Reportage : F. Grassaud / P. Lachaux / P. Morin / S. Leroy Etablissements providentiels qui offraient aux jeunes filles pauvres un métier et un toit, ou usines à l’ambiance carcérale qui exploitaient les enfants à des fins économiques ? La vérité se situe probablement entre les deux. Au XIXe siècle, alors que la main d’œuvre qualifiée fait défaut, des patrons ont l’idée de créer des usines-pensionnats. Claude- Joseph Bonnet est l’un d’eux. Le fondateur des soieries Bonnet à Jujurieux dans l’Ain accueille jusqu’à 600 jeunes filles pauvres, orphelines ou filles de cultivateurs locaux. Des filles que l’on place à l’usine en échange du gîte, du couvert et d’une éducation rigoureuse, dispensée par les sœurs de Saint-Joseph.Hommage à ces enfants ouvrières Cette histoire, Marie-Hélène Chiocca la découvre à la fin des années 90 lors d’une visite des anciennes soieries aujourd’hui devenues musée. Le destin de ces jeunes filles l’émeut et lui inspire le scénario d’une pièce : « Les Soyeuses ».Mais ça n’est que quinze ans plus tard, en 2013, que l’auteure donne vie à son projet avec l’aide du metteur-en-scène Henri Gruvman. Une visite théâtralisée du musée de Jujurieux qui devient aujourd’hui un spectacle à part entière, porté par les comédiens de la compagnie lyonnaise Mises en jeux. Une œuvre poignante et instructive sur un chapitre oublié de notre histoire.