À peine installé, le public assiste à une foire d'empoigne parlementaire. Sur scène, se trouve le président de l'Assemblée nationale, alors que des députés éructent des insultes hilarantes depuis les gradins, le ton est donné. Changement de décor, la pièce s'installe dans un hôpital psychiatrique délabré, y défilent un député d'extrême droite, une femme dépressive fan du chanteur Christophe, un cadre de 55 ans viré par de jeunes patrons adeptes de la novlangue managériale. "On croise les personnages en entretien psychiatrique, explique le metteur en scène Jean-Christophe Meurisse, on les voit vivre avant, après et il y a par exemple ce cadre de 55 ans, poussé à la retraite par des nouveaux requins du nouveau capitalisme pseudo écolo.""On se demande, qui est vraiment fou ? Ceux qui le sont ou ceux qui sont dans une normalité productrice ? On va loin, très loin et on l'assume."Jean-Christophe MeurisseDans ce barnum, joué jusqu'au 3 décembre à la grande Halle de la Villette à Paris, la troupe virtuose se débat parfois dans des mares de sang et de déjections, c'est notre humanité qui tente de survivre, avec de vrais moments de tendresse. Accro à l'humour potache et à l'irrévérence, Les chiens de Navarre n'épargnent personne et se moquent du politiquement correct. "Je ne supporte pas la cancel culture, le fait qu'on ne peut pas rire de tout, soupire Jean-Christophe Meurisse. Bien sûr, on peut être mauvais dans ce registre-là, mais il faut garder cette liberté d'humour. C'est comme 'Charlie Hebdo' dans notre culture, la puissance du rire est salvatrice." Une nouvelle fois Les Chiens de Navarre se sont renouvelés, nouvelles têtes, nouveaux talents mais la même énergie sur scène pour secouer l'air du temps, se moquer de tout sans retenue. Théâtre : Avec "la vie est une fête", les Chiens de Navarre souhaitent garder "cette liberté d'humour" - le reportage de Thierry Fiorile écouter