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Tunisie : des salafistes empêchent la tenue d'un spectacle comique

Des militants islamistes radicaux ont empêché mardi soir la tenue dans le nord de la Tunisie d'un spectacle du célébre comique Lofti Abdelli, a indiqué mercredi l'intéressé. Une information confirmée par le ministère de la Culture tunisien qui, dénonçant une atteinte à la liberté d'expression, s'est pourvu en justice.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Lofti Abdelli, comique tunisien.
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"Une atteinte à la liberté d'expression" selon le ministère
Le ministère indique dans un communiqué que "l'attaque par des personnes associées à la mouvance salafiste de la maison de la culture Bayrem Ettounsi dans la ville de Menzel Bourguiba" a empêché la tenue du spectacle de Lofti Abdelli titré "100% halal". "Ce genre d'agissements constituent une atteinte à la liberté d'expression et une menace dangereuse pour le droit à la culture", poursuit la même source, précisant que "ses services compétents se sont pourvus en justice".

"Les forces de l'ordre ne sont pas intervenues" souligne le comique
Lofti Abdelli a pour sa part indiqué à la radio Mosaïque FM que l'imam de la ville avait appelé à empêcher son spectacle, l'accusant d'offenses à l'islam. "Des +barbus+ se sont présentés à mon spectacle (...) ils ont posé leurs tapis de prière dans la salle de spectacle le matin et ont dit qu'ils allaient prier toute la journée ici", a-t-il raconté. 

"Les forces de l'ordre étaient là et nous ont dit qu'elles n'avaient reçu aucun ordre pour intervenir", a poursuivi Lofti Abdelli "J'ai eu peur, je ne suis pas superman. J'étais là pour faire passer une bonne soirée et rire et pas pour me battre", a-t-il conclu.

Lofti Abdelli extrait de "Made in Tunisia, 100% Halal"

L'opposition accuse le parti au pouvoir de laxisme
Les salafistes avaient déjà attaqué en juin une exposition d'art dans la banlieue de Tunis la jugeant insultante pour l'islam, provoquant des violences dans plusieurs régions et l'introduction d'un couvre-feu.

Le parti islamiste Ennahda, qui dirige la coalition au pouvoir, a condamné cette attaque mais l'opposition estime qu'il manque de fermeté à l'égard des militants fondamentalistes.

Des ONG et des opposants dénoncent aussi un projet de loi rédigé par Ennahda qui prévoit des peines de prison ferme pour "les atteintes au sacré".

Deux jeunes tunisiens ont par ailleurs été condamnés en juin à de lourdes peines de prison pour trouble à l'ordre public et atteinte à la morale après avoir publié sur Facebook des caricatures du prophète Mahomet.

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