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"Novecento" au Théâtre des Célestins, Dussollier mène son bateau à bon port

André Dussollier portait dans sa valise ce projet depuis très longtemps. En la posant sur la scène du théâtre des Célestins, à Lyon, en ouverture de "Novecento", il déroule enfin cette histoire extraordinaire d’un pianiste qui ne quitta jamais son navire.
Article rédigé par franceinfo - Franck Giroud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Portrait d'André Dussollier
 (DR)

Puisqu'il s’agit de musique et de musicien, le comédien et metteur en scène a choisi non le solo, mais le dialogue paroles et musiques, pour conter le destin de ce pianiste né et abandonné sur un paquebot. La pièce reprend le texte d’Alessandro Baricco, nous narrant l’étrange destin de cet enfant abandonné dès sa naissance sur un bateau et élevé par les matelots. Il deviendra pianiste de jazz dans les années 20 et ne quittera jamais le navire malgré toutes les sollicitations.

Ainsi, de traversée en traversée, au fil des voyages, de la première à la troisième classe, il intrigue les voyageurs. On le provoque en duel musical, on l’incite à franchir la passerelle pour la terre ferme, mais rien n’y fait. Son monde est là, sur le bâtiment flottant. Sa vie rythmée par les 88 touches de son clavier. Il ne vit le monde extérieur qu’au travers des récits des passagers.

Cinq interprètes pour un monologue

L’histoire en elle-même est assez extraordinaire, tout à la fois phénoménale, poétique et touchante. Si le personnage central est le pianiste Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento, le monologue est placé dans la bouche du trompettiste qui l’accompagnait dans l’orchestre sur le bateau. André Dussollier a donc poussé jusqu’au bout la démarche musicale et s’est entouré d’un quartet de jazz, piano, trompette, batterie, contrebasse, pour nous embarquer sur l’océan, dans la traversée de la vie de Baricco.

Il s’agit d’un monologue, mais l’énergie du comédien nous fait vivre tous les personnages qui peuplent ce bateau, avec fougue, légèreté et humour. André Dussollier se démultiplie en capitaine, en matelot, en passager, pour incarner les dialogues. Et lorsqu’il s’agit d’évoquer les états d’âme de notre héros, la musique prend le relais, par petites touches dixieland ou piano solo, bourrées de citations jazz et classique.

La musique participe pleinement à la narration tout comme les décors faits de quelques accessoires et de projections de dessins en fond de toile de scène. Le scénographe Pierre-François Limbosch évoque les éléments du paquebot dans des atmosphères proches de dessins de Loustal. La voix du comédien est sonorisée tout comme la musique, créant une distance avec le personnage et la salle.

Ainsi environné et porté, André Dussollier évolue dans ce livre d’images illustrées. Avec une poésie légère, à la façon des contes à l’ancienne pour les veillées au coin du feu, ou des livres-disques pour enfants, il nous embarque pour une croisière dans le monde intrigant du pianiste-phénomène "Novecento".

"Novencento " d’A. Baricco, adapté et mis en scène par André Dussollier, au Théâtre des Célestins (Lyon) jusqu’au 9 novembre. 
Au Théâtre du Rond Point (Paris) du 12 novembre  au 6 décembre 2014 puis du 11 décembre  au 10 janvier 2015.

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