Une passion communePassion, quand tu nous tiens… S’il y a deux hommes qui partageaient la même passion, c’est bien Jacques Copeau et Louis Jouvet. En 1913 Jacques Copeau qui exècre le théâtre tel qu’il est devenu, figé et prétentieux, entreprend de rénover la scène française et fonde le Théâtre du Vieux Colombier à Paris. Il embauche Louis Jouvet comme régisseur puis comédien. C’est le début d’une profonde amitié qui les liera pour toujours, même si, plus tard, leurs chemins se sépareront. Photo non datée de Jacques Copeau, fondateur du théâtre du Vieux-Colombier en 1913 (AFP) L’aventure commence dans l’enthousiasme. Jacques Copeau veut privilégier l’audace et la création. Il pense déjà à l’ouverture d’une école d’art dramatique. Louis Jouvet, de son côté a tous les talents. Il est tour à tour électricien, accessoiriste, menuisier, décorateur, et bien sur acteur. Son génie explosera dès son retour de Front.Car entretemps la guerre est déclarée, et Jouvet, qui a une formation de pharmacien est mobilisé comme médecin auxiliaire. Tandis que Jacques Copeau, lui, est rapidement réformé pour un début de tuberculose pulmonaire. Pour eux, un long chemin de patience commence, mais aussi une riche correspondance. Et de quoi parlent-ils ? De ce qu’ils vivent au quotidien bien sûr, mais surtout de leur dévotion commune au théâtre ! Louis Jouvet en 1946. L'acteur de cinéma et homme de théâtre prendra en mains en 1934 la destinée du Théâtre de l'Athénée (AFP / Staff) Le bel avenir « Il faut préparer le bel avenir » écrit Copeau « Nous ferons ensemble de grandes choses quand la paix nous sera rendue ! » Et au milieu des bassins, des pansements, des seringues, alors que flotte partout une odeur de pus et de sang, Jouvet rêve décors, éclairage, maquettes et nouveaux spectacles… Echange touchant que celui de ces deux hommes pris dans la tourmente de la guerre, qui cachent leurs émotions sous le masque de l’humour.Jouvet appelle Copeau « Mon bon patron ». Copeau le gratifie de « Mon petit » avec une affection toute paternelle.C’est d’ailleurs peut-être ce qui sera à l’origine de leur différend plus tard, le père devenant trop exigeant, voire tyrannique, et le fils en quête d’indépendance, voulant exister par lui-même…Un différend qui n'entâmera en rien leur feu sacré. Tous deux se dépenseront sans compter pour l'avènement d'un théatre moderne où le texte est roi et l'imagination sa reine.Festival de la Correspondance de Grignan4 rue de l'hôpital, 26230 GrignanTél. 04 75 46 55 83 - Du 1er au 6 juillet 2014