Le festival de théâtre de rue d'Aurillac fête ses 30 ans "en famille"
Plus de 100.000 spectateurs sont attendus pour cette édition qui a invité une vingtaine de compagnies françaises et étrangères, avec présentation de huit créations. En marge de la programmation, près de 600 compagnies se produiront dans les rues, squares et cours de la ville, un record.
Reportage : V. Riffard / L. Pastural / L. Ribes
A la fois une anthologie et un panorama des scènes de rue d'aujourd'hui
"La programmation 2015, c'est à la fois une anthologie et un panorama du théâtre de rue d'aujourd'hui, avec des artistes de moins de 30 ans et d'autres de plus de 65 ans, qui sont toujours sur la route", explique le directeur du festival, Jean-Marc Songy. Du 19 au 22 août, le festival s'attachera à "transmettre" à travers plusieurs générations d'artistes un mouvement théâtral "ouvert à toutes les formes d'expression". Il lui faudra aussi "réfléchir à son avenir" dans un contexte de baisse des subventions et d'attaques sur la liberté d'expression, selon le directeur du festival."On a une bataille à mener sur le maintien de l'art dans l'espace public. (...) On est à deux doigts d'un retour en arrière, d'une régression pour des raisons de durcissement moral", prévient-il. A l'image du personnage de son affiche de l'édition 2015, qui tient un drapeau blanc dans la main, la manifestation, qui est l'une des plus importantes en France avec celle de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), invite à "faire une trêve".
"Stop ! Si on prenait le temps de parler, de respirer, d'accepter nos ifférences. Si on essayait aussi de réfléchir, d'être inventif pour ces 30 ans ?", décrypte Jean-Marc Songy qui promet encore cette année "une aventure intranquille et pagailleuse".
Fête des couleurs
Au programme du cap de la trentaine, une ouverture enflammée de la compagnie Carabosse qui invitera le public dans sa "Veillée d'âmes" et illuminera de mille feux le vieil Aurillac le temps d'une soirée le 18 août. Dans "Tripe(es) ou mes parents n'ont pas eu les couilles de faire des enfants", la jeune compagnie Alixem invitera littéralement le public à la table d'un banquet familial et libertaire où les tabous et secrets de famille voleront en éclats, sans retenue.D'autres nouveaux noms feront aussi leur apparition comme la Compagnie sous X et son road-movie "No visa for this country" autour de l'énigmatique disparition de Jeanne, une jeune femme coiffée d'un chapeau de cow-boy. Dans "Naufrage", la compagnie Kumulus s'inspirera du "Radeau de la Méduse" de Théodore Géricault autour des thèmes de la consommation, de la mondialisation et de l'immoralité. Avec "Color of Time", Artonik abordera la question de la diversité et du métissage en réinventant la Holi, la fête traditionnelle hindoue, qui célèbre l'arrivée du printemps en Inde, et conviera les spectateurs à explosion de couleurs, qui les laissera sans nul doute multicolores.
Autre compagnie dont le réputation n'est plus à faire : Cacahuète et son inusable spectacle "L'enterrement de Maman", qui invitera à une improbable ballade au cours de laquelle une vraie-fausse famille arpente les rues pour se débarrasser d'un encombrant cercueil.
Du côté des créations étrangères, les Anglais du Wired Aerial Theatre livreront un spectacle combinant danse aérienne et projection vidéo, avec en toile de fond une analogie sur le réchauffement climatique. Dans la rue se nichera également un Parlement éphémère, celui du Théâtre de l'Unité, l'un des pionniers du théâtre de rue. Cette assemblée populaire et poétique édictera avec les spectateurs des lois qui seront ensuite remises à tous les candidats de la présidentielle de 2017.
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