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Grignan : quand Baudelaire mettait ses maux en mots à sa mère

Un choix cornélien s’offre à nous en ce 3 juillet surchauffé. Irons-nous écouter les textes de René Char magnifiés par la musique de Monteverdi ? Ou bien prêterons-nous l’oreille aux lettres de Mario Vargas Llosa, lues par Patrick Poivre d’Arvor ? Finalement nous irons du côté de Baudelaire, avec ce si joli titre : "Les maux en fleurs. Lettres à sa mère".
Article rédigé par franceinfo - Hélène Prono
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vladimir Hugot et Alexandre Ruby dans "Beaudelaire: les maux en fleurs. lettres à sa mère
 (M.Baqué)

L’histoire commence devant un pupitre d’écolier. L’élève Baudelaire écrit une lettre à sa mère. Une de plus. Encore une fois l’élève Baudelaire n’a pas bien travaillé, il se confond en excuses, se traite de lâche et de paresseux, demande pardon…

  (Léopold Baqué)

Durant toutes ses années de collège, le scénario se répète, immuable. Baudelaire supplie sa mère de ne pas désespérer de lui. Il prend de fermes résolutions. Oui, c’est sûr, cette fois-ci elle sera fière de lui. Mais les punitions pleuvent. Charles est doué, mais selon le proviseur, ses dispositions sont gâtées par un mauvais esprit. Comme en écho à cette litanie, résonne la voix de Charles adulte, ses vers inoubliables, ses vers sombres, comme s’il puisait sa poésie dans un puits obscur et profond. 

Car Baudelaire ne s’est jamais remis de cette enfance malheureuse, éloigné d’une mère qui restera toujours le grand amour de sa vie. Rien, ni son train de dandy, ni son amour passionné pour Jeanne Duval ne le consoleront de cette peine première et définitive. Car sa mère, remariée en seconde noces avec un général qu’il déteste, lui échappera toujours. Une mère idéalisée, une mère fantasmée, qu’il enfouira dans le tréfonds de son imaginaire. « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille » écrit-il.
 
  (Léopold Baqué)

Pourtant, si noire soit-elle, la poésie de Baudelaire coule, éclate, jaillit. Arthur Rimbaud dira de lui « C’est un dieu ». Ainsi se réalise pleinement ce que Baudelaire prophétise sur lui-même : « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or ». Aurait-il composé les mêmes poèmes s’il avait entrepris une psychanalyse ? La question n’est pas saugrenue.

En tout cas pas à Grignan où l’on manie tous les genres. Pour preuve : le café littéraire animé par Lydia Flem dans la cour des Adhémar. Psychanalyste et écrivain, elle nous livre un portrait inattendu de « L’homme Freud ». Un homme qui a littéralement vécu la plume à la main puisqu’on recense pas moins de 20 000 lettres écrites par lui ! Freud pense en écrivant, et il écrit en pensant. Bref, sa correspondance est une mine d’informations qui a beaucoup à nous apprendre.

Si le coeur vous en dit, dépêchez-vous de courir à Grignan.

Le festival de la correspondance de Grignan
Jusqu'au dimanche 5 juillet 2015
 

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