Michel Vuillermoz, de la Comédie-Française, renoue avec "la folie" du OFF
"Sortir du confort de la Comédie-Française me fait un bien fou", assure le comédien qui approche les 50 ans. "C'est une très belle aventure", ne cesse-t-il de répéter, enthousiaste.
Dans le fouillis théâtral du OFF où se pressent un millier de compagnies, il accueille en personne la cinquantaine de spectateurs que peut contenir le minuscule théâtre du Verbe Fou. A l'affiche, une pièce de l'écrivain autrichien Peter Handke, "Introspection", interprétée par Laurence Colussi, qu'il met en scène chaque jour pour 50 minutes.
"Au printemps, on a eu l'opportunité d'une salle au Verbe Fou. Laurence avait envie de jouer ce texte depuis très longtemps. En 30 secondes, c'était décidé", raconte le comédien à l'AFP. "Je suis très content de revenir pour le texte de Handke, pour Laurence dans ce spectacle et avec le pari de le faire 22 fois de suite", affirme-t-il. "Je me suis dit, si on le joue, on ne fait pas de relâche, on le joue en continu", ajoute-t-il, soucieux de "tenir ce marathon des trois semaines dans toute la folie ambiante".
Michel Vuillermoz était venu dans le OFF à 22 ans, en 1986 et 1987, avant même son entrée au Conservatoire. En 1995, il était invité dans le IN, le festival officiel. "Le IN, ce serait plus ma place, naturellement", convient l'acteur, connu pour son rôle dans "Cyrano de Bergerac" à la Comédie-Française, mis en scène par Denis Podalydès, mais aussi pour ses rôles au cinéma comme dans "Bon
voyage" de Jean-Paul Rappeneau ou "Un long dimanche de fiançailles" de Jean-Pierre Jeunet.
Michel Vuillermoz dans le rôle de Cyrano de Bergerac en 2007:
"Je tracte timidement"
"C'est très bien de revenir aux fondamentaux, d'aller chercher le public", assure l'acteur. "Parce que c'est vrai qu'au Français, on a la chance de pas avoir ce souci de fréquentation". "Alors que dans le OFF, je ne sais pas aujourd'hui combien de spectateurs
il y aura", dit-il, confiant tout de même dans le bouche à oreille, principe de base sur lequel fonctionne ce festival de compagnies indépendantes.
"J'accueille le public, ça me semble la moindre des choses, en tant que metteur en scène", raconte-t-il. "Ca me fait beaucoup de bien de faire ma lumière, de ranger la salle, de regarder s'il n'y a pas de papiers qui traînent par terre, de surveiller si la clim marche bien, de vérifier le son, d'installer les chaises", énumère-t-il.
A la Comédie-Française, admet l'acteur, "on est dans le luxe, hors du monde du théâtre, de la violence de plein d'acteurs qui ne travaillent pas, de théâtres qui n'ont plus de subventions, de centres dramatiques qui se bagarrent".
Il évoque "cette folie furieuse du tractage", au OFF d'Avignon, autre principe fondamental du festival. "Moi, je tracte très timidement. Quand j'ai distribué 30 tracts dans la journée, j'ai fait une bonne journée", dit-il. "J'avais pensé, les tracts, il faut en faire un paquet. J'en ai fait 15.000. J'ai dû en distribuer 250", avoue-t-il.
"J'ai envie d'aller vers les gens. Mais j'ai tellement peur de les déranger", explique le comédien qui passe deux à trois heures chaque jour dans la rue pour démarcher le public. "Mais les gens me reconnaissent, alors souvent c'est plutôt eux qui viennent à moi".
Quant à son actrice, Laurence il dit la "protéger totalement": "Je la prépare comme un cheval de course", dit-il, affirmant surveiller ses heures de sommeil, sa nourriture, dans l'espoir que la pièce sera achetée.
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