A Gennevilliers, un casting de prestige pour la "Répétition" de Rambert qui porte bien son nom
"Répétition est un duel à quatre. Deux acteurs, un auteur, un metteur en scène… en répétition. Si on a bien compris, Audrey a noté une lueur dans le regard d’Emmanuelle et Denis, d’amour, de désir, de sentiment. Elle le leur reproche, et à Stanislas de n’avoir rien vu (chez Rambert, les personnages ont le nom de leurs interprètes). Ou peut-être sont-ils tous trois prisonniers des rêves d’Audrey. Le principe : un long monologue de chacun en direction des trois autres, en permanence sur scène, dans un décor de terrain de basket.
C’est Audrey Bonnet qui commence. En bon petit soldat elle suit à la lettre les indications de Rambert. Hurlante, gueulante, furieuse, furibarde. On ne sait pas très bien pourquoi, le texte ne l’explique jamais vraiment. Elle joue exprès sans souplesse, sans les pleins et les déliés de la vraie parole. Une barre d’acier de quarante minutes. Questions sur le langage, le statut d’acteur, l’image, la vérité d’être acteur –d'être un être humain. Questions certes essentielles mais ressassées, questions lassantes tant chacun passe son temps à déconstruire ce que l’autre a construit et inversement, de sorte que l'on finit complètement perdu. Tout sur le même ton. Du hurlement, de la violence, du « J’assène ». Et ça dure deux heures et demie.
Béart parle. Elle, on l'écoute, dans la vérité qu’elle fait passer, la modulation des sentiments, des mots, la respiration, le souffle et les silences : « Tout est mot ». « Nous vivons des fictions dans le crâne de ceux qui nous regardent » Et justement elle tente de faire en sorte que son texte, celui qu’elle transmet, soit compréhensible pour nous.
Podalydès est dans son rôle de grand acteur de théâtre. A l’écoute, sûrement, lui aussi, de son metteur en scène, dans le hurlement, le mezza voce, la nuance ou la caricature. Docile et parfait technicien. Il a la phrase la plus (involontairement) drôle : « Ce qu’il y a de bien avec les animaux, c’est qu’ils se taisent. Nous parlons trop ».
Nordey, grande clarté d’élocution, très péremptoire, très magistral (mais trop de gestes et cela tourne au tic). Il nous fait entendre des choses intéressantes dans sa volonté de reprendre, de réécrire, de récapituler….
Il y a dans « Répétition », pour récapituler à notre tour, des mots, des phrases, de belles formules. Quatre acteurs de haute volée. Mais nous en sommes sorti en étant bien incapable de vous raconter l'histoire. Et on ne vous cache pas qu'on s'est vraiment ennuyé.
A la fin une jeune gymnaste, Claire Zeller entre (nos quatre amis sont couchés sur le sol) Elle fait avec virtuosité et dans la pénombre de très jolies figures avec un bâton à ruban, une balle, un cerceau. On ne sait absolument pas pourquoi.
« Répétition » de Pascal Rambert au Théâtre de Gennevilliers
Jusqu’au 21 décembre et du 6 au 17 janvier 2015
41 avenue des Gresillons, Gennevilliers (92)
Tél : 01 41 32 26 10
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.