Cet article date de plus de huit ans.

Le projet de Cité du Théâtre à Paris en trois questions

La "Cité du théâtre", qui verra le jour en 2022 Porte de Clichy si le projet survit aux échéances électorales, a été présentée mercredi par le ministère de la Culture et quatre institutions phares, l'Opéra, la Comédie-Française, l'Odéon et le Conservatoire national d'art dramatique, qui en ont livré les détails.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une future cité du théâtre sur le site Odéon-Ateliers Berthier
 (Thierry Depagne/Odéon)

A quel endroit ?

La Cité sera aménagée sur le site historique des Ateliers Berthier conçu par Charles Garnier en 1895. Les bâtiments imposants situés Porte de Clichy dans le 17e arrondissement abritent depuis 1898 des salles de décors et de peinture, une salle de répétition de l'Opéra et, depuis 2003, la deuxième salle du théâtre de l'Odéon (480 places).
Les ateliers Berthier à Paris où le ministère de la Culture projette d'installer une Cité du Théâtre
 (Nicolas Kovarik / IP3PRESS / MAXPPP)
                
L'implantation de la Cité du Théâtre dans ce quartier en pleine mutation (construction de la Cité judiciaire, prolongation du tramway et de la ligne 14 du métro) déplacerait l'offre culturelle vers le nord moins favorisé du Grand Paris, comme avec la Philharmonie ouverte Porte de Pantin. "C'est un projet d'avenir collectif qui fédère", a souligné la ministre de la Culture Audrey Azoulay.

 A quoi ça sert ?

Le projet répond aux besoins de quatre grandes institutions.
- La Comédie-Française, qui rêve depuis les années 1970 d'une salle moderne pour des mises en scène innovantes ou pour le répertoire contemporain, ouvrirait deux nouvelles salles, de 600 et 250 places. Le site remplacerait à terme le Studio Théâtre, au Carrousel du Louvre, qui coûte très cher, et le Vieux Colombier dans le 6e arrondissement.
 
Son patron Eric Ruf a ranimé le projet en démarchant inlassablement ses partenaires et le gouvernement depuis son arrivée en 2014 à la tête de la maison de Molière. Il garde en mémoire la "Phèdre" de Patrice Chéreau, où il jouait Hippolyte, donnée en 2003 aux Ateliers Berthier dans une mise en scène innovante qui n'aurait pas été possible dans la salle historique à l'Italienne de l'Odéon.
 
Il voit aussi dans l'installation de la Comédie-Française Porte de Clichy l'occasion de gagner un nouveau public, qui n'oserait pas forcément pousser la porte de la Salle Richelieu.
 
- L'Odéon
Déjà présent sur le site avec une salle, l'Odéon disposera dans le projet de bureaux, de loges, et installera sa bibliothèque dans un centre de ressources commun avec celles de la Comédie-Française et du Conservatoire.
 
- L'Opéra
Son directeur Stéphane Lissner accepte de quitter le site et de rapatrier les ateliers de décors, peinture et stockage à Bastille à condition de construire enfin la grande salle modulable du projet Bastille abandonnée en 1986, soit un coût estimé de 60 millions d'euros.
 
- Le Conservatoire national d'art dramatique
Il dispose dans le 9e arrondissement de locaux jugés "inadéquats" et espère s'installer Porte de Clichy sur 4.700 m2, soit quatre salles de travail pouvant accueillir du public, 7 classes, un atelier de construction, une cantine et des bureaux. La cohabitation avec la Comédie-Française et l'Odéon offrirait aux élèves une ouverture précieuse sur la profession. 

Combien ça coûte ?

Les premières études estiment le coût global de l'opération à 150 millions hors taxes (dont 60 millions pour la salle modulable de l'Opéra Bastille). Le site de 20.000 m2 au total abriterait aussi un restaurant et accueillerait 200.000 spectateurs par an avec plus de 600 représentations dans ses
différentes salles.
 
La Cité du Théâtre, seul grand projet culturel lancé pendant le quinquennat de François Hollande, dépend toutefois de la volonté de ses successeurs : le projet court sur les deux prochains quinquennats pour aboutir en 2022-2023.
 
Le directeur de l'Opéra de Paris Stéphane Lissner souligne que le coût "n'a rien à voir avec la Philharmonie de Paris" dont la dérive budgétaire a été épinglée par la Cour des Comptes. "Il s'agit de montants raisonnables. Remettre en question ce projet, qui correspond à des besoins forts de quatre grandes institutions, me paraît plus que difficile", estime-t-il. "L'affiche est tellement belle que je suis persuadé qu'on ira jusqu'au bout", lance pour sa part Eric Ruf.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.