Une pièce de théâtre sur l'affaire DSK : morceaux choisis
Ecrite par Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien, qui en signe également la mise en scène, "L'Affaire" ne cite aucun nom de famille mais est suffisamment explicite : Dominique est patron du FMI et multiplie les conquêtes. Sa femme s'appelle Anne. On croise également Nafissatou (Diallo), Martine (Aubry) ou Angela (Merkel).
Cela fait plusieurs années que Philippe Adrien organise en fin de saison au théâtre de la Tempête le festival Théâtre à Vif ou sont jouées des pièces inspirées de l'actualité récente.
Monter une telle pièce est "un défi au théâtre dramatique: le traitement d'une affaire qui relève de l'actualité la plus récente, dimension à ne jamais oublier sous peine de voir le théâtre devenir une langue morte", explique Philippe Adrien sur le site internet du théâtre.
C'est "une énigme. Et un enjeu pour le théâtre : fouiller dans la poubelle des médias. Faire le tri et resituer l’affaire dans l’obscénité de l’époque (libéralisme économique, pornographie tous azimuts, crise financière, triomphe de la com. et du spectacle, avec pour seul antidote le contrôle que l’on exige des états comme des individus). Refaire le chemin de cet homme qui, coûte que coûte, va au bout de son désir", poursuit le texte de présentation de la pièce.
Philippe Adrien dresse un parallèle entre DSK, "grand seigneur libertin égaré dans notre siècle" et l'histoire du marquis de Sade. Pour lui, l'ancien président du FMI est "victime de son envergure, de ses talents, et de son ambition politique. Pour beaucoup un homme à abattre, le seul à payer dans cette époque qui donne l’exemple d’une obscénité sans égale. Mais au fond, qu'est-ce qu'on lui reproche, et à quoi sert-il ?".
Pierre-Alain Chapuis, qui incarne "Dominique" est de l'avis des témoins très convaincant dans ce vaudeville qui au fond, avec sa communication hystérique (portables, Sms etc...), se penche par-delà le cas DSK, sur les maux de notre société clignotante.
A noter que le texte de la pièce est en vente en téléchargement sur les sites de la maison d'édition numérique Syllabaire, Amazon, Apple, mais aussi sur ibookstore et kindlestore, au prix de 2 euros 68
"L'Affaire" jusqu'à dimanche 17 juin
au Théâtre de la Tempête
Réservations : 01 43 28 36 36
EXTRAIT
Dans un bureau d’EURO RSCG Sur les Champs Elysées
Dominique envoie un sms « Sandra, je te veux »
SEBASTIEN Arrête Dominique ; si tu prends pas les devants, c’est les autres qui vont ressortir toutes tes histoires de cul et tu vas te faire défoncer le derrière.
DOMINIQUE « Je repense à la fois où je t’ai défoncée dans la bagnole » Et alors ? Ca me regarde ?
SEBASTIEN Dominique, arrête. Si tu veux le job, sois sérieux ;
DOMINIQUE Je suis sérieux, ça va, je fais gaffe. « Viens me voir la semaine prochaine à Washington » Je suis clean. Dominique envoie le sms
BRUNO Alors c’est quoi ça ? Il sort une photo de l’enveloppe
DOMINIQUE Elle vient d’où cette photo, qui c’est qui l’a prise ?
BRUNO T’occupe. Cette fois c’est à nous qu’on l’a proposée et c’est nous qui l’avons achetée.
SEBASTIEN Mais le jour où on aura affaire à des gens malhonnêtes, la même photo, ils la vendront deux fois ; d’abord à nous, ensuite à ceux d’en face.
DOMINIQUE A qui tu l’as achetée cette photo ?
BRUNO C’est fini, terminé Dominique. Ceinture. Ta queue tu la mets dans un coffre fort, et basta.
Dominique reçoit un sms « Tout ce que tu veux, tout, cette fois je t’arrêterai pas, mais je veux te voir maintenant, dépêche toi mon salaud que j’adore »
Dominique fait la moue. Dominique tape un sms: « Je voudrais bien te baiser tout de suite ma belle, mais...» ...
BRUNO Tu t’arrêtes ou alors tu te trouves d’autres communicants pour s’occuper de toi. Nous on veut que tu sois président, on fera tout pour, et on dit : c’est possible mais à une condition.
SEBASTIEN On en a une overdose de rattraper tes coups. Tu arrêtes sinon on signe pas avec toi.
DOMINIQUE soudain impérieux Donne-moi le contrat. Allez, donne-moi le contrat. Bruno lui donne le contrat, Dominique signe. C’est moi le patron, hein, c’est moi le patron, il faut être clair, alors me faites pas chier avec votre morale à la con. Je ne serai pas le premier président à faire des parties fines, mais faites moi confiance, au palmarès, je serai pas le dernier.
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