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Quel destin pour les cafés-théâtres lyonnais, cette pépinière d'humoristes ?

Comptant une quinzaine de cafés-théâtres, Lyon est bel et bien la capitale du genre. Lieu de convivialité et de légèreté sans égal, le café-théâtre est apprécié depuis son apparition dans la ville aux alentours des années 1970. Révélatrices de grands talents, ces petites salles intimes sont aujourd'hui fragilisées et les gérants comptent beaucoup sur la période de fin d'année.
Article rédigé par franceinfo - Rose Azaidj Bonafin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le Boui Boui , un des plus célèbres cafés-théâtres de Lyon
 (GUIZIOU Franck / Hemis)

SI tout le monde connait les adresses des cafés-théâtre parisiens, la ville de Lyon n'est pourtant pas à prendre à la légère. Ou plutôt si. Les rues lyonnaises regorgent de ces endroits atypiques où tout humoriste en herbe rêve de se produire dans l'espoir de devenir le Coluche des temps modernes.Toutefois, les cafés-théâtres lyonnais sont aujourd'hui mis à rude épreuve, traversant une crise économique des plus difficiles. 


Reportage : France 3 Rhône-Alpes / S. Valsecchi / C. Cherry-Pellat / G. Bessaa

Le café-théâtre ou l'histoire d'un humour qui se rit des conventions 

Boire un café devant un spectacle humoristique. Quoi de plus sympathique ? Mais cette impression de légèreté cache en réalité des revendications loin d'être frivoles. La révolution culturelle de mai 68 apporte une nouvelle conception de l'art théâtral. Inspirée par ce vent de rébellion, une série de nouvelles compagnies voit le jour et promeut un théâtre innovant aussi bien en terme économique qu'artistique. C'est l'essor de nouveaux lieux où acteurs et spectateurs sont liés, où les places sont pratiquement données et où les scènes laisse une grande part à l'improvisation. Le café-théâtre est né. Une liberté artistique dont témoignai en 1970 l'un des huit membres de la fabuleuse troupe du "Café de la Gare", Romain Bouteille ...

Si Paris est une place importante de la scène humoristique, Lyon a toujours été une place de choix pour les comédiens. Le spectacle comique n'a jamais cessé de régner dans la ville qui compte encore aujourd'hui de fameux établissements comme le "Boui Boui", le "Nombril du Monde" ou "le Rideau Rouge". 

La pépinière de grands comédiens

Coluche, Josiane Balsko, Miou-Miou, Henri Guybet, tous ont fait une carrière exceptionnelle après avoir débuté dans des cafés-théâtres. Révélateur de grands talents, le café-théâtre apparait comme un véritable tremplin pour les jeunes comédiens en quête de succès. Les gérants de ces lieux d'avant-garde en sont fiers, à l'image de Stéphane Casez, patron entre autres du Boui Boui. Il y affiche fièrement les posters de Florence Foresti, Stéphane Guillon ou de Jonathan Lamber. Autant de personnalités aujourd'hui de premier plan qu'il a produites à leurs débuts. L'idée d'avoir pu être au plus près des potentielles célébrités de demain, voilà ce qui émoustille les spectateurs. En témoigne cette habituée du "Boui Boui" qui l'affirme : "Il y 'a une interaction...on est vraiment proche, c'est bien !" 
 

  (France3/Culturebox)


La proximité

Une proximité qui fait mouche mais c'est surtout l'humour café-théâtre qui attire le public. Souvent décalés, parfois même provocateurs, les comédiens en scène se distinguent par une profonde liberté artistique et parlent de manière légère des questions d'actualité. " C'est le côté subversif, un peu déchirant. C'est ce qu'on attend: être bousculé et découvrir" explique un spectateur. Et du nouveau, il y'en a à foison ! La dernière en date ? Une certaine Thaïs qui chante son "Hymne à la joie" cinq soirs par semaine sur la scène du "Boui Boui". Les figures nationales n'oublient pas non plus ces planches où elles ont connu leur premier succès. Le festival annuel "Juste pour Lyon", l'émanation du festival québécois "Juste pour rire", se fait en collaboration avec une dizaine de cafés-théâtres lyonnais qui accueille les célébrités qu'elle a révélées.

Une économie fragile 

Le phénomène internet a profondément bouleversé la scène artistique et il touche en premier lieu les petites salles. Les cafés-théâtres ont donc pris cette vague numérique de plein fouet. La crise les affaiblit profondément. Jusqu'à parfois les forcer à baisser des prix qui étaient déjà très bas. Avec parfois des places à seulement 5 euros, ils proposent même des invitations tant la situation économique du secteur est fragilisée. Le mois de décembre est donc crucial pour les gérants de cafés-théâtres car c'est à cette période de l'année qu'ils connaissent leur plus grande fréquentation. Comptabilisant parfois 15% de leur chiffre d'affaire annuel pendant les fêtes, l'avenir du café-théâtre est très incertain et la concurrence reste rude. Entre ouverture et fermeture voire réouverture, Lyon se porte garante de cet humour populaire. Mais pour combien de temps ? 

Des spectateurs au "Boui Boui"
 (France3/Culturebox)

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