Que devient la première dauphine, "la roue de secours" des Miss France ?
Passée tout près du sacre et des honneurs, la première dauphine est surtout la première perdante du concours Miss France. Plusieurs d'entre elles se sont confiées à franceinfo. Et, finalement, elles ne sont pas déçues d'avoir perdu.
Au début, la jeune femme arbore une simple écharpe régionale parmi 30 autres. Puis elle entre dans les 12, contente que l'aventure se poursuive un peu. Elle intègre ensuite le top 5... La pression monte, mais le chemin est encore long. La quatrième dauphine est désignée, puis la troisième, enfin la deuxième... A ce moment, impossible de ne pas y croire. "Quand on n'est plus que deux, on plonge dans un grand moment de pression, on est tout proche de ce qu'on veut, on ne ressent plus ni le chaud, ni le froid", décrit Morgane Edvige, première dauphine d'Iris Mittenaere, Miss France 2016.
Et puis, tout s'arrête. Les projecteurs se braquent sur le visage qui se tient à côté. Une bise à la gagnante, une écharpe de consolation et on retourne applaudir avec les éliminées. "C'est vrai, je n'aurais pas craché sur la couronne", admet Virginie Dechenaud, première dauphine de Miss France 2010. Mais la première réaction, ce n'est pas de la déception. "Plutôt une petite frustration... C'est dommage." Pour Morgane Edvige : "Oui, il y a un petit peu de déception mais bon, il faut bien une gagnante. Et puis on est quand même très contente d'être arrivée là ! D'autant qu'on réalise qu'être Miss serait une grande responsabilité."
Cette année, c'est la Miss Corse Eva Colas qui est arrivée à la seconde place du concours 2018, samedi 16 décembre. Les anciennes premières dauphines que franceinfo a contactées affirment néanmoins garder un sentiment très positif de leur expérience, malgré la désillusion de la soirée. Une seule d'entre elles a préféré décliner un entretien car elle ne souhaite plus être associée à cette expérience.
"Première dauphine, c'est un peu comme Miss France, la médiatisation en moins"
Virginie Dechenaud et Jenna Sylvestre, première dauphine 2011, gardent un souvenir similaire de leur expérience en tant que remplaçantes de Miss France. Car les numéros deux ne perdent pas tout ! Elles sont beaucoup sollicitées par la société Miss France au cours de l'année et suivent l'aventure de la gagnante au plus près. "Je n'en garde que du positif", affirme avec aplomb Jenna, ancienne Miss Languedoc-Roussillon désormais âgée de 28 ans. Toutes deux ont repris leurs études dès la fin du concours et ont mené leur année de dauphine en parallèle de leur vie d'avant.
Quand on prépare Miss France, on le sait, on est prête à tout abandonner. Mais je suis retournée à ma vie.
"C'était une année très rythmée. Pendant un an, j'ai suivi Miss France dans toute la France pour les élections des Miss régionales. Je l'ai également accompagnée au Mexique", raconte Jenna Sylvestre qui, à peine le concours passé, a dû se replonger dans ses cours de marketing pour les examens du premier semestre. "En fait, première dauphine, c'est un peu comme Miss France, la médiatisation en moins." Une expérience qu'elle ne regrette en rien, malgré des week-ends très chargés : "Ce n'est qu'une fois dans une vie. Et puis, de toute façon, ça ne m'a pas empêchée de valider mon master."
Selon elles, le comité d'organisation du concours Miss France les incite à penser à leur avenir dès la préparation de l'élection. "On nous répétait : 'Miss France, ce n'est pas un métier'", se rappelle l'une d'elles. Et surtout, elles assurent que l'organisation les laisse totalement libres de gérer leur temps comme elles le souhaitent. "On était très libres, estime Jenna Sylvestre, nous étions invitées à des événements que nous pouvions décliner. Mais on y allait quand même, simplement parce qu'on a envie de vivre les choses à fond." "A la différence de Miss France, la première dauphine n'est pas salariée, donc c'est normal de penser à l'après", raconte Virgine Dechenaud, qui a obtenu, elle aussi, son master de marketing et qui travaille aujourd'hui dans une collectivité locale de l'Isère.
Miss France, c'est comme un tremplin de notoriété, on intéresse tout le monde parce qu'on est vue.
Mais, pour elle, la transition n'a pas été si simple. Son diplôme en poche et son écharpe à peine rangée au placard, elle décroche un poste en tant qu'attachée de presse au Conseil général, alors sous la présidence d'André Vallini. Ce dernier est accusé de harcèlement moral à l'encontre d'une de ses anciennes collaboratrices et plusieurs dents ont grincé à l'annonce de l'embauche d'une ancienne Miss Rhône-Alpes. "Effectivement, ça a été un épisode médiatique douloureux, d'autant qu'il y a eu des problèmes avec des collègues. J'ai dû faire mes preuves", explique-t-elle, quatre ans après les faits.
Dîners, galas et surtout carnet d'adresses
Si être première dauphine n'offre pas la même stature que la numéro un, les événements auxquels ces jeunes femmes sont conviées leur ouvrent tout de même de nombreuses portes. "On participe à des dîners, à des galas... On se fait un très beau carnet d'adresses", décrit Morgane Edvige. Aujourd'hui responsable commerciale d'une entreprise de produits de coiffure, Jenna Sylvestre a d'abord été l'égérie de la marque qui l'emploie. Un exemple du "réseau" que peut fournir l'exposition du label Miss France.
Aujourd'hui, avoir été première dauphine n'a plus trop d'impact dans ma vie. Même si chez moi, je serai toujours "la Miss" pour les gens dans la rue.
Même son de cloche du côté de Virginie Dechenaud : "C'était vraiment le moment de sortir mon carnet d'adresses ! Après, on doit se débrouiller. Lorsque vous êtes première dauphine, vous êtes démarchée par des agences qui peuvent chercher le scandale." Les journaux people font leurs choux gras des photos osées d'anciennes participantes. "A nous de faire le tri dans les propositions. Je pense l'avoir mieux vécu que les filles plus jeunes (elle avait 24 ans en 2010). Il faut avoir un peu de maturité pour accepter de passer tout près du titre."
Morgane Edvige reconnaît qu'elle n'était pas totalement armée pour son année de première dauphine. "Dans notre préparation, il y a une simulation de Top 5. C'était court mais très important car on est un peu la roue de secours si la Miss France est blessée, ou malade." Mais, bien que fatigante, l'expérience restera largement positive, selon la Martiniquaise. Prophète en son pays, Morgane Edvige ne peut "pas faire un pas" tant ses admirateurs sont nombreux. A tel point qu'elle a hérité du surnom de "fiancée de la Martinique" sur son île. Elle résume le sentiment partagée par ses deux aînées : "Mise à part la déception au moment de l'annonce. Miss France nous a apporté tellement de choses !"
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