Le Berliner Ensemble de Bertolt Brecht dans trois pièces cet automne à Paris
Cette salve "brechtienne" commence avec un habitué, le metteur en scène Bob Wilson
La troupe donne vendredi la première française de "Faust 1 et 2", où l'Américain déploie sa vision ironique du mythe faustien. Pour Bob Wilson, qui travaille depuis longtemps avec le Berliner, Faust et Méphisto sont comme le yin et le yang, les deux faces d'une même médaille. La pièce est donnée du 23 au 29 septembre au Châtelet, pour cause de travaux au Théâtre de la Ville, hôte habituel de la troupe.Elle sera suivie en octobre de la reprise du célèbre "Opéra de quat'sous", un pilier du répertoire de la troupe, créé par Brecht et Kurt Weill en 1928. Le maître américain des images a imprimé à l'"opéra des gueux" sa vision poétique et imagée. Son adaptation a déjà triomphé au Théâtre de la Ville en 2009, année qui marquait le grand retour du Berliner à Paris après presque un demi-siècle d'absence. La troupe revient depuis régulièrement avec ses pièces de répertoire comme "Mère courage" en 2014.
Bellorini premier Français invité à travailler au Berliner
"C'est une troupe magnifique, qui a un héritage considérable, avec certains qui sont là depuis très longtemps comme Carmen-Maja Antoni qui joue la mère dans 'Mère Courage' de Claus Peymann depuis 2005", dit Jean Bellorini, premier Français invité à travailler au Berliner. Bellorini, qui a répété à Berlin pendant trois mois, a fortement ressenti "l'héritage" est-allemand du Berliner, "un des seuls théâtres de RDA" avant la chute du Mur. "On sent un rapport particulier au symbole, au théâtre et au politique", juge-t-il.Pour sa première collaboration avec la troupe allemande, il a choisi "Le Suicidé", une comédie féroce du russe Nikolaï Erdman écrite en 1928, interdite en 1932 - son auteur sera envoyé trois ans en Sibérie - et finalement jouée pour la première fois en Russie en 1987. Un brave homme sans emploi trouve, sous la pression de son entourage, la solution à ses déboires: il va se suicider. Sa décision suscite l'enthousiasme : on boit, on mange, on festoie ... jusqu'à ce que le "suicidé" se ravise, trop épris de la vie.
"L'histoire de ce type qui décide de mourir et qui pour la première fois de sa vie se sent vivant, jusqu'à supplier de ne pas mourir, résonne évidemment avec tous ces kamikazes, ces extrémistes d'aujourd'hui", explique Jean Bellorini.
"C'est à la fois une pièce métaphysique et extrêmement vivante, extrêmement drôle, il y a un hymne à la vie extrêmement joyeux."
Jean Bellorini
La comédie noire a rencontré un grand succès lors de la création en allemand au Berliner en février. Claus Peymann, actuel directeur de la troupe, a eu l'idée d'inviter le Français après avoir vu sa version joyeuse et musicale de "La Bonne Âme du Se-Tchouan" de Brecht (2013). "Contrairement à quelques puristes, qui avaient l'impression que la pièce n'était pas dans la ligne +brechtienne+, lui a trouvé que c'était complètement la joie de Brecht, qui n'était pas seulement didactique et sombre.
C'était aussi un amuseur, dans l'Opéra de quat'sous par exemple, Brecht utilise le divertissement comme média politique", assure le Français. Jean Bellorini a exporté en Allemagne son théâtre vif et musical: 14 comédiens - dont Carmen-Maja Antoni en belle mère irrésistible - et deux musiciens portent avec énergie "la langue d'Erdman, très rapide, incisive, âpre, c'est une espèce de Labiche moderne métaphysique", dit-il en référence au maître français du vaudeville.
Le Berliner Ensemble de Bertolt Brecht cet automne à Paris
- "Faust 1 et 2" au Châtelet du 23 au 29 septembre
- "L'Opéra de quat'sous" au Théâtre des Champs-Elysées du 25 au 31 octobre
- "Le Suicidé", 12 au 16 octobre au TGP de Saint-Denis.
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