"J'avais 13 ans" : victimes de harcèlement scolaire ou harceleurs, ils jouent leur propre rôle à Dieppe

À l'occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, des victimes décrivent leurs blessures indélébiles dans la pièce "J'avais 13 ans". À Dieppe, le collectif de théâtre Marilù a pour ambition de briser le silence.
Article rédigé par Inas Hamou Aldja
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jeune fille, anciennement harcelée, joue ce même rôle sur scène quelques années après les faits. (FRANCE 3)

Après avoir exploré la fragilité des femmes et leur invisibilité, le collectif théâtral Marilù se consacre cette année aux souffrances des enfants et des adolescents victimes de brimades, d'insultes et parfois même de violence au sein de leurs établissements scolaires ou sur les réseaux sociaux. C’est à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire que la pièce de théâtre "J'avais 13 ans" a vu le jour.

Margot Tramontana, directrice artistique de la compagnie Marilù, s’est rendue à la mission locale de Dieppe pour l'écriture de la pièce. Elle y a rencontré des adolescents et de jeunes adultes et les a interviewés. Elle a fait la connaissance d'un ancien harceleur. Vincent, aujourd'hui âgé d'une vingtaine d'années, il raconte comment, à l'âge de 13 ans, il était lui-même harceleur et harcelé. Timidement, il avoue : "Sur le coup, je ne m'en rendais pas compte, mais avec le recul, je me rends compte que ce n'était pas bien. C'est pourquoi je suis là aujourd'hui." Son témoignage a été le point de départ de la pièce. D'autres ont suivi.

"Je leur demande de porter leur parole, et non de rejouer ce qu’ils ont vécu. On a essayé d’interroger les mécanismes qui conduisent au harcèlement notamment à travers l’effet meute."

Margot Tramontana

directrice artistique de la pièce

La pièce de théâtre "J'avais 13 ans" sensibilise les jeunes au harcèlement scolaire. (FRANCE 3)

Quand la sonnerie retentit, elle annonce la fin du cours et l'heure de la récréation. Pour la plupart, c’est un moment de détente, mais pour certains, le cauchemar commence. Sur scène, le visage dissimulé derrière un masque blanc impersonnel, une classe de collégiens s'apprête à sortir. Parmi les comédiens, quatre d'entre eux ont vécu réellement le harcèlement et jouent leur propre rôle : Louis, Elodie, Flavien et Naëva, ont chacun enduré leur part de souffrance tout au long de leurs années collège.

La pièce de théâtre lutte contre le harcèlement scolaire.
"J'avais 13 ans" La pièce de théâtre lutte contre le harcèlement scolaire. (FRANCE 3 NORMANDIE : A. Deshayes / F. Pesquet / X. Robert)

"On m'insultait, on me frappait. J'ai perdu toute estime de moi, toute confiance envers les adultes", livre Louis. Si cette confiance est rompue, c'est qu'il n'a pas été entendu par les adultes. Il a eu le courage, à l'époque, de demander de l’aide à la CPE et à ses professeurs. En vain, ils n’ont pas réagi et lui ont répondu que "le harcèlement n’est qu’un jeu d’enfant, l’école de la vie après tout", raconte-t-il dans une interview au Parisien.

"Plus on en parle, plus on aide à guérir"

6,7% des collégiens déclarent cinq violences ou plus de façon répétée en 2022. Le calvaire enduré par ces élèves laisse des séquelles psychologiques persistantes et même avec le temps, difficile de sortir du silence. Monter sur les planches est une manière pour ces comédiens amateurs de prendre leur revanche. Mais l’objectif, surtout, est de briser le tabou du harcèlement scolaire. En évoquant leur expérience sur scène, ils portent un message puissant. "Plus on en parle, plus on aide à guérir."

Prochaine représentation de "J'avais 13 ans" : le 14 novembre au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe, puis le 16 novembre au Casino de Dieppe. Entrée libre sur réservation au 06 84 32 87 74.

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