Après Castellucci, c'est la pièce de Garcia, qui est la cible des intégristes
Dans un texte diffusé le 14 novembre et signé par le Parti de gauche, la CGT, le NPA, le PCF, Europe-Ecologie ou Attac, les défenseurs du Théâtre Garonne "dénoncent les tentatives de censure inacceptable" de la part de l'Institut Civitas, "des fondamentalistes chrétiens notoirement liés à l'extrême droite". Ils appellent la préfecture de la Haute-Garonne à mettre en oeuvre "les mesures qui s'imposent pour assurer le respect de la liberté d'expression". Civitas, qui réclame la déprogrammation de ce "spectacle révisionniste, haineux, christianophobe, insultant", prévoit des prières et des chemins de croix devant le théâtre tous les soirs et une manifestation nationale samedi.
La controverse sur Golgota Picnic devant le juge, réponse le 16 novembre
Devant le tribunal de Toulouse, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne (l'Agrif) a saisi le juge en référé pour obtenir en urgence l'interdiction de "Golgota Picnic". L'Agrif, qui se propose de combattre ce qu'elle appelle le racisme antichrétien et antifrançais, avait demandé au maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen et au préfet l'interdiction de la pièce. L'Agrif avait essuyé un refus du maire ainsi que du préfet, et s'est donc tourné vers la justice. Le tribunal administratif devrait statuer d'ici à mercredi en fin de matinée.
Golgota Picnic a déjà été joué à Madrid, aux Pays-Bas et en Autriche
Ce spectacle, qui met en scène une crucifixion polémique, a été joué dans d'autres pays. "La seule question que je trouve intéressante dans tout ça, c'est pourquoi ça (cette polémique) se passe en France. Le spectacle a été joué en Autriche, aux Pays-Bas, sans aucun problème. Il a été joué six semaines à Madrid, au Centre dramatique national qui est l'équivalent de la Comédie française, sans problème", s'insurge Bénédicte Namont, porte-parole du Théâtre Garonne.
Extraits de la pièce et interview (en espagnol) du réalisateur lors de son passage en Espagne
Réactions de l'Eglise
L'archevêque de Toulouse, Mgr Robert Le Gall, a lancé un appel à la mesure. "Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons: nous sommes sensibles avec eux à tout ce qui outrage notre foi. Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l'Église. Jésus n'a jamais demandé qu'on venge l'outrage qui lui serait fait. Il ne répond pas à la violence par la violence, mais par le pardon", dit le prélat.
"Golgota Picnic" "est un spectacle qui blesse", avait estimé jeudi Mgr Bernard Podvin, le porte-parole de la Conférence des évêques: "on ne peut pas ne pas être inquiet devant un spectacle de cette nature et notre réprobation est évidente", avait-t-il déclaré à l'AFP. "C'est un spectacle radicalement différent de la pièce de Romeo Castellucci, +Sur le concept du visage du Fils de Dieu+ et nous n'avions pas attendu que Civitas fasse cet amalgame intégriste pour exprimer notre réprobation dès le mois de septembre", ajoutait Mgr Podvin.
Civitas s'est déjà signalé par son action à Paris et Rennes contre une pièce de l'Italien Romeo Castellucci également blasphématoire à leurs yeux.
Présentation de la pièce "Sur le concept du visage du fils de Dieu" de Romeo Castellucci
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