A la Comédie-Française, un fascinant Dom Juan, anarchiste avant l'heure
Loïc Corbery campe un Dom Juan qui mort la vie, provoque les dévots, avec toute l’insolence de sa jeunesse, qui pour Molière devait être celle du personnage, trop souvent joué ensuite par des hommes mûrs.
Dom Juan on le sait, ne croit en rien, ne respecte rien, un libertin mais aussi un anarchiste avant l’heure. Loïc Corbery fait ressortir toutes ces facettes là, avec un détachement, une froideur, une densité, magnifique de maturité. Tout cela dans une fuite en avant que personne et surtout pas Sganarel ne peut freiner.
Sganarel justement, le témoin affligé et terriblement attachant de cette tragi-comédie, est incarné par l’exceptionnel Serge Bagdassarian. Le comédien est un stradivarius qui joue sur toute la gamme du personnage, réjouissant de naturel et de modernité. Et bien entendu le public se régale de sa terreur et des situations délicates dans lesquelles Dom Juan le précipite, parlant pour ne rien dire, jusqu’à en manger littéralement son chapeau.
Le duo Corbery- Bagdassarian restera dans nos mémoires. Comme ces décors de Jean-Paul Chambas, qui évoquent des tableaux de maîtres. Derrière ce Dom Juan d’aujourd’hui un de nos meilleurs metteur en scène, Jean-Pierre Vincent, l’ancien administrateur de la Comédie-Française, qui se confirme comme un formidable directeur d’acteur. La moindre scène est frappante, le moindre petit rôle a sa force. Ce Dom Juan sonne à nos oreilles, comme absolument contemporain.
Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière
Mise en scène de Jean-Pierre Vincent
Théâtre Ephémère de la Comédie-Française, du 18 septembre au 11 novembre 2012
Jardins du Palais –Royal
0825 10 1680
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