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Trisha Brown, la grande chorégraphe américaine, est décédée

La chorégraphe américaine Trisha Brown, grande figure de la danse contemporaine, est décédée samedi au Texas à l'âge de 80 ans, a annoncé lundi la compagnie qui porte son nom. Cette pionnière de la "post-modern dance" née aux Etats-Unis dans les années 60 était malade depuis plusieurs années, mais son aura restait intacte.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La chorégraphe Trisha Brown en janvier 2005 à Paris.
 (Jacques Demarthon / AFP)

Pour rendre hommage à Trisha Brown nous vous proposons de regarder en replay son ballet "O złożony, O composite" avec Aurélie Dupont, Nicolas Le Riche et Jérémie Bélingard.
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Une chorégraphe avant-gardiste

"C'est avec une immense tristesse que nous vous annonçons que l'artiste Trisha Brown, née en 1936, est décédée le 18 mars à San Antonio, au Texas, au terme d'une longue maladie", a écrit dans un communiqué publié sur Twitter la compagnie Trisha Brown.

Sa compagnie salue "une des chorégraphes les plus acclamées et influentes de son époque", dont le travail "avant-gardiste a changé pour toujours le paysage artistique".

Une tournée majeure de la compagnie Trisha Brown, fondée en 1970, ces deux dernières années à Paris, Lisbonne, Francfort, New York et Seattle avait attiré un vaste public.

Une tête chercheuse de la danse contemporaine

Née le 25 novembre 1936 à Aberdeen, dans l'Etat du Washington (nord-ouest), Trisha Brown, arrive à New York en 1961 et rejoint rapidement le Judson Danse Theater, qui tire son nom d'une ancienne église à New York où s'épanouit la créativité d'une foule d'artistes (les chorégraphes Yvonne Rainer, Steve Paxton, les musiciens Terry Riley, La Monte Young).
 
Ce collectif de danseurs, compositeurs et plasticiens, situé dans le quartier de Greenwich Village, cherche à rompre avec les règles traditionnelles de la danse moderne, qu'il juge trop codifiée.
 
Trisha Brown fonde en 1970 sa propre compagnie à partir de laquelle elle va pendant quarante ans explorer toutes les voies de la danse contemporaine, marquée par l'improvisation et les expérimentations.

Véritable tête chercheuse, Trisha Brown est connue pour ses innovations dans le courant postmodern dance. Elle a aussi été une des premières à sortir la danse des lieux de représentation traditionnels, en donnant ses chorégraphies dans des lieux insolites, urbains ou naturels, sur les toits, sur des radeaux sur l'eau, dans des galeries, dans la rue...

Une scène de l'opéra "Pygmalion" de Rameau dirigé par Trisha Brown à Aix-en-Provence en 2010. 
 (Gérard Julien / AFP)

Une danse qui "envoie valser la stricte géométrie des corps"

Sa danse exigeante est faite d'un enchaînement rapide de mouvements des bras et des jambes, mais aussi du cou et de la tête. Beaucoup ont comparé sa danse au mouvement de l'eau ou d'une onde, qui se répercuterait continuellement dans tout le corps.

Sa danse est "lisible, articulée, verticale, toujours piquée par des sautes d'humeur, des coups de tête en avant et de hanches sur le côté qui envoient valser la stricte géométrie des corps", écrivait en 2013 la journaliste spécialiste de la danse Rosita Boisseau dans "Le Monde".

Radicale, Trisha Brown fait danser sa compagnie sans musique durant dix ans avant de s'ouvrir à des compositeurs.  Elle s'aventure également dans le monde de l'opéra et du jazz, de même que celui de la capture de mouvements par ordinateur.
 
Elle dansera elle-même jusqu'à 71 ans, en 2008, tirant sa révérence à l'occasion du spectacle "I love my robots".

Dans les années 2000, elle a beaucoup travaillé en France à la mise en scène d'opéras, faisant danser les chanteurs, notamment à l'Opéra de Paris, au Théâtre national de Chaillot et au Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence.

 

Aurélie Dupont se souvient de Trisha Brown

Trisha Brown avait créé pour l'Opéra de Paris "O Composite", en 2004, pour les étoiles du ballet Nicolas Le Riche, Manuel Legris et Aurélie Dupont. Cette dernière, devenue directrice du ballet de l'Opéra, se souvient qu'elle "avait beaucoup d'humour et était fascinée par la danse classique".
 
"Elle m'avait demandé de lui montrer mes pointes. Elle n'avait jamais vu ça de sa vie, elle avait éclaté de rire quand je lui avait montré toutes les possibilités" qu'elles offraient.
 
"Fluide" était l'adjectif qui revenait le plus souvent à propos de ses pièces. "Je me souviens qu'elle disait tout le temps +release+, il faut lâcher. Ce n'est pas une chorégraphie qui contrarie le corps ni les muscles, c'est une danse naturelle, ou qui le parait, car c'est très travaillé, très graphique", témoigne Aurélie Dupont.

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