Mi-dragon mi-cheval et made in France, l'automate géant Long Ma enflamme Pékin
Haut de 12 mètres et lourd de 45 tonnes (soit le poids de huit éléphants adultes) ce "cheval-dragon" aux naseaux frémissants est à partir de vendredi matin au centre d'un spectacle en plein air, soigneusement chorégraphié.
Dans l'avenue longeant le stade olympique du "Nid d'oiseau", il s'engagera trois jours durant dans une ensorcelante confrontation, tantôt ballet tantôt bataille épique, avec un adversaire à sa mesure: une araignée automate de 37 tonnes, dont les longues pattes couvrent 20 mètres d'envergure.
Contrôlés chacun par une quinzaine de techniciens, positionnés sur leurs flancs et alentour, les deux colosses --mécaniques de bois et de métal-- se meuvent avec une surprenante aisance... au milieu même de spectateurs stupéfaits.
"C'est un vrai dragon"
Le Long Ma (nom en mandarin du cheval-dragon) "peut se dresser sur ses pattes arrières, sa queue remue, il peut galoper, et bien entendu, du feu sort de sa gueule : c'est un vrai dragon", s'exclame François Delarozière, directeur artistique de la compagnie française "La Machine", qui pilote le projet.
La créature a été acheminée par avion-cargo de France; alors que l'araignée est déjà mise en scène depuis plusieurs années par la firme nantaise, le cheval-dragon se produit quant à lui ici pour la première fois. Sa puissance motrice --quelque 250 chevaux sous la carapace-- n'a d'égale que son expressivité, de la fureur, les yeux rougeoyants, à la tendresse d'un battement de paupières.
Marionnettiste
"C'est l'art du marionnettiste, à grande échelle!", sourit Isa, manipulatrice assise près de l'encolure du dragon, et chargée d'imprimer leurs mouvements à la gueule et aux barbillons. Elle fait partie de l'équipe de 80 Français venus à Pékin pour mettre sur pied la performance -- la plus monumentale des manifestations culturelles célébrant cette année le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre Paris et Pékin. D'autant plus symbolique, qu'il fait le lien --selon le calendrier chinois-- entre une année du Dragon (1964) et une année du Cheval (2014)...
"Un cadeau de la France à la Chine"
Le cheval-dragon, "cadeau de la France à la Chine" financé par des mécènes, restera d'ailleurs dans le pays, après la fin de son tête-à-tête avec sa comparse arachnéenne, ont assuré ses créateurs. Pour le spectacle pékinois, les artistes nantais se sont librement inspirés de la légende chinoise de la déesse Nüwa, qui a créé l'humanité, avant de la sauver du chaos en réparant une brèche dans le ciel... et ils ont fait du Long Ma son émissaire sur la Terre.
"Notre cheval-dragon associe la vitesse et la vitalité de l'équidé à la puissance suprême du dragon, il incarne l'esprit de vigueur et de persévérance qu'on enseigne toujours aux écoliers chinois", soutient M. Delarozière.
Grand final dimanche
Neuf représentations distinctes sont prévues, successivement en plein jour et en soirée, à grand renfort d'effets spéciaux et d'ambiance de déluge, et la confrontation des titans s'achèvera dimanche en présence du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et de son homologue Wang Yi. Espérant que la pollution atmosphérique, endémique à Pékin, ne gâchera pas ce final féérique, les organisateurs s'en remettent à la magie du protagoniste pour conjurer le sort : "Ce cheval-dragon tout droit sorti de l'antiquité peut défier les éléments pour résorber une nouvelle brèche dans le ciel !", lance François Delarozière.
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