Dans "Victor", Eric Cantona joue au théâtre en famille
"Victor", pièce d'Henry Bernstein (1876-1953), dramaturge français à qui on doit entre autres "Mélo", repris au cinéma par Alain Resnais en 1986, brode sur le thème du triangle amoureux, mais sans égaler la profondeur du film de Resnais. Cantona y joue le mari, homme d'affaires au style aventurier, un rôle qui correspond bien à la prestance du "king Eric" et à sa faconde.
En face de lui, Grégory Gadebois (le merveilleux Charlie de "Des fleurs pour Algernon") incarne Victor, l'ami fidèle, amoureux de la femme de son copain au point d'avoir accepté de purger 11 mois de prison à sa place. On comprend vite que l'amitié des deux hommes dépasse de loin l'amour entre Victor et Françoise, et ... on s'ennuie un peu.
Cantona, un comédien engagé
La pièce, trop lisible, s'étire dans une mise en scène poussive qui ne parvient pas à la subtilité du "Mélo" de Resnais. Restent les performances d'acteur agréables, Cantona et son parler rugueux, Gadebois, dont on connaît le talent pour camper les garçons gauches et encombrés d'eux-mêmes. A deux reprises, lorsque les deux copains sont pris d'un fou rire complice, on entrevoit une grâce furtive, qui hélas manque au reste de la pièce.Eric Cantona a multiplié les rôles au cinéma depuis qu'il a raccroché les crampons en 1997.La star du football et enfant terrible du Manchester United, où il gagne son surnom de "King Eric", a même co-produit le film de Ken Loach "Looking for Eric", où il joue avec beaucoup de talent son propre rôle. Mais il n'a que peu joué au théâtre, avec le metteur en scène britannique Dan Jemmett ("Ubu enchaîné") et dirigé par Rachida Brakni à deux reprises, en 2010 dans "Face au paradis" et aujourd'hui dans "Victor".
Cantona est aussi connu pour ses engagements en faveur du logement ou de la Fondation Abbé Pierre. Invité à débattre avec les lecteurs du "Parisien" jeudi, il s'est déclaré prêt à héberger un réfugié et a jugé "ce qui se passe en France indigne d'une politique de gauche".
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