A Lyon, François Marthouret fait vivre le Commis voyageur d'Arthur Miller
Mort d'un commis voyageur est un monument qui a valu à Arthur Miller le Prix Pulitzer en 1949. Un monument joué sur les scènes du monde entier tant il s'agit d'une histoire universelle.
La pièce raconte les dernières 24 heures de Willy Loman, représentant de commerce qui, après avoir fait les beaux jours de son employeur se retrouve licencié sans préavis ni ménagement. 24 heures pendant lesquelles sa vie défile sous nos yeux. Ses rêves d'une vie meilleure avec son épouse, ses espoirs placés en son fils Biff et ses affrontements cet enfant qui l'a tant déçu.
Claudia Stavisky a pris le parti d'installer le spectateur dans la tête de Willy et de faire ainsi apparaître et disparaître le décor (le monde réel) pour nous emmener le plus clairement possible dans le passé de Willy.
La maison des Logan est une figure métallique abstraite qui s'efface pour les flash backs.
Ce décor très épuré met en relief le jeu des acteurs. Et François Marthouret est impressionant. Lui qui doit alterner exaltation des rêves et fin des illusions fait passer toute la palette des émotions dans le verbe et la gestuelle. Il se grandit physiquement dans l'évocation des jours heureux où Biff était porteur d'espoir; il se "rétrécit", se "recroqueville" sous le poids de la désillusion et du désespoir.
François Marthouret est bien le pivot de cette famille, omniprésent point de convergence de l'admiration de sa femme, de la colère des ses enfants.
Arthur Miller aimait par dessus tout donner leur place aux gens simples et modestes. Hélène Alexandridis joue juste son personnage de Linda Loman. Elle passe avec aisance du soutien tendre et admiratif à son mari aux rapports verbaux violents avec ses fils.
Alexandre Zambeaux est un Biff tout en fureur face à ce père qu'il qualifie d'imposteur. Matthieu Sampeur (son frère Happy) modérateur des pulsions de Biff est d'un naturel assez étonnant.
Avec Mort d'un commis voyageur, Arthur Miller a décrit une situation qui reste, plus que jamais, contemporaine. Et ce sentiment est renforcé par le parti-pris de Claudia Stavisky. Pour la scène du licenciement, la maison 'transparente" des Loman laisse la place à un mur qui réduit la scène à un espace de 3 mètres maximum. On sait qu'en entrant dans cet univers soudain restreint Harry Loman va voir son horizon se rétrécir.
Et dans cet univers soudain réduit, Harry se retrouve confronté à une double et terrible réalité. Le jeune patron qu'il a en face de lui est déjà au fait des nouvelles technologies et n'a pas d'états d'âme. Dans cette histoire qui avance inexorablement et laisse sur le bord de la route ceux qui ne peuvent pas suivre, François Marthouret donne corps avec une force incroyable à cette incompréhension qui frappe Harry face à des règles du jeu qui ne sont plus les mêmes.
Mort d'un commis voyageur Théâtre des Célestins - Lyon
Jusqu'au 31 octobre puis en tournée
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