Maria de Medeiros : "Mon Avignon à moi"
Le cadre est enchanteur : le jardin du Théâtre des Halles, ancien complexe de sœurs clarisses, aujourd’hui un joli site du Off d’Avignon. Maria de Medeiros nous y retrouve peu après la représentation des "Bêtes", pièce de Charif Ghattas, mis en scène par Alain Timar. Elle évoque pour nous son Avignon, ses lieux, ses rencontres.
Avignon, est-ce un lieu où vous êtes toujours venue ?
Non ! J’y suis venue jeune, oui. A 19 ou 20 ans, j’étais encore élève à la Rue Blanche, nous avons présenté un spectacle à Villeneuve-lès-Avignon mais je serais incapable de vous dire si c’était dans le In ou le Off. Je suis revenue plus tard, dans le cadre du In même si c’était au Cloître de Villeuve-lès-Avignon, avec "La mort du Prince". J’ai le souvenir d’une pièce magnifique, collage de quatre textes théâtraux de Fernando Pessoa avec un acteur portugais extraordinaire, Luis Miguel Cintra, qui a beaucoup joué pour de Oliveira.
Et puis il y a eu le texte de Marie Redonnet également pour le In, "Seaside" dans une mise en scène de Gilles Gleizes qui nous a fait jouer ici, dans ce jardin du Théâtre des Halles, juste à côté du Chapitre où je joue aujourd’hui "Les Bêtes". Donc vous voyez, il y a de longs moments où je ne suis pas venue.
Mais c’est un festival qui représente quelque chose pour vous…
Oui, il représente le rapport au théâtre sans aucun doute, puisque depuis l’école je viens ici. Et puis il y a une histoire parallèle. Quand nous avons présenté le texte de Marie Redonnet, on a répété une partie du temps ici. C’était donc juste avant le début du festival d’Avignon, et ça coïncidait avec un merveilleux festival de cinéma, qui n’existe malheureusement plus. Un festival franco-américain de cinéma indépendant que dirigeait Jerry Rudis, un Américain qui habite la moitié du temps ici. C’était un festival de cinéphiles et très décontracté : tout le monde jouait à la pétanque, dansait, allait voir des films… C’est dans ce contexte que j’ai rencontré, parmi les jeunes réalisateurs indépendants américains invités au festival, Quentin Tarantino. Ça a été une rencontre très marquante dans ma vie (Ndlr : Maria de Medeiros a joué dans "Pulp Fiction"). J’ai de belles histoires avec Avignon.
Etre dans le In ou dans le Off, cela fait une différence pour vous ?
Je crois qu’avec "Les Bêtes", c’est ma première fois dans le Off… Ça ne change rien finalement : le trac est le même. L’investissement, absolument le même, l’exigence artistique aussi.
Quand on est au Festival comme acteur, a-t-on le loisir de voir d’autres pièces ?
J’ai pu aller voir la générale des "Damnés" à la Cour d’Honneur. Il y a certains spectacles qu’on essaie de voir. Ça fait quand-même partie de la magie et de l’excitation d’Avignon d’être en même temps spectateur et sur scène !
Sinon, que fait-on à Avignon ?
Je suis très traqueuse, alors je passe mes journées à me préparer avant d’entrer sur scène. Après "Les Bêtes", je suis vidée et finalement les journées passent très vite avec ce petit rituel !
Vous avez consacré un documentaire à la critique à Cannes. Entre les deux festivals, Cannes et Avignon, la situation assez analogue d’un petit monde qui se retrouve. Mais Avignon a ceci de particulier qu’il s’adresse pleinement au public…
C’est vrai qu’on peut tracer un certain parallèle. Mais, oui, l’accès au public est plus ample ici. Ce qui est fascinant dans les festivals ce sont les idées qui se forment sur les spectacles. A Cannes, ça va très vite, les avis se tissent très vite sur les films mais il y a une telle affluence de films qu’un commentaire laisse rapidement la place à un autre. Ici à Avignon, il y a beaucoup d’offres, mais en même temps les spectacles restent à l’affiche plusieurs jours pour le In, et encore plus pour le Off - nous restons pour "Les Bêtes" pendant toute la durée du festival. Je me demande si les rumeurs se ramifient davantage, si elles ont plus de temps pour s’installer, je ne sais pas, je vais en faire l’expérience.
Maria de Medeiros dans "Les Bêtes" de Charif Ghattas
Au Théâtre des Halles
Dans le cadre du Off d'Avignon
Jusqu'au 28 juillet 2016 à 16h30
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