Le Festival d'Avignon s'ouvre à l'Afrique et à une nouvelle scène, la FabricA
"La banlieue, les quartiers, l'Afrique: nous avons été marqués cette année par ces territoires pleins d'énergie", a souligné la co-directrice du festival, Hortense Archambault, lors d'une conférence de presse.
Du 5 au 26 juillet, la "ville-théâtre" du sud de la France va accueillir quelque 40 spectacles, dont 21 créations et 12 premières en France, avec un budget de 12,7 millions d'euros.
Des représentants audacieux de la scène contemporaine
Hortense Archambault et son alter ego Vincent Baudriller, qui passeront la main l'an prochain à Olivier Py après dix ans d'aventure artistique à Avignon, ont dévoilé lundi une édition "feu d'artifice", où seront présents les artistes les plus radicaux de la scène contemporaine. Invités d'un soir, l'Italien Romeo Castellucci, le Flamand Jan Fabre, qui avait secoué l'édition 2005 par son audace, le Français Frédéric Fisbach, le Suisse Christoph Marthaler, l'Allemand Thomas Ostermeier, entre autres, donneront une lecture ou un court spectacle. Ils ont été tour à tour "artistes associés" du Festival, lui donnant sa couleur particulière au fil des ans.
Cette année, cet honneur revient pour la première fois à un Africain, Dieudonné Niangouna, originaire de Brazzaville, et au metteur en scène français Stanislas Nordey. "On s'est vus très souvent avec les deux artistes associés, on a mangé du crocodile, on a bu de la bière ngock au bord du fleuve Congo pour préparer cette édition", a raconté Vincent Baudriller. Niangouna, auteur, acteur et metteur en scène francophone à la langue foisonnante, créera "Shéda" dans la carrière de Boulbon, un des lieux emblématiques du Festival. Autour de Niangouna, toute une jeune génération du continent africain est invitée cette année, de Brazzaville, Kisangani, Lagos, Ouagadougou et Le Cap.
Emmanuelle Béart et Jeanne Balibar réunies sur scène
Dans le cadre magique de la Cour d'honneur, Stanislas Nordey dirigera Emmanuelle Béart et Jeanne Balibar dans une pièce de Peter Handke, "Par les villages". "Il s'agit d'un poème dramatique. J'avais envie de mettre en scène une parole ouvrière", a expliqué le dramaturge. Il y jouera un écrivain qui part voir son frère ouvrier (Laurent Sauvage) et sa soeur employée (Emmanuelle Béart) après la mort des parents.
Un "Faust" en version intégrale
Quelques jours plus tard, la version intégrale en huit heures en allemand surtitré du "Faust" de Goethe, mis en scène par Nicolas Stemann, étrennera la salle de 600 places de la "FabricA", le nouveau site inauguré pour l'édition 2013 du festival. Ce "Faust" intégral, jamais donné en France, avait créé l'événement au Festival de Salzbourg en 2011.
Parmi les autres événements de 2013, un "Roi Lear" revisité par le metteur en scène français Ludovic Lagarde ("Lear is in town") dans la Carrière de Boulbon et le Cabaret du metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski ("Kabaret Warszawski") à la FabricA.
Dans la Cour d'Honneur, Jérôme Bel, explorateur sans frontières de la danse et du théâtre, mettra en scène 17 spectateurs d'Avignon, qui témoigneront d'émotions fortes ressenties dans ce lieu magique ces dernières années. En clôture, le chorégraphe français Boris Charmatz et la Belge Anne Teresa de Keersmaeker danseront en duo sur la "Partita N°2" pour violon seul de Bach dans la Cour d'honneur.
Naissance de la FabricA
Pour leur dernière année, les deux co-directeurs voient donc aboutir le projet d'un nouveau lieu, à la fois résidence d'artistes, salle de répétition et de spectacle, caressé depuis 8 ans: la "FabricA", construite à 900 m des remparts dans un quartier populaire d'Avignon, et actuellement encore en chantier. Le 5 juillet, le groupe F, basé à Arles et connu dans le monde entier pour ses spectacles pyrotechniques, donnera le coup d'envoi du festival devant la FabricA.
Le bâtiment moderne s'articule autour de trois espaces : un grand rectangle abritant la salle de répétition - transformée en salle de spectacles pendant le Festival - un cloître autour d'un patio accueillant 18 studios, salle à manger et grande cuisine, et un local technique. L'architecte d'origine polonaise Maria Godlewska, dont l'agence est basée à Pantin, en banlieue parisienne, a conçu le projet construit en un temps express (11 mois) pour un budget de 10 millions d'euros apportés par la ville, le département, la région et l'Etat.
La FabricA est implantée à l'articulation de deux quartiers en rénovation, Champfleury et Monclar, sur le site d'un ancien collège qui doit aussi accueillir l'Ecole supérieure d'Art d'Avignon. Elle doit participer à la réhabilitation des quartiers Ouest défavorisés, et impliquer des habitants qui se sentent souvent loin du festival.
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