Opéra de Paris : l'ex-danseur étoile José Martinez nommé directeur de la danse
Après Aurélie Dupont, partie en juillet dernier, c'est de nouveau un pur produit de la maison qui est nommé à la tête de la compagnie de 154 danseurs.
Fin du suspense à l'Opéra de Paris : l'un de ses anciens danseurs étoiles, l'Espagnol José Martinez, a été nommé vendredi 28 octobre directeur de la danse, quatre mois après la démission surprise d'Aurélie Dupont. Il prendra ses fonctions le 5 décembre 2022, quelques jours après la première de son ballet à Tallinn en Estonie. Il saura "assurer la stabilité, le rayonnement et l'excellence du ballet de l'Opéra national de Paris", a indiqué dans un communiqué le directeur de l'institution, Alexander Neef.
@aneef_opera, Directeur général, a le plaisir d’annoncer la nomination de José Martinez au poste de Directeur de la danse. Il prendra ses fonctions à partir du 5 décembre 2022.https://t.co/hzVlsXKKyu pic.twitter.com/uVhbKTBknH
— Opéra de Paris (@operadeparis) October 28, 2022
Quête de stabilité à la direction du Ballet de l'Opéra
Mais contrairement à l'ancienne danseuse étoile qui n'avait, à sa nomination, aucune expérience dans la direction, l'Espagnol de 53 ans a été pendant huit ans directeur de la Compagnie nationale de danse d'Espagne. José Martinez assurera la "stabilité" du ballet de l'Opéra de Paris, est-il dit : le choix du mot ne semble pas anodin, après les turbulences traversées par le Ballet de l'Opéra ces huit dernières années depuis le départ de Brigitte Lefèvre (1995-2014).
Son successeur, le chorégraphe Benjamin Millepied, a claqué la porte juste un an plus tard, pour se consacrer pleinement à sa carrière artistique. Lui a succédé, en 2016, Aurélie Dupont, l'étoile la plus connue de sa génération. Mais cette star du ballet fera face au début de son mandat à un sondage interne explosif des danseurs, mettant en cause son manque de dialogue.
Avec "l'adhésion des danseurs et des équipes"
José Martinez a affirmé, dans le communiqué vendredi, vouloir défendre "un projet qui maintiendra la compagnie au sommet de son art et en fera un ballet exemplaire dans ses engagements artistiques, humains et sociétaux". "J'y travaillerai en recherchant la meilleure cohésion entre toutes les forces vives de la maison et en obtenant l'adhésion des danseurs et des équipes de l'Opéra de Paris", a-t-il ajouté. Lors d'un point de presse au Palais Garnier, José Martinez a qualifié sa rencontre avec les danseurs en matinée d'un "moment fort d'émotion". "Je leur ai expliqué vouloir être complètement disponible pour eux, installer une relation de confiance et faire un suivi de plan de carrière de chacun".
Si en Espagne, la compagnie compte une cinquantaine de danseurs, il va devoir gérer 154 danseurs à l'Opéra. Même s'il dit "revenir en terrain connu", il fera face à une génération assez différente de la sienne : très présente sur les réseaux sociaux et surtout, pour une partie d'entre eux, avec un désir plus marqué pour le contemporain, voire le moderne, que pour la danse académique. Cela s'est reflété dans la programmation d'Aurélie Dupont qui a fait appel à des chorégraphes, certains inconnus, pour des oeuvres très contemporaines. Ces dernières années, "il a manqué un peu plus de créations à vocabulaire classique", a-t-il dit, affirmant vouloir des "oeuvres avec des dramaturgies qui traitent de sujets actuels et des chorégraphes qui s'intéressent à l'évolution de la danse classique". Désireux de discuter d'éventuels changements avec les danseurs, José Martinez a assuré ne pas avoir "de problème d'égo": "Je ne viens pas pour imposer les choses".
Une technique raffinée
Danseur noble par excellence, élancé, avec une technique raffinée et une incarnation élégante des rôles de princes, José Martinez était l'un des danseurs de l'Opéra parmi les plus primés. Né à Carthagène en Espagne en 1969, il est formé dans son pays au départ avant d'intégrer l'Ecole de danse de l'Opéra de Paris en 1987. Un an plus tard, il rejoint le Ballet de l'Opéra à 19 ans et monte en grade jusqu'à obtenir le titre suprême d'étoile le 31 mai 1997.
Traditionnellement, le directeur de l'Opéra choisit lui-même le directeur de la danse mais Alexander Neef a préféré cette fois-ci s'appuyer sur un comité de sélection, présidé par Bernard Stirn, président honoraire du Conseil d'administration de l'Opéra et composé des chorégraphes Carolyn Carlson, Angelin Preljocaj et l'ex-danseur de l'Opéra Charles Jude.
Les rumeurs bruissaient depuis plusieurs semaines au sujet des possibles successeurs, avec des "shortlists" comprenant les noms de nombreuses anciennes étoiles mais aussi des "outsiders". "Au total, 23 candidatures ont été recueillies, dont 9 femmes et 14 hommes. Sur l'ensemble des candidats, 11 étaient de nationalité française et 12 de nationalité étrangère", a indiqué le communiqué de l'Opéra. "Le comité de sélection a auditionné 8 candidats et a rendu ses recommandations au directeur général de l'Opéra de Paris, qui a décidé d'en auditionner quatre (deux femmes et deux hommes)", a précisé l'institution, sans dévoiler leur identité.
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