Les ultra-catholiques mobilisés contre la pièce "Golgota Picnic" à Paris
Tentative de sabotage
Deux hommes évoluant dans la mouvance catholique traditionaliste ont été interpellés alors qu'ils s'apprêtaient dans la nuit de samedi à dimanche à endommager les alarmes du théâtre, situé sur les Champs-Elysées.
Les deux hommes avaient acheté des billets et se sont laissés enfermer dans le théâtre, dont ils ont gagné sans effraction le deuxième sous-sol, selon son directeur, Jean-Michel Ribes.
"On se calme !", demande-t-il en réponse aux intégristes catholiques, dans une vidéo mise en ligne mercredi sur ventscontraires.net.
"Le Théâtre du Rond-Point n'est pas un lieu anti-chrétien, anti-islamique, anti-judaïque", déclare-t-il. "C'est un lieu de création et de libre parole où des artistes viennent s'exprimer sur la société et sur leur volonté de la changer, de l'aérer, et l'on peut être suffisamment subversif pour nous projeter vers de nouveaux cieux", ajoute-t-il.
Crucifixion trash
Les ultra-catholiques, qui considèrent que "Golgota Picnic" de Rodrigo Garcia banalise la "christianophobie ", ont déjà perturbé les représentations données à Toulouse. Objet de leur indignation, une lecture provocante des Evangiles, une scène de crucifixion trash, une peinture du Christ en "putain de diable" et un long épilogue musical interprété par un pianiste nu sur scène.
Des intégristes catholiques avaient déjà manifesté plusieurs soirs en octobre devant le théâtre de la Ville à Paris, pour protester contre la pièce "Sur le concept du visage du fils de Dieu" qu'ils jugent également "christianophobe".
En prévision d'incidents, Jean-Michel Ribes a annoncé "des rondes de chiens toute la nuit et un énorme dispositif policier" à partir de jeudi. Il est conseillé aux spectateurs de se rendre au théâtre une heure à l'avance, en raison des mesures de sécurité.
L’Institut Civitas agitateur
En pointe dans cette agitation, l'Institut Civitas a prévenu sur son site internet que, du 8 au 17 décembre, "pas une représentation de Golgota Picnic à Paris ne se ferait sans une mobilisation des chrétiens devant les portes du Théâtre".
Par ailleurs, ce mouvement, qui se donne comme projet de "rechristianiser la France", annonce une "grande manifestation nationale contre la christianophobie " dimanche 11 décembre jusqu'au théâtre.
Le collectif "Foi et culture: et si on se respectait" a de son côté appelé à un "dépôt de fleurs blanches devant le théâtre" jeudi.
Sur le site internet du diocèse de Paris et sur Facebook, le cardinal André Vingt-Trois a pour sa part demandé aux fidèles de participer "à une veillée de prière à Notre-Dame de Paris" jeudi soir pour protester contre une pièce qui "insulte la personne du Christ en croix".
Liberté de création
En réponse, des organisations comme la Ligue des Droits de l'Homme, la Ligue de l'Enseignement et la Fédération CGT des syndicats du spectacle ont appelé "à soutenir la liberté de création" devant le Théâtre du Rond-Point.
"L'œuvre d'art n'est pas la réalité. Elle est dans la réalité, mais elle en est une représentation. C'est pourquoi l'artiste est libre de déranger, de provoquer, voire de faire scandale", estiment ces organisations dans un communiqué.
Bertrand Delanoë indigné
"Je tiens à dire mon inquiétude et mon indignation devant les menaces qui pèsent sur les représentations de la pièce Golgota picnic de Rodrigo Garcia, au Théâtre du Rond-Point" a dit le maire de Paris Bertrand Delanoë dans un communiqué.
Il rappelle que les menaces qui pèsent sur les représentations de « Gologota Picnic » "font suite à la campagne de haine qui a marqué la série des représentations de la pièce de Romeo Castellucci au Théâtre de la Ville et au Centquatre".
"La liberté de création et d'expression est une valeur fondamentale de notre République. C'est un droit de l'Homme, qui est au coeur de l'identité de Paris" a ajouté Bertrand Delanoë.
Il prévient que "la ville de Paris est déterminée à veiller au respect de ce principe et veillera, dans toute la mesure de ses moyens, à ce qu'il ne soit pas remis en cause".
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