne pas qu'on me reproche la moindre triche, moi je ne joue pas. J'observe, c'est tout."
Augustinà franceinfo
Jérémie Deyres et sa douzaine de concurrents ont, eux, carrément un groupe WhatsApp spécial où "on se chambre beaucoup, beaucoup". "Il y a des Marseillais, des Bordelais, liste ce technicien de maintenance pour le tramway à Bordeaux. Mieux vaut être bien classé pour être épargné. Pour l'instant, ça va, je suis sur le podium. Lors d'Espagne-Suède, je suis le seul à avoir mis match nul, tout le monde m'a dit que j'avais eu de la chance !"
A Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Emmanuel Le Brun a, lui, "bidouillé" quelque chose "à l'ancienne" sur le logiciel Excel. Des colonnes avec les matchs et des cases vides pour indiquer le score. "J'ai demandé à tous mes collègues de pronostiquer les scores de la phase de poules et je referai pareil lors de la phase à élimination directe, décrit-il à franceinfo. Sur les 17 employés de la PME, les 17 ont dit oui. La direction, le stagiaire, l'agent d'accueil, le service communication, les administratifs. Tout le monde, absolument tout le monde a donné ses pronos." Et pas de passe-droit : on a cru comprendre que monsieur le directeur était actuellement bon dernier du classement.
"Même les non-footeux peuvent briller"
Au fil des années, de nouveaux acteurs sont entrés sur le terrain : des applications et des sites internet 100% dédiés aux pronostics sportifs. Le plus connu, Mon Petit Prono (celui-là même qu'utilise la rédaction de franceinfo pour son propre concours, que l'auteur de ces lignes compte bien remporter), recensait plus d'un million d'utilisateurs mardi midi. "C'est déjà plus que les 850 000 qui nous avaient fait confiance pour la Coupe du monde 2018, savoure Martin Jaglin, l'un des cofondateurs. On a des nouveaux inscrits toutes les heures, alors même que la compétition a démarré il y a bientôt une semaine. Si les gens aiment autant ce jeu, c'est que même les non-footeux peuvent briller, tu as beau connaître le foot par cœur, tu ne peux pas deviner le score à l'avance." Il sait de quoi il parle : dans la ligue famille qu'il a créée avec ses proches, "c'est maman qui est en tête".
Dans les couloirs de Scorecast, autre plateforme qui compte 200 000 utilisateurs sur l'Euro 2021, on met aussi en avant "l'émulation que ce type de concours peut créer au sein d'une entreprise ou d'un groupe". "C'est une manière de se challenger différemment, sans enjeux de performance directement liés au travail", analyse sa directrice générale, Anne Marie Cano. "Après l'année qu'on vient de passer avec le Covid, un peu en télétravail, un peu en présentiel, c'est clair que ça fait un bien fou, ça ressoude les équipes", souffle Emmanuel Le Brun.
"Une collègue, qui est pourtant en congé maternité, tenait aussi à participer au concours."
Emmanuel Le Brunà franceinfo
Il n'y a pourtant pas toujours quelque chose à gagner. Chez Mon Petit Prono, il n'est pas prévu que le grand vainqueur descende les Champs-Elysées à bord d'un bus à impériale. "Ce sera une victoire pour l'honneur", résume Martin Jaglin. Chez les Armand, Augustin a mis quelques billets de côté pour que le gagnant puisse s'acheter le maillot de son choix. A Vitry-sur-Seine, Emmanuel Le Brun a fait un crochet par Decathlon pour "aller chercher un petit trophée" qui sera remis au retour des congés d'été. Dans notre Ehpad breton, "on prévoit de transformer la salle principale en fan zone si la France va en finale". Quant à Jérémie Deyres, lui va peut-être devoir se rapprocher de la mairie de Mios (Gironde) : il a promis de demander en mariage sa compagne Jessica Leblanc… si les Bleus sont sacrés champions d'Europe.
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