Face à Omicron, le monde de la culture redoute une nouvelle mise sous cloche
Face au durcissement des mesures sanitaires frappant certains de leurs voisins européens, et notamment la fermeture annoncée des salles de spectacle en Belgique à compter de dimanche, les professionnels français de la culture s'inquiètent. Le cauchemar va-t-il recommencer ?
Alors que la Belgique s'apprête à fermer ses salles de spectacle, les cinémas et théâtres français s'interrogent, même si "l'heure n'est pas encore à la panique". "Ça nous pend un peu au nez. Tous les signaux sont au rouge mais on espère pouvoir éviter une nouvelle fermeture", déclare à l'AFP Jean-Marc Dumontet, influent propriétaire de théâtres parisiens.
"On se demande combien de temps on va tenir"
"La tendance n'est pas bonne, on constate tous dans nos entourages que les cas se multiplient. On se demande combien de temps on va tenir", complète le directeur du Théâtre de la ville Emmanuel Demarcy-Mota, joint par l'AFP. Face à la flambée de cas de Covid-19, la Belgique a annoncé mercredi fermer, à compter de dimanche, ses salles de spectacle afin de tenter d'endiguer la propagation du variant Omicron, qui se répand partout en Europe, provoquant le désarroi des acteurs du spectacle. La Belgique rejoint ainsi les Pays-Bas, dont les habitants sont confinés depuis le 19 décembre - et les lieux de culture fermés, de fait.
Si pour l'heure le gouvernement français n'a pas prévu de nouvelles mesures de restrictions, le ministre de la Santé a prévenu mercredi qu'il fallait s'attendre à une explosion des cas dans les jours à venir. Une nouvelle flambée des cas qui ravive le traumatisme qu'a vécu le monde de la culture, contraint de baisser le rideau pendant sept mois entre octobre 2020 et mai 2021.
Pour autant, "l'heure n'est pas encore à la panique", assure, donc, Jean-Marc Dumontet. "Les équipes continuent de jouer, on ne va pas s'arrêter et on s'adaptera quoi qu'il se passe." Anticiper pour "reprendre la main sur le virus", c'est aussi la volonté d'Emmanuel Demarcy-Mota, qui tente d'ores et déjà de repousser des représentations, initialement prévues en janvier et février.
La grande inquiétude : la flambée des cas au sein des équipes artistiques
Mais à court terme, ce ne sont pas d'hypothétiques nouvelles mesures gouvernementales qui inquiètent le monde du spectacle vivant, mais la flambée des cas au sein des équipes, débouchant sur des annulations en série. Au théâtre Mogador, le spectacle Le Roi Lion, adaptation de la comédie musicale de Broadway, a suspendu ses représentations jusqu'au 31 décembre : "trop de cas de Covid-19 dans la troupe." Mercredi, le théâtre du Châtelet annonçait lui aussi devoir annuler plusieurs représentations de son spectacle Cole Porter in Paris.
En Angleterre, plusieurs salles de spectacle du West End, le quartier des comédies musicales, ont dû annuler des dates car des membres de leurs équipes étaient testés positives au Covid-19. Même scénario à Broadway, à New York. Des annulations d'autant plus préjudiciables pour l'équilibre économique de ces salles et des spectacles que le public se presse dans ces théâtres lors des fêtes de fin d'année.
Côté cinéma, des sorties de films d'ores et déjà reportées
Du côté des salles obscures, l'hypothèse de nouvelles restrictions inquiète. "Pour l'instant on ne sait pas, on est dans l'incertitude totale", déclare à l'AFP Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des exploitants de salles de cinéma. "On a des atouts qu'on n'avait pas avant, comme le vaccin et le pass vaccinal qui va arriver courant janvier. Tout ça fait que nos salles sont des lieux protégés", insiste-t-il.
Reste que ce climat d'incertitude peut aussi amener les distributeurs à repousser les sorties de leurs films, comme ils l'ont fait lors du confinement mais aussi après la réouverture des salles. Cette semaine, Gaumont a annoncé le report de la sortie de deux de ses films, dont celui de Franck Dubosc Rumba la vie (repoussé à août). Si la société de production n'a pas donné les raisons de sa décision, l'humoriste a confirmé jeudi sur Twitter qu'elle était due à la résurgence de l'épidémie de Covid-19 : "Le contexte sanitaire est trop lourd et le film trop important pour le sacrifier. On ne sait pas ce qui se passera fin août, mais bon..."
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