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Malgré la nomination d'un médiateur, la grève des intermittents se poursuit

Le gouvernement a confié à Jean-Patrick Gille une mission de dialogue avec les intermittents du spectacle, opposés à la future convention chômage réformant leur régime et qui menacent de perturber la saison des festivals. Le député PS d'Indre-et-Loire doit conduire un "dialogue avec toutes les parties concernées", dont les intermittents qui ont déposé un préavis de grève national pour juin.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le gouvernement a confié au député PS Jean-Patrick Gille une mission de dialogue avec les intermittents du spectacle (juin 2014)
 (IP3 PRESS/MAXPPP)
Les intermittents ont reconduit dimanche et pour 48 heures la grève qui paralyse le 28e Printemps des Comédiens à Montpellier depuis son ouverture mardi. La nomination d'un médiateur pour déminer la crise des intermittents, qui menace la saison des festivals, est "une brèche qui s'ouvre" mais qui, pour autant, "ne fait pas cesser le mouvement, au contraire", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la CGT spectacle, Denis Gravouil.

Les intermittents, soutenus par le monde du spectacle, ont encore fait grimper la tension pour obtenir du gouvernement qu'il ne signe pas la convention chômage qui réforme leur régime. Ainsi, ils ont reconduit samedi la grève commencée mardi à l'ouverture du 28e Printemps des Comédiens à Montpellier, entraînant l'annulation de six nouveaux spectacles. Ils ont occupé brièvement l'Opéra Bastille samedi soir à Paris, retardant la représentation de "La Traviata".

Plusieurs membres de la coordination nationale se sont succédé samedi soir lors d'une tribune publique en plein air, au Domaine d'O à Montpellier. "Les budgets sont en baisse, nous aurons de plus en plus de mal à faire nos heures (nécessaires pour bénéficier du régime d'intermittent du spectacle), a expliqué Samuel Churin, membre de la coordination Ile-de-France et porte-parole du mouvement. "Nous sommes de plus en plus nombreux à perdre nos droits et cette réforme amputera le pouvoir d'achat des intermittents de 50 à 300 euros par mois".

La convention chômage contestée doit être examinée le 18 juin par le Conseil national de l'emploi, avant une signature projetée fin juin par le ministre du Travail. "On sait qu'il y a une tension qui monte actuellement mais on n'est pas dans la situation de 2003", a dit sur BFM M. Gille, qui a été rapporteur en 2013 de la mission parlementaire sur les conditions d'emploi dans les métiers artistiques. "La gauche ne laisse pas tomber la culture. Je me bats pour préserver les moyens de la création. Si le ministère de la Culture a depuis deux ans participé à l'effort de redressement de nos comptes publics, il faut aussi prendre la mesure du poids de la culture pour l'activité économique et l'emploi", a réagi la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, dans les colonnes du Journal du dimanche.

La nouvelle convention chômage a été validée le 22 mars par les syndicats CFDT, FO, CFTC et le patronat (dont le Medef)

Elle prévoit des économies sur le régime d'indemnisation des techniciens et des artistes du spectacle. Le Medef est hostile à un régime qu'il juge trop favorable et trop coûteux et qui est à ses yeux une subvention déguisée à la culture. "Le but de la mission confiée au député Gille est de remettre un peu d'objectivité, de faire la transparence. L'accord prevoyait une concertation à l'automne, nous allons accélérer et la lancer dès cet été", a précisé à l'AFP un conseiller du Premier ministre.

M. Gille devra aussi "formuler des propositions pouvant répondre aux difficultés qui seraient -le cas échéant- identifiées à l'issue de cette analyse", selon Matignon. Le député devra en outre "proposer une méthode pour la concertation tripartite Etat-syndicats-patronat prévue par l'accord sur les moyens de lutter contre la précarité dans les secteurs concernés par les annexes 8 et 10". Le médiateur doit remettre ses propositions au gouvernement "sous 15 jours", a annoncé Matignon samedi.

Les intermittents du spectacle ne représentent que 3,5% des bénéficiaires des allocations chômage et 3,4% des dépenses de l'Unedic. Mais ils sont traditionnellement plus mobilisés que les chômeurs et défendent leur régime spécifique. Celui-ci compense la précarité attachée aux métiers de la culture, en échange de cotisations deux fois plus élevées que dans le régime général.

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