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Des idées en scène : Suzanne Césaire face au "Grand camouflage"
Suzanne Césaire (1915-1966) n’est pas connue à l’égal de son mari, le poète et homme politique Aimé Césaire (1913-2008). Pourtant, elle mérite de l’être pour son engagement et pour ses écrits politiques et poétiques, publiés en Martinique pendant la Seconde guerre mondiale. C’est ce que pensent Daniel Maximin qui a exhumé ses textes et Hassan Kouyaté qui en a fait une adaptation théâtrale.
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« Qu’est-ce que le désir ? Une passionnante catastrophe. » Le sens de la formule, un engagement politique, un sens de la place des penseurs de la négritude dans l’Histoire… Suzanne Césaire, telle qu’elle apparaît dans ses écrits avait tout pour devenir une intellectuelle de renom.
Elle a accompagné le trio Césaire-Senghor-Damas, les initiateurs du mouvement de la négritude lorsqu’ils étaient étudiants à Paris (elle a rencontré son futur mari à l'École normale supérieure). Communiste, elle fit cause commune avec son mari, le poète du Cahier d’un retour au pays natal. Après ses études, elle devient professeur de lettres à Fort-de-France.
Censure vichyste en Martinique
Entre les années 1941 et 1943, lorsque soufflait le vent de la répression vichyste dans l’île, les « dissidents » (résistants antillais) ont pris la mer et rallié les Britanniques. Les Césaire créent avec René Ménil la revue Tropiques, culturelle et surréaliste « pour dire non à l'Ombre » et s’interroger sur la place des Antillais dans le mouvement noir et leur rôle aujourd’hui (En 1994, les éditions Jean-Michel Place ont réédité l'ensemble des numéros dans un très beau volume que l'on recommande).
Souvent la plume de Suzanne Césaire use de métaphores pour tromper la censure. Elle dénonce l’aliénation de ses compatriotes insulaires, ce « grand camouflage » identitaire qui aime se réfugier derrière les masques de l’oppresseur. Elle n’est pas tendre pour eux ni pour le pouvoir en place, représenté par l’amiral Georges Robert, qui l’interdira en 1943.
Reportage France Ô Christian Tortel, Denis Rousseau-Kaplan, Raël Moine. Montage : Valérie Mochi. Mixage : Erik Zenatti.
Interviews : Daniel Maximin, écrivain ; Hassane Kassi Kouyaté, metteur en scène.
Trois belles comédiennes
Cette vivacité d’esprit est mise en évidence par les extraits choisis pour le théâtre du Tarmac à Paris, Suzanne Césaire, fontaine solaire, après la Martinique en décembre dernier lors du centenaire de sa, avant le festival Off d’Avignon en juillet prochain, au théâtre du Balcon. Les trois comédiennes incarnent avec conviction les propos des essais de Suzanne Césaire (Astrid Bayiha, Nicole Dogué et Martine Maximin).
Un théâtre documentaire utile mais inachevé
Hélas une mise en scène effacée ne permet pas toujours de distinguer les voix des textes ou les situations de l’époque. Ce théâtre documentaire ne va pas au bout de sa démarche. C'est néanmoins une belle tentative pour exhumer un patrimoine intellectuel trop méconnu.
Elle a accompagné le trio Césaire-Senghor-Damas, les initiateurs du mouvement de la négritude lorsqu’ils étaient étudiants à Paris (elle a rencontré son futur mari à l'École normale supérieure). Communiste, elle fit cause commune avec son mari, le poète du Cahier d’un retour au pays natal. Après ses études, elle devient professeur de lettres à Fort-de-France.
Censure vichyste en Martinique
Entre les années 1941 et 1943, lorsque soufflait le vent de la répression vichyste dans l’île, les « dissidents » (résistants antillais) ont pris la mer et rallié les Britanniques. Les Césaire créent avec René Ménil la revue Tropiques, culturelle et surréaliste « pour dire non à l'Ombre » et s’interroger sur la place des Antillais dans le mouvement noir et leur rôle aujourd’hui (En 1994, les éditions Jean-Michel Place ont réédité l'ensemble des numéros dans un très beau volume que l'on recommande).
Souvent la plume de Suzanne Césaire use de métaphores pour tromper la censure. Elle dénonce l’aliénation de ses compatriotes insulaires, ce « grand camouflage » identitaire qui aime se réfugier derrière les masques de l’oppresseur. Elle n’est pas tendre pour eux ni pour le pouvoir en place, représenté par l’amiral Georges Robert, qui l’interdira en 1943.
Reportage France Ô Christian Tortel, Denis Rousseau-Kaplan, Raël Moine. Montage : Valérie Mochi. Mixage : Erik Zenatti.
Interviews : Daniel Maximin, écrivain ; Hassane Kassi Kouyaté, metteur en scène.
Trois belles comédiennes
Cette vivacité d’esprit est mise en évidence par les extraits choisis pour le théâtre du Tarmac à Paris, Suzanne Césaire, fontaine solaire, après la Martinique en décembre dernier lors du centenaire de sa, avant le festival Off d’Avignon en juillet prochain, au théâtre du Balcon. Les trois comédiennes incarnent avec conviction les propos des essais de Suzanne Césaire (Astrid Bayiha, Nicole Dogué et Martine Maximin).
Un théâtre documentaire utile mais inachevé
Hélas une mise en scène effacée ne permet pas toujours de distinguer les voix des textes ou les situations de l’époque. Ce théâtre documentaire ne va pas au bout de sa démarche. C'est néanmoins une belle tentative pour exhumer un patrimoine intellectuel trop méconnu.
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