Star Wars Battlefront II : quand le jeu vidéo rejoint le mythe cinématographique
Ils s'appellent Chris Matthews et Mitch Dryer et ils sont respectivement directeur artistique et co-scénariste pour "Motive", l'un des trois studios ayant participé au développement du jeu. A l'heure actuelle, la version bêta du mode multijoueur est déjà en ligne mais la franchise tente de maintenir le plus grand secret autour de la campagne, ce mode de jeu en solo, et hors ligne, dans lequel le joueur est plongé dans l'histoire des héros de la saga. Pour découvrir ce mode solo, il faudra attendre le 17 novembre 2017, date de la sortie officielle du jeu.
Mitch Dryer ne décroche pas du jeu. Il a beau connaître par coeur toutes les répliques des cinématiques (puisqu'il les a écrites), et toutes les solutions des premières missions du jeu, il reste, manette en mains, plongé dans cet univers qui le fascine tant. "C’est littérallement un rêve en tant que scénariste de travailler pour la saga Star Wars, de contribuer à un univers qui t’a formé. C’est vraiment excitant d’avoir la chance de pouvoir ajouter sa pierre à l’édifice dans un truc aussi énorme que Star Wars, surtout avec le soutien de LucasFilm", s'exclame-t-il plein d'étoiles galactiques dans les yeux. "C'était une chance inespérée, un véritable cadeau du ciel" ajoute Chris Matthews.
Un accès illimité aux archives LucasFilm
Il faut dire que les conditions de production du jeu ont été idéales. Un travail en étroite collaboration avec LucasFilm, les producteurs de la saga cinématographique, mais aussi et surtout un accès sans précédent à leurs archives : manuscrits, dessins, modélisations 3D. C'est un trésor inestimable pour qui veut créer un jeu vidéo qui soit le plus fidèle possible à l'univers Star Wars. "Nous avons même pu scanner le modèle du Super Star Destroyer pour en faire une réplique à l’identique dans une scène du jeu" raconte Chris Matthews. "C’était essentiel pour nous, car Star Wars Battlefront II devait s’inscrire complètement dans l’univers narratif de Star Wars, dans la chronologie des films".Culturebox a eu la chance de pouvoir tester les trois premières missions du mode campagne du jeu. Et dès le début de cette "démo", les renvois à la mythique saga du 7e art sont bien là. A commencer, bien évidemment, par le célèbre prologue en texte déroulant : "Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine..." Souvenez-vous, cela ressemblait à ça...
Les couleurs, les textures, les effets graphiques, ainsi que les décors, les tenues des personnages, les vaisseaux spatiaux : jusque dans les moindres détails, le rendu est authentique et conforme à l'esprit Star Wars. "Pour certains éléments, nous avons littéralement fait correspondre image par image le jeu et le film, jusqu’à ce que LucasFilm ait le sentiment que le jeu soit tout à fait authentique et en accord avec la saga", raconte Chris Matthews. Les batailles spatiales n'en sont que plus réalistes et immersives...
La seule différence, c'est que le joueur n'est plus simple spectateur, mais bien sujet à la première personne de la narration. La seule ? Pas tout à fait. Un autre changement est à souligner, et pas des moindres. "Dans chaque conflit, quelque soit le camp dans lequel vous êtes, vous avez toujours l’impression d’être "les gentils". Jusque là, on avait toujours dit aux fans de Star Wars que les gentils étaient du côté lumineux de la Force, et on ne parle que de leurs histoires, pas de celles des héros de l’Empire", regrette Chris Matthews. "Le camp qui m’a toujours le plus fasciné dans Star Wars, c’est le côté obscur de la Force, ajoute Mitch Dryer. Des personnages comme Dark Vador et Dark Maul, Bobba Fet, l'Empereur Palpatine, tous ces personnages ont des passés mystérieux."
Pour prendre le contrepieds (ou plutôt le contrechamps) de la saga cinématographique, Star Wars Battlefront II raconte les tribulations d'Iden Versio, une femme-soldat qui commande l'escouade Inferno, une unité des forces spéciales... de l'Empire. Bref, "les méchants".
Alors forcément, un même événement peut avoir une connotation tout à fait différente lorsque l'on se retrouve dans le camp adverse. Ici, pas de cris de joie lorsque l'Etoile de la Mort II, cet astre artificiel créé par l'Empire et capable d'annihiler des planètes entières, est détruite par l'Alliance Rebelle...
Pour les créateurs, il n'a cependant jamais été question de diaboliser le camp opposé aux Rebelles, mais au contraire de leur redonner... leur humanité. "Je me suis dit que c’était intéressant de révéler les mystères de l’Empire, qui sont les gens qui en font partie, quelles relations, quelles amitiés existent entre eux ? J'ai aussi voulu montrer un camp dans lequel tout le monde n’est pas toujours d’accord avec comment l’Empire fonctionne. Il y a des personnages qui sont en conflit les uns avec les autres, alors même qu’ils sont amis", explique Mitch Dryer.
Le jeu complète la chronologie de la saga
Le jeu recherche une certaine complémentarité avec la saga. Dans le récit des aventures des héros de l'Empire, mais aussi dans la place qu'il occupe dans la chronologie Star Wars. L'explosion de l'Etoile de la Mort II intervient à la fin de l'épisode VI "Le Retour du Jedi". C'est le point de départ de la narration de Star Wars Battlefront II. Pourquoi ? Parce que vingt-hui ans séparent la narration de l'épisode VI et celle de l'épisode VII "Le Réveil de la Force", vingt-huit années dont les films parlent peu. Un territoire inexploré, et une "opportunité en or pour écrire un scénario" pour Mitch Dryer. "D’un côté il y a la montée en puissance de la Rébellion, la chute inévitable de l’Empire et ce qui suit. Ce sont des moments cruciaux pour la Galaxie et pour les personnages", renchérit-t-il.Star Wars Battlefront II se la joue "spin-off" si l'on peut dire. Le jeu parvient à créer des liens entre les différents segments narratifs sur la frise chronologique de la saga. Pour le dire simplement, il complète le vide temporel existant entre les films. Il permet notamment de suivre des personnages sur cette période, afin de donner des clefs de compréhension pour la troisième trilogie qui a commencé avec "Le Réveil de la Force" et qui sera de retour au cinéma le 15 décembre 2017 avec "Les Derniers Jedi". C'est le cas notamment de Luke Skywalker et de Kylo Ren (le "méchant" dans "Le Réveil de la Force") que l'on croisera au fil de ce mode solo.
Seul bémol : faire partie de la famille Star Wars, c'est aussi accepter la pression et les responsabilités qui vont avec. A l'approche du 17 novembre, date de la sortie officielle du jeu, Chris Matthews sait que le jeu aura la lourde tâche d'être à la hauteur des attentes. "Les fans de Star Wars sont probablement les plus passionnés sur la planète..." Si ce n'est de la galaxie...
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