Aurélie Filippetti cosigne une pièce de théâtre sur la jeunesse
Et si le titre est interrogatif, on ne peut pas dire que cette pièce soit une réponse. Basée sur des témoignages de jeunes adultes, c'est plutôt un constat des difficultés, de la désillusion ou des absurdités qui ponctuent la vie de nos contemporains vingtenaires. Monde du travail, logement, famille, amours, tout y passe. Et les six comédiens incarnent, à travers un jeu assez conventionnel, des personnages complexes, aux prises avec ce monde qu'ils ne comprennent pas franchement.
« Ici tous les stagiaires sont appelés Stéphane, c’est plus pratique. T’imagines le casse-tête s’il fallait à chaque fois apprendre le prénom alors que les stagiaires restent, quoi, deux mois pas plus. »
Plusieurs tableaux sont ainsi dressés : un couple qui emménage, une colocation qui s'envenime, une jeune mécanicienne heureuse en alternance, et puis les stagiaires... Stéphane, Stéphane, Stéphanie, Stéphane et Stéphanie travaillent pour quelques semaines ou quelques mois encore dans une entreprise dont ils ignorent même l'activité. Une scène finale absurde et grinçante, la plus rythmée et la plus juste peut-être, car plus théâtralisée. Les acteurs s'en donnent à coeur joie, et le comique de répétition, bien que déjà vu, fonctionne parfaitement.
En effet si les situations et les dialogues, réalistes, font honneur à leurs auteurs, interrogés sur ce thème du passage à l'âge adulte, on ne peut pas en dire autant de la mise en scène. Assez poussive, sans surprise, elle oblige les comédiens à un peu surjouer, dans un genre passé de mode et un peu pompeux. Les apports vidéos, en particulier ceux tournés en direct, sont à l'inverse une vraie réussite.
Une pièce sympathique, qui manque un peu de relief, mais qui réussit à garder l'attention du spectateur par quelques textes forts, et un réalisme parfois troublant.
Extrait du texte d'Aurélie Filippetti : "Mon père, ma mère, pardon. Pardonnez-moi d’être ici face à vous ce soir ; pardonnez ce grand cri. Je ne vous en veux pas. J’ai besoin de vous. Ma famille. Vous y avez cru, vous, qu’il fallait leur crier des insultes au visage, mais vous en êtes revenus. Vous nous avez tout donné, vos espoirs déçus dans le monde, vous en avez fait un rêve d’avenir plus doux pour nous. Mais déjà vous saviez. Ce qui nous attendait. La crise elle ne date pas d’hier. 1973, et depuis le chômage. Vous saviez cela pour nous, ce risque. Les maisons où nous avions grandi, nous n’en aurions pas pour nous...Ils ont eu le tort de croire que l'on pouvait être parents sans être réactionnaires : il faut laisser la révolution aux enfants"
J’ai 20 ans qu’est-ce qui m’attend ? CRÉATION
Mise en scène :Cécile Backès
textes de François Bégaudeau, Arnaud Cathrine, Aurélie Filippetti, Maylis de Kerangal, Joy Sorman
Au Théâtre Ouvert
du mercredi 21 novembre au samedi 8 décembre 2012
En tournée 2012/2013
Création / 9, 10, 11, 12 octobre Espace Malraux - SN de Chambéry
16, 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27 octobre MC2 : Grenoble
13, 14, 15 novembre La Comédie de Saint Etienne - CDN
16, 17, 18, 19 janvier TAP'S - Strasbourg
23, 24, 25 janvier Le Carreau, Forbach - Scène nationale
29 janvier L'Agora – Scène Nationale d'Evry
15 février Commercy - OMA
19, 20 février Théâtre du Saulcy - Metz
22, 23 février Théâtre Ici et Là – Briey
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