"Robot !" de Blanca Li : ce ballet dont les robots sont danseurs étoiles
NAO mesure 58 centimètres, il porte une combinaison de travail d’un joli bleu gris, ses yeux sont rouges, ses « cheveux » (une coque sur sa tête blanche) sont bleus et grâce à ses 9 capteurs tactiles et à ses 25 articulations, il smurfe et break-dance comme un vrai hip-hopeur. C’est une sorte de E.T. joyeux, qui fait le bonheur des petits (assez nombreux dans la salle, et ravis d’y être) et des grands, tout prêts à l’adopter.
D’ailleurs, NAO et ses camarades seront nos compagnons (pense Blanca Li) dans un futur… futur, apprivoisés, sympas comme tout, pas du tout un truc qui fait peur comme Goldorak (je dis Goldorak car il y a une danse de Goldorak orange, rouge, gris, bleu et jaune, devant NAO surpris : c’est un peu David et Goliath…).
Mais NAO a beau être très mimi et faire des mouvements incroyablement agiles (pour un robot), on finit par se croire devant un petit phénomène de 5-6 ans qui, dans une réunion familiale, nous imite Michael Jackson ou un break-danceur de Mourad Merzouki. Ça lasse un peu. Blanca Li en est si consciente qu’elle se creuse la tête pour relancer son spectacle (qui doit, vu les exigences des théâtres privés, durer raisonnablement au moins une heure et demie alors que l’affaire aurait pu être pliée en une petite heure).
Donc, malgré un joli passage où nos robots dansent à l’unisson, il lui faut faire appel à de vrais et bons danseurs de sa compagnie, quatre filles, quatre garçons. Très jolie séquence entre NAO et Gaël Rougegrez où, grâce à celui-ci, s’installe une vraie tendresse. Beaucoup moins réussi, l’épisode, d’un burlesque pesant, où NAO tente de séduire Margalida Roig… Et la « vraie » danse reprend ses droits. A la Blanca Li, bras pliés, sauts en biais, torsions des bustes. Beaux moments, au début, où les huit sont à l’unisson dans une chorégraphie unisexe (de robot ?). Superbes images, vers la fin, quand, grâce à des éclairages presque holographiques, les corps, décomposant les mouvements, deviennent robots devant les robots immobiles.
Les hommes sont mieux utilisés, dans leur énergie ou leur féminité (le pas de deux de Yann Hervé portant Gaël Rougegrez jambe à l’équerre, les sauts façon capoeira de Yacnoy Abreu), les filles, elles, sont un peu laissées en plan ou caricaturales dans une certaine hystérie latino. « Robot » devient peu à peu une succession de séquences sans suite, pas toujours passionnantes du point de vue chorégraphique.
Très emblématique, la journée en accéléré des humains agités comme des robots, bien construite et pleine d’énergie mais souvent vue. Au point qu’on se demande si les danseurs et les compagnons de NAO ont tant de choses que cela à partager. Tableau final, où tout le monde court partout: si bien (cette fois) mis en scène qu’on s’aperçoit tout à coup que les danseurs ont disparu sans qu’on sache comment. Ne restent que les robots, NAO, ses camarades et ses musiciens, baignés d’une magnifique lumière jaune : ils ont une présence incroyable, ils occupent parfaitement l’espace. Ils sont très applaudis par les humains de la salle.
Voir notre Live en Replay de "Danse avec les Robots" au Mac à Créteil
Robot ! au Théâtre des Champs-Elysées jusqu'au 5 janvier 2014
15 avenue Montaigne
75008 Paris
Tél. 01 49 52 50 50
De 25 à 58 euros la place
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