"Comme tu me veux" : un Pirandello ouvre magnifiquement la saison au Théâtre de l'Odéon
Jusqu'au 9 octobre, sur la scène de l'Odéon à Paris, "Comme tu me veux" de Luigi Pirandello, mis en scéne par Stéphane Braunschweig, enchante par son écriture, son intrigue et le jeu des comédiens.
L'intrigue se passe entre Berlin et la Vénétie après l'effroyable Grande Guerre de 1914. Ambiance années folles dans l'Allemagne qui se reconstruit. Elle, est danseuse dans un cabaret. Elle, c'est l'Inconnue qui n'a pas de nom mais affole les hommes. Jusqu'à ce qu'un italien de passage la reconnaisse : Lucia, jeune mariée portée disparue à la fin du conflit mondial au nord de l’Italie, dans une région occupée et dévastée par les troupes autrichiennes. Elle a été violentée par des soldats et depuis Lucia a disparu.
Entre polar psychologique et quête d'identité
Ainsi débute l'intrigue entre soupçons, souvenirs tragiques et écho historique. L'inconnue est-elle Lucia ? Son mari et sa famille ont-ils intérêt à la voir réapparaître? Sait-elle elle-même qui elle est? "Comme tu me veux" navigue entre polar psychologique et quête d'identité.
Qui est Lucia ?
A son retour dans ce qui serait sa maison de famille en Vénétie, avec son mari Bruno, l'Inconnue ne cesse de faire et défaire les certitudes et doutes sur son identité. Le récit résonne comme une impossible reconstruction après les tragédies de la guerre. Le spectateur veut savoir si elle dit vrai ou faux, mais il est surtout confronté aux terribles dégâts sur les hommes et femmes qui ont survécus à ce massacre qui a bouleversé l'Europe .
Stéphane Braunschweig met en scène sobrement le texte de Pirandello. Dans sa déclaration d'intention il décrit le personnage de l'Inconnue : "C'est (...) surtout quelqu’un qui dit : je ne peux exister que si je me reconstruis complètement à partir de rien, ou que si je me fais – littéralement – une autre. Ça touche à la folie ; et d’un autre côté, cela parle aussi du théâtre, de l’acteur, de l’actrice…"
Une énigme portée par Chloé Réjon
Sur la scène du Théâtre de l'Odéon, Stéphane Braunschweig a choisi la simplicité, une scénographie élégante mais inquiétante. Quelques archives vidéos noir et blanc rappellent le fascisme italien et les combats sanglants. Les personnages se débattent avec leurs démons dans des décors épurés. Leurs états d'âme, leurs inquiétudes, leurs malaises jusqu'à leur folie suffisent au drame. Et l'ensemble de la troupe, Chloé Réjon en tête portent merveilleusement l'écriture de Luigi Pirandello, entre noirceur et éclat de lumiere.
Qui saura qui est vraiment Lucia ?
"Comme tu me veux" au Théâtre de l'Odéon
Jusqu'au 9 Octobre
Place de l'Odéon, 75006 Paris
01 44 85 40 40
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