Une nuit arabe, la nouvelle création des Célestins à Lyon
Le lever de rideau dévoile une structure métallique de trois étages, reconstituant un grand immeuble moderne, comme il en existe des milliers dans les villes occidentales… Une musique arabisante enveloppe la scène. Fatima, les bras chargés par des sacs de courses, laisse échapper ses clés devant la porte de l’appartement qu’elle occupe avec sa colocataire. Un homme, vêtu d’une blouse bleue, sans doute le concierge, lui propose son aide…
Immédiatement, l’écriture (quasi-cinématographique) surprend : les monologues intérieurs interrompent l’action et les dialogues. On semble lire dans les pensées de chacun des cinq personnages qui s’entrecroisent, souvent sans se voir, et dont les histoires s’entremêlent. Pour autant, ce flot de paroles ne tombe jamais dans la cacophonie. Il se dégage de cette "Nuit arabe" une indiscutable fluidité, servie par une mise en scène très chorégraphiée. Les comédiens, toujours en mouvement (deux d’entre eux jouent d’ailleurs les acrobates), évoluent dans un décor mobile. Ces mêmes comédiens font tourner l'escalier sur lui-même à chaque nouvelle scène.
Comme prises dans un tourbillon, ces tranches de vie ordinaire vont former, petit à petit, une histoire extraordinaire. On croît reconnaître dans cette fable du 21e siècle des lieux et des personnages empruntés aux contes de Grimm et des Mille et une nuits : Blanche-Neige, le Loup, le génie dans sa bouteille, le harem d’un cheik sanguinaire qui rappelle l’histoire de Shéhérazade… Rien d’étonnant si l’on sait que l’auteur de "Une nuit arabe", allemand, a longtemps vécu à Istanbul (ville dont il est question dans cette pièce).
C’est, entre autres, cette thématique de l’Etranger, très présente dans l’œuvre de Schimmelpfennig, qui a séduit Claudia Stavisky…
"Une nuit arabe" a-t-elle pour autant une portée politique ? Cette pièce, écrite en 2000, trouve-t-elle un écho particulier avec l’actualité des pays arabes ? La réponse de la metteuse en scène reste prudente…
En mars 2011, la directrice des Célestins a adapté une autre pièce de Roland Schimmelpfennig, "Le Dragon d’Or". Bien que l’auteur l’ait écrit indépendamment de "Une nuit arabe", Claudia Stavisky a eu l’idée de réunir les deux pièces, comme un diptyque. Lors de certaines représentations, elles sont jouées l’une après l’autre…
"Une nuit arabe / Le Dragon d’or" - Calendrier des représentations
Jusqu’au 16 octobre 2011 : Théâtre des Célestins à Lyon.
Du 3 au 10 novembre 2011 : Théâtre de la Manufacture à Nancy.
Les 22 et 23 novembre 2011 : Nouveau Théâtre d’Angers.
Du 29 novembre au 3 décembre 2011 : La Criée – Théâtre national de Marseille.
Du 13 au 16 décembre 2011 : Théâtre national de Bordeaux.
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